Mon Crime (2023) de François Ozon

Après un hommage à F.W.Fassbinder avec "Peter Von Kant" (2022) François Ozon revient avec une comédie policière, genre qu'il avait entre abordé avec "8 Femmes" (2001) ou "Potiche" (2010). Pour ce projet le cinéaste précise : "Le cinéma parlant m'est toujours apparu comme l'art du mensonge par excellence, et depuis longtemps, je souhaitais raconter une histoire autour d'un faux coupable ou d'une fausse coupable." C'est ensuite qu'il a trouvé son bonheur, et qu'il a donc décidé d'adapter la pièce de théâtre éponyme (1934) de Georges Berr et Louis Verneuil. Ozon a pourtant réécrit la pièce, il a gardé tout le contexte historique et politique du milieu des années 30, mais il a accentué les rapports de pouvoir et surtout à pousser le curseur féminin et féministe du récit... Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier jeune actrice sans le sou et sans talent est accusée du meurtre d'un célèbre producteur. Aidée par sa meilleure amie Pauline, avocate débutante, elle est acquittée pour légitime défense. Pour Madeleine c'est une nouvelle vie avec gloire et succès au rendez-vous jusqu'au jour où l'affaire refait surface... 

Mon Crime (2023) de François Ozon

Madaleine est interprétée par Nadia Tereszkiewicz tout juste césarisée pour sa performance dans "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni-Tedeschi, et sa meilleure amie avocate est jouée par Rebecca Marder vue récemment dans "La Grande Magie" (2023) de et avec Noémie Lvovsky, et retrouve après "La Daronne" (2020) de Jean-Paul Salomé l'actrice Isabelle Huppert qui retrouve son réalisateur de "Huit Femmes" (2001) et qui retrouve après le documentaire "Par Coeurs" (2022) de Benoît Jacquot son partenaire Fabrice Luchini vu récemment dans "Un Homme Heureux" (2023) de Tristan Séguéla et qui retrouve également Ozon après "Potiche" (2010) et "Dans la Maison" (2012). Citons Dany Boon vu dans "Une Belle Course" (2022) de Christian Carion, André Dussolier vu dans "Le Tigre et le Président" (2022) de Jean-Marc Peyrefitte et "Le Torrent" (2022) de Anne Le Ny, Félix Lefebvre révélé par Ozon dans "Eté 85" (2020) et vu depuis dans "Suprêmes" (2021) de Audrey Estrougo ou "La Passagère" (2022) de Héloïse Pelloquet, Edouard Sulpice qui retrouve Rebecca Marder après "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc et vu dans "Youssef Salem a du Succès" (2023) de Baya Kasmi, Régis Laspalès vu dans "Super-Héros Malgré Lui" (2021) de et avec Philippe Lacheau, Daniel Prévost vu dans "Maison de Retraite" (2022) de Thomas Gilou et "Adieu Paris" (2022) de et avec Edouard Baer, Evelyn Buyle vue dans "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin et "Les Apparences" (2020) de Marc Fitoussi, Myriam Boyer vue dans "Les Vieux Fourneaux 2 : Bons pour l'Asile" (2022) de Christophe Duthuron et "Choeur de Rockers" (2022) de Ida Techer et Luc Bricault, Lucia Sanchez révélée par Ozon dans son court "Une Robe d'Eté" (1996) et "Sitcom" (1998) et vue dernièrement dans "Antoinette dans les Cévennes" (2020) de Caroline Vignal et "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir, Jean-Claude Bolle-Reddat qui retrouve Ozon après "Ricky" (2009), "Une Nouvelle Amie" (2014) et "Frantz" (2016), et enfin Dominique Besnehard qui retrouve Rebecca Marder après "Seize Printemps" (2020) de et avec Suzanne Lindon... Ce qui frappe d'abord c'est les décors et les costumes. On distingue l'art déco (la Villa Empain !) contemporain, mais c'est surtout le travail sur les costumes qui ébloui, jusqu'à un petit anachronisme logique et judicieux avec la garde-robe de Odette Chaumette, star déchue du Muet qui semble restée à l'époque de sa gloire un peu comme Gloria Swanson dans "Boulevard du Crépuscule" (1950) de Billy Wilder. Sans compter la garde robe glamour de Madeleine/Tereszkiewicz qui renvoie au star de l'Âge d'Or. 

Mon Crime (2023) de François Ozon

Le scénario est malin, rythmé, avec un panel de personnages tous parfaits au service d'un récit qui multiplie les situations incongrues ou absurdes. Pourtant on aurait aimé une procédure judiciaire plus réaliste, ce qui crée des invraisemblances alors que le récit a aussi besoin d'un minimum de crédibilité pour mieux jouer sur le décalage. Mais les personnages sont savoureux, superbement incarnés par des acteurs au diapason qui s'amusent, qui assument la théâtralité de l'histoire laissant à François Ozon le soin du mouvement et du rythme et ça fonctionne merveilleusement. Ils sont aussi bien servi par des dialogues ciselés et des répliques qui font mouches. Le réalisateur a avoué vouloir "retrouver l'esprit de la screwball comedy", on y voit toutefois pas beaucoup Capra ou Lubitsch, mais plutôt un bon vaudeville policier à la mode bien française. Tout dans ce film va vers la fantaisie, la légèreté, tout en jouant sur l'ironie sur la situation de la femme sans être pour autant manichéen. Pour le fiston, la dimension politico-sociale ne l'a pas franchement séduit, les acteurs/personnages ont sauvé sa séance. En conclusion, François Ozon nous offre une gourmandise aussi acidulée que rafraichissante qui porte un propos certe féministe ou féminin mais sans jouer pour autant les moralisateurs, c'est tant mieux.

Note :

Crime (2023) François OzonCrime (2023) François OzonCrime (2023) François Ozon

14/20

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

Crime (2023) François OzonCrime (2023) François Ozon

11/20