[CRITIQUE] : American Girl

[CRITIQUE] : American Girl

Réalisateur : Mike Barker
Acteurs : Mila Kunis, Connie Britton, Justine Lupe, Jennifer Beals,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
Ani FaNelli, New-Yorkaise à la langue bien pendue, semble tout avoir pour être heureuse : un poste convoité à la rédaction d'un magazine réputé, une garde-robe à tomber et un mariage de rêve prévu à Nantucket. Mais quand le réalisateur d'un documentaire l'invite à raconter sa version du terrible incident survenu au prestigieux lycée.



Critique :

Brouillant les frontières entre victime et bourreau dans son exploration intime d'une redécouverte/acceptation de soi, #AmericanGirl, même s'il est maladroit et se complait dans une résolution rudimentaire, n'en reste pas moins fascinant dans sa manière de pousser à la réflexion. pic.twitter.com/HrqF0fcI0E

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 8, 2022

Difficile de totalement blâmer une oeuvre qui, aussi bancale et maladroite soit-elle, distille des thèmes et sujets importants qui méritent continuellement d'être posé sur la table des sujets sociétaux au quotidien.
C'est tout le paradoxe qu'incarne le drame Luckiest Girl Alive - American Girl par chez nous - de Mike Barker, adaptation du roman semi-autobiographique éponyme de Jessica Knoll - également derrière le script -, dont la narration certes puissante s'avère néanmoins mieux adaptée au roman qu'à la structure d'un long-métrage, puisqu'elle deux chronologies se déroulent simultanément dans une intrigue parsemée d'une voix off principalement vissée sur les pensées intérieures de sa protagoniste principale.
Soit celle d'Ani, journaliste pour un magazine féminin avec une opportunité de potentiellement écrire pour le New York Times, et dont la vie personnelle est tout aussi au beau fixe puisqu'elle est fiancée au riche Luke, et semble nager dans le bonheur.

[CRITIQUE] : American Girl

Copyright Sabrina Lantos/Netflix


Mais sa petite vie parfaite n'est qu'une façade, elle qui se protège de plusieurs traumatismes du passé dont une fusillade meurtrière au lycée qui ressurgit alors qu'un wannabe cinéaste la force à affronter ce qu'elle a tant essayé de maîtriser, pour les besoins d'un documentaire.
Sa rage contenie et accumulée à partir de cette expérience - mais pas que - la pousse à un point de rupture où elle doit désormais décider si cette vie de façade vaut la peine d'être gardée où non, même si cela signifie cacher à jamais la vérité sur qui elle est réellement...
Regard introspectif sur la lutte continuelle contre les traumatismes intimes du passé, à la fois autobiographique (Jessica Knoll a été victime d'un viol dans sa jeunesse et a écrit sa propre expérience dans son roman) et fictionnelle (l'héroïne Ani, est à la fois victime d'une agression sexuelle et une survivante d'une fusillade scolaire), dont les scènes clés dégagent une urgence brute qui transmet viscéralement la rage intérieure que l'alter-ego à l'écran de la scénariste, Ani (joué à la fois par Mila Kunis et Chiara Aurelia, à différents âges) doit constamment retenir; la narration manque pourtant cruellement de mordant tant il ne fait qu'effleurer toute la complexité de son histoire à tiroirs, même si elle brosse un portrait racé et captivant d'une femme ambivalente dont les pensées intérieures et son comportement extérieur se contredisent continuellement (et incarné avec justesse et subtilité par le duo Aurelia/Kunis).

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Copyright Sabrina Lantos/Netflix


Brouillant plus où moins subtilement les frontières entre victime et bourreau dans son exploration intime d'une femme qui arpente le dur voyage d'une redécouverte d'elle-même et qui apprend in fine à embrasser qui elle est vraiment, tout autant qu'il arrive étonnamment à inverser les attentes sur un tel sujet difficile (le film s'attache à faire ressentir littéralement ce que les victimes d'agressions sexuelles vivent au quotidien, du maintien des apparences au fait d'être blâmée en tant que victime); Luckiest Girl Alive a beau être maladroit dans sa structure (il manque de la profondeur et de la catharsis nécessaires à en faire le nouveau " Gone Girl " sur grand écran, le roman étant souvent comparé à l'oeuvre de Gillian Flynn) et se complaire dans une résolution redondante et rudimentaire, il n'en est pas moins un vrai moment de cinéma bien intentionné qu pousse solidement à la réflexion tout comme le récent - et excellent - The Fallout de Megan Park.
Jonathan Chevrier
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