Omar la Fraise (2023) de Elias Belkeddar

Premier long métrage de Elias Belkeddar après les courts métrages "Todo se Puede" (2014) et "Un Jour de Mariage" (2018). Il est aussi producteur-scénariste du film "Athena" (2022) de Romain Gavras. Il co-signe son scénario avec Thomas Bidegain réalisateur de "Les Cowboys" (2015), collaborateur régulier de Jacques Audiard et scénariste des récents "Stillwater" (2022) de Tom McCarthy et "Notre-Dame Brûle" (2022) de Jean-Jacques Annaud, puis avec Jérôme Pierrat scénariste de "Braqueurs" (2016) de Julien Leclercq et surtout auteur de BD et écrivain spécialisé du crime organisé en France. Précisons que le film a été tourné en Algérie essentiellement dans la cité des 200 Colonnes de la ville Climat de France, cité de la banlieue de Alger... Omar la Fraise, un bandit à l'ancienne qui a sévit des années en France est désormais en cavale. Revenu en Algérie pays de son enfance il vit de petites magouilles avec son acolyte de toujours Roger. Mais il doit aussi s'habituer à une vie plus discrète après des années de libertés et de violences... 

Omar la Fraise (2023) de Elias Belkeddar

Le rôle titre est incarné par Reda Kateb qui retrouve Thomas Bidegain après "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard et "La Résistance de l'Air" (2014) de Fred Grivois qu'il a écrit, vu dernièrement dans "Les Promesses" (2021) de Thomas Kruithof et "Nos Frangins" (2022) de Rachid Bouchareb. Son acolyte Roger est joué par Benoît Magimel dans un rôle qui rappelle en un peu plus léger son personnage dans "La French" (2014) de Cédric Jimenez, et vu ces derniers mois dans "Pacifiction : Tourment sur les îles" (2022) de Albert Serra, "Incroyable mais Vrai" (2022) de Quentin Dupieux, "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour, "Le Marchand de Sable" (2022) de Steve Achiepo,  et "Jack Mimoun et les Secrets de Val Verde" (2022) de Malik C et Ludovic Colbeau-Justin. Citons ensuite la belle qui va faire chavirer le caïd, Meriem Amiar dans son premier rôle au cinéma... Notons que la musique est signée de Sofiane Saidi pour sa première B.O., considéré comme le "Prince du Raï 2.0"... Dès les premières minutes on sourit devant le décalage entre le naturel voir la cool attitude des deux criminels qui arrive sur un deal. Puis suit un prologue violent qui rappelle que le business reste un boulot ingrat et particulièrement dangereux mais qu'Omar et son pote Roger sont des pointures. le tout en 5mn efficaces et stylés.

Omar la Fraise (2023) de Elias Belkeddar

Deux caïds que la légende a suivi jusqu'à Alger mais il sont aussi exilés et plus vraiment au sommet du banditisme. La force du film réside dans cet équilibre constant et ce parallèle des genres, d'un côté deux caïds au passé peu recommandable qui n'ont plus rien à prouver dans leur domaine jusqu'à tuer ou torturer si il le faut, de l'autre deux loosers en perdition, déjà des has been qui tentent pourtant une "reconversion" aussi bien en affaire qu'en amour en ce qui concerne Omar. On passe aisément d'un passage d'une violence sans concession à une drague maladroite qui frôle la mièvrerie qui permet aussi de s'attacher à ces deux personnages qui restent des criminels pourris jusqu'à l'os sans cette intimité qui oscille entre pathétique et grotesque bien loin de leur passé de luxe et de plaisirs. Ce mix des genres et de styles séduit, un scénario intéressant voir même prenant mais qui s'essoufle par moment dans le rythme simplement, mais aussi parce qu'on attend autre chose en ce qui concerne Samia/Amiar et la bande des enfants des rues. Ainsi on a surtout le plaisir de découvrir la révélation Meriem Amiar, tandis qu'on reste perplexe sur la bande de gosses dont la violence fait froid dans le dos et dont Omar la Fraise semble se servir sans complexe ; quel est le message du réalisateur ?! Néanmoins le film est joliment écrit, drôle et décalé, violent et immersif il est assez original pour qu'on s'y attarde avec ne prime un duo d'acteurs épatants en pleine osmose.

Note :      

Omar Fraise (2023) Elias BelkeddarOmar Fraise (2023) Elias Belkeddar

13/20