Fumer fait Tousser (2022) de Quentin Dupieux

Mr. Oizo musicien est devenu réalisateur de cinéma à part entière avec un 11ème long métrage depuis "Non Film" (2001) et semble vouloir accélérer les tournages et les projets pour notre plus grand bonheur et surtout en France. En effet il a tourné ses cinq derniers films en France, "Réalité" (2014), "Au Poste !" (2018), "Le Daim" (2019), "Mandibules" (2020) et "Incroyable mais Vrai" (2022) dont il retrouve la plupart de ses acteurs pour ce nouveau film qui sort donc juste cinq mois après le dernier. Quentin Dupieux multiplie comme à son habitude les casquettes réalisateur-scénariste-monteur-directeur photo sur son film qui reste en format plutôt court de seulement 80 minutes... Après un ultime combat contre un monstre démoniaque, les cinq super-héros du groupe "TABAC FORCE" reçoivent l'ordre de se retirer dans un lieu isolé et paradisiaque afin de retrouve une cohésion qui s'érodait. Alors que cette retraite semble bénéfique le groupe doit pourtant repartir en lutte quand un empereur du Mal veut anéantir la Terre...

Fumer fait Tousser (2022) de Quentin Dupieux

Si la moitié du casting sont des habitués de l'univers Dupieux, les 4 des 5 super-héros sont incarnés par des nouveaux venus avec Gilles Lellouche vu récemment dans "Goliath" (2022) de Frédéric Tellier et "Kompromat" (2022) de Jérôme Salle, il va retrouver néanmoins une grande partie des acteurs à l'instar de Vincent Lacoste en salles en ce moment dans "Le Lycéen" (2022) de Christophe Honoré et "Coma" (2022) de Bertrand Bonello après lequel il retrouve sa partenaire Anaïs Demoustier vue récemment dans "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez et qui est la seul du groupe de super-héros à retrouver Dupieux après "Incroyable mais Vrai" (2022), puis enfin les deux derniers avec Jean-Pascal Zadi vu récemment dans "L'Année du Requin" (2022) des frères Boukherma et "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius, puis la jeune Oulaya Amamra révélée dans "Divines" (2016) de Houda Nenyamina, et vue depuis dans "Le Monde est à Toi" (2018) de Romain Gavras et "Le Sel des Larmes" (2020) de Philippe Garrel. Ensuite on retrouve le duo du Palmashow, Grégoire Ludig et David Marsais qui se retrouvent logiquement pour leur 10ème film ensemble dont  "Au Poste !" (2018) pour Ludig, "Mandibules" (2020) pour les deux qui retrouvent ainsi également Adèle Exarchopoulos qui retrouve aussi Gilles Lellouche après le plus sérieux "BAC Nord" (2021) de Céric Jimenez. Le Palmashow retrouve aussi Alain Chabat après "Santa et Cie" (2017) de ce dernier qui reste le plus assidu chez Dupieux vace "Réalité" (2014), "Au Poste !" (2018) et "Incroyable mais Vrai" (2022). Le lien entre les acteurs est partout, notamment et surtout avec un certain Benoît Poelvoorde qui a déjà tourné avec la plupart de ses partenaires dont quatre fois avec Gilles Lellouche, et deux fois avec Vincent Lacoste dont "Effacer l'Historique" (2020) de Kervern-Delépine où était aussi leur partenaire Blanche Gardin. N'oublions pas les retrouvailles de Vincent Lacoste avec Anthony Sonigo qui ont débuté ensemble et ont tourné ensemble plusieurs fois dont "Camille Redouble" (2012) de et avec Noémie Lvosky après lequel ils retrouvent aussi Julia Faure qui retrouve elle Lellouche après "Jeux d'Enfants" (2003) de Yann Samuel, Dupieux après "Le Daim" (2019) et joue aussi dans "Coma" (2022). Rappelons aussi les retrouvaills du trio Lellouche-Sonigo-Poelvoorde après le film collectif "Les Infidèles" (2012), Poelvoorde retrouve aussi Lacoste après "Saint-Amour" (2016) de Kervern-Delépine, Ludig après "Les Emotifs Anonymes" (2010) de Jean-Pierre Améris. Et enfin, n'oublions pas le nouvelle arrivée Doria Tillier révélée par "Monsieur et Madame Adelman" (2017) et "La Belle Epoque" (2019) tous deux de et avec Nicolas Bedos... Dès les premiers instants on retrouve le style du cinéaste, cette photographie, cette lumière singulière, et cet humour décalé qui paraît d'abord inoffensif (la braguette) avant de nous présenter le Tabac Force en pleine mission qui renvoie directement à notre enfance (enfin celle de Dupieux et de sa génération dont nous sommes) avec les "X-Or" et autres "Bioman", collant et monstres en latex qui crée un décalage d'autant plus satirique avec notre époque. 

Fumer fait Tousser (2022) de Quentin Dupieux

Ensuite, on s'aperçoit surtout qu'il n'y a pas d'intrigue, pas de fil conducteur, que les super-héros ne sont qu'un prétexte fumeux (?!) et sous-exploité. Dommage, on s'est bien fait avoir. Le réalisateur-scénariste n'exploite pas du tout les super-héros, pas de satire ou de pastiche des Marvel et consorts par exemple, juste 5 benêts superficiels qui vont raconter quelques histoires pour s'occuper durant leurs vacances forcées. Des histoires qui permettent de placer des segments façon courts métrages plus ou moins réussis, mais toujours déjantés, à l'univers décalé, à l'humour aussi absurde que cynique, plus ou moins drôle aussi jusque dans le malaise parfois (la broyeuse). Le film est presque un film à sketchs donc, sans réel lien entre eux, et avec l'écueil de la différence de niveau et de qualité inhérent à ce genre. On aura connu Quentin Dupieux plus inspiré, mais il est si original, si audacieux, si unique que son film reste d'une cohérence certaine avec son univers habituel, qu'il y a assez de dinguerie pour ne pas laisser le spectateur sans réaction, et qu'il y a assez de trouvailles et d'idées pour amuser et divertir. Encore un moment hors des sentiers battus qui vaut, rien que pour ça, le détour mais on espère que le cinéaste reviendra à moins de facilité notamment sur la narration. Note indulgente.

Note :   

Fumer fait Tousser (2022) Quentin DupieuxFumer fait Tousser (2022) Quentin Dupieux

12/20