Une Femme de notre Temps (2022) de Jean-Paul Civeyrac

Nouveau film de Jean-Paul Civeyrac, cinéaste relativement peu connu mais qui a déjà été à la tête de la célèbre Fémis (2000-2010) et qui a déjà signé une dizaine de films depuis "Ni d'Eve ni d'Adam" (1997) et jusqu'à son précédents films "Mes Provinciales" (2018). Pour son nouveau film le réalisateur-scénariste voulait "traiter d'un personnage qui aurait une ligne droite de comportement, puis un point de bascule, et au bout, l'accès à une vérité intérieure plus profonde, pouvant conduire à un nouvel essor. (...) Je me suis rendu compte que j'allais fatalement croiser des films ou des genres de l'histoire du cinéma. S'il est difficile d'enfermer Une Femme de notre Temps dans un genre précis, on peut dire tout de même qu'il n'est ni un polar ni un thriller, et qu'il semble emprunter au mélodrame noir certains traits qui forment comme la strate apparente du récit."...

Une Femme de notre Temps (2022) de Jean-Paul Civeyrac

Juliane, heureuse et mariée, est commissaire de police et est une femme d'une grande intégrité morale. Mais elle découvre que son mari mène une double vie, et soudain tous ses repères se fissures, elle déprime jusqu'à ce qu'elle décide d'agir qui la conduit à commettre des actes qu'elle aurait réprouvé avant... Cette femme commissaire est incarnée par la star Sophie Marceau vue récemment dans "I Love America" (2022) de Liza Azuelos et "Tout s'est Bien Passé" (2022) de François Ozon. Son époux est interprété par l'acteur belge Johan Heldenbergh particulièrement remarqué chez Felix Van Groeningen dont le déchirant "Alabama Monroe" (2012), mais aussi dans "Gaspard va au Mariage" (2017) de Anthony Cordier ou "Qu'un Sang Impur..." (2020) de Abdel Raouf Dafri, et retrouve après "Carnivores" (2018) des frères Jérémie et Yannick Renier son partenaire Michael Erpelding vu récemment dans "Le Lion" (2020) de Ludovic Colbeau-Justin et "After Blue (Paradis Sale)" (2021) de Bertrand Mandico. Citons encore la roumaine Cristina Flutur révélation du Festival de Cannes avec le Prix d'Interprétation pour le film "Au-Delà des Collines" (2012) de Cristian Mungiu, Ouassini Embarek vu dans "Le Convoyeur" (2004) de Nicolas Boukhrief, "Paradis Perdu" (2012) de Eve Deboise ou tout récemment "Athena" (2022) de Romain Gravas, et n'oublions pas la toute jeune Héloïse Bousquet dans son premier rôle... Vu le speech on s'attend donc à un thriller psychologique où une femme va se venger de son époux infidèle, avec trois paramètres séduisants, la femme est une commissaire de police adepte de l'arc incarnée par la sublime Sophie Marceau. Mais dès les premières minutes on comprend mal voir pas du tout cette femme. Dès les premières minute son ne décèle aucune once d'empathie ou de simple bonheur chez cette flic aussi froide que mutique.

Une Femme de notre Temps (2022) de Jean-Paul Civeyrac

A priori elle est très amoureuse de son compagnon mais jamais on le ressent réellement outre quelques dizaines de secondes au début. Ensuite on apprend un drame passé mais qui date depuis si longtemps qu'on a du mal à croire à ses ramifications tragiques aussi fortes sur l'ensemble du récit. Plus le film avance et plus on se demande où veut nous mener le réalisateur qui expliquait : "Elle se sent investie d'une mission qui la dépasse elle-même, où il y a quelque chose qui semble de l'ordre d'une destinée à accomplir (...)" Le problème c'est qu'on ne voit jamais cette "mission qui la dépasse", non il s'agit juste d'une femme en dépression qui pète un câble ni plus ni moins. Le réalisateur-scénariste se perd dans son scénario qui s'éparpille avec 3 sous-intrigues plus ou moins inspirées et qui finalement ne s'imbriquent pas de façon logique ou naturelle. C'est mal écrit, mal dirigé car cette commissaire est surjouée ce qui laisse aucune nuance (devant l'évidence que sa femme sait le mari en réagit pas plus que ça ?!), et alors qu'on aurait pu espérer une utilisation de l'arc (qui effectivement s'inscrit "dans l'immemorial de la tragédie ou du conte" dixit le cinéaste) de façon plus essentielle ou plus icônique. Le genre de film où on se dit qu'il y a de l'idée... mais que l'idée... 

Note :  

Femme notre Temps (2022) Jean-Paul Civeyrac

08/20