L'Amour et les Forêts (2023) de Valérie Donzelli

6ème long métrage de Valérie Donzelli depuis "La Reine des Pommes" (2009) et après "Notre Dame" (2019). Après des comédies ou des drames plus ou moins légers et/ou optmistes la cinéastes abordent cette fois le drame plus frontalement en épousant un style thriller psychologique. Elle adapte le roman éponyme (2014) de Eric Reinhardt, prix Renaudot des lycéens. La réalisatrice-scénariste co-signe son scénario avec Audrey Diwan, collaboratrice régulière du réalisateur Cédric Jimenez et surtout réalisatrice du joli succès "L'Evénement" (2021). Le film est présenté au Festival de Cannes 2023... Blanche tombe amoureuse de Grégoire. Le couple se met en couple rapidement puis déménage assez loin de sa région pour un nouveau départ. Mais dès lors, Grégoire change et devient possessif au point où il la surveille et veut toujours tout savoir. Petit à petit Blanche s'éloigne de sa famille et s'isole sous l'emprise de son conjoint...

L'Amour et les Forêts (2023) de Valérie Donzelli

Blanche est incarnée par Virginie Efira vue ces derniers mois dans l'excellent "En Attendant Bojangles" (2022) de Régis Roinsard, l'oubliable "Don Juan" (2022) de Serge Bozon, l'émouvant "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour et le touchant "Les Enfants des Autres" (2022) de Rebecca Zlotowski, elle retrouve aussi la réalisatrice après "Madeleine Collins" (2021) de Antoine Barraud où elles étaient partenaires devant la caméra. Son conjoint possessif est joué par Melvil Poupaud vu récemment dans "A mon seul Désir" (2023) et actuellement en salles dans "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maïwenn. L'avocate est interprétée par Dominique Reymond vue dans "Eléonore" (2020) de Amro Hamzawi, "Garçon Chiffon" (2020) de Nicolas Maury ou "Last Dance" (2022) de Delphine Lehericey. Citons encore Romane Bohringer vue dans "L'Histoire de ma Femme" (2022) de Ildiko Enyedi et "La Fille d'Albino Rodrigue" (2023) de Christine Dory, Virginie Ledoyen dont les derniers films sont "MILF" (2018) de et avec Axelle Lafont, "Rémi sans Famille" (2018) de Antoine Blossier et "Notre Dame" (2019) de Valérie Donzelli, Marie Rivière actrice fétiche de Eric Rohmer vue dernièrement dans "Antoinette dans les Cévennes" (2020) de Caroline Vignal, "La Troisième Guerre" (2020) de Giovanni Aloi et "L'Etabli" (2023) de Mathias Gokalp, Laurence Côte vue dans "Roulez Jeunesse" (2018) de Julien Guetta et "Simone, le Voyage du Siècle" (2021) de Olivier Dahan, Bertrand Belin vu dans "Les Chants de Mandrin" (2011) de Rabah Ameur-Zaïmeche ou "Tralala" (2021) des frères Larrieu, et enfin Nathalie Richard vue dans "Tout s'est bien Passé" (2021) de François Ozon, "After Blue (Paradis Sale)" (2021) de Bertrand Mandico et "Neneh Superstar" (2022) de Ramzi Ben Sliman... Le film débute avec un entretien avocat, puis arrive un premier flash-back. On comprend que Blanche/Efira sort d'une rupture difficile mais qui tombe amoureuse comme un coup de foudre d'une ancienne connaissance, sans doute un ancien camarade d'école. La relation semble fusionnelle, la passion d'une romance qui ferait vibrer les coeurs si on ne savait pas par avance que cela va virer en relation toxique.

L'Amour et les Forêts (2023) de Valérie Donzelli

En fait le film est un grand flash-back où une victime raconte à son avocat le calvaire dont elle tente de sortir. La construction narrative est judicieuse d'un point de vue militant car elle met en place la pédagogie autour d'un avocat qui écoute, puis conseille sans jugement. Le scénario s'applique à montrer l'évolution rapide d'une relation perdue d'avance où une femme qui rêve d'un amour véritable accepte un conjoint qui cachait bien son jeu et ses vices. Ce qui impressionne c'est ce récit particulièrement méticuleux dans la description psychologique et la méthode "innée" du pervers narcissique qui prend une ampleur singulière grâce à l'interprétation presque démoniaque de Melvil Poupaud, aussi subtile que terrifiante. Face à lui une victime, trop innocente sans doute au début, trop soumise aussi mais qui va aussi savoir se réveiller seule incarnée encore une fois de façon intense par une Virginie Efira déchirante. Par contre, on ne comprend pas très bien le choix de la jumelle puisqu'on s'attend forcément à une complicité particulière et déterminante alors que pas du tout, la relation n'est jamais dans l'interraction restant en retrait. Par là même on pense aussi à la collègue qui s'avère accessoire jouée par une Romane Bohringer sous-exploitée. Mais ça permet aussi à la victime de sortir la tête de l'eau presque toute seule, par un sursaut de vie et d'envie et donc de choisir le combat plutôt que la soumission. On pense beaucoup au chef d'oeuvre "Jusqu'à la Garde" (2018) de Xavier Legrand auquel il donne une autre facette des violences conjugales. A voir et à conseiller.

Note :      

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15/20