Django

Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Django » de Sergio Corbucci.

Django

« Je ne dis rien d’important. Si ce n’est que vous allez tous mourir. »

À la frontière mexicaine, deux bandes rivales se disputent la suprématie du pays : celle du major Jackson, américain et fanatique raciste, et celle du général Rodriguez, mexicain et révolutionnaire. Un étranger, Django, traînant derrière lui un cercueil, arrive dans ce pays de désolation. Et avec lui, le vent de la violence…

« Je te dispense de tes remarques. Pour moi la guerre n’est jamais terminée. »

Django_western

En ce début des années 60, la jeune garde du cinéma bis italien est profondément marquée par un film de sabre venu de l’autre bout du monde, « Yojimbo » (1962, connu aussi sous le titre « Le garde du corps ») d’Akira Kurosawa. A tel point que deux de ses plus illustres représentants – Sergio Leone et Sergio Corbucci – se mettent en tête d’en transposer la trame dans l’univers du western. A ce jeu là, c’est le quasi novice (il n’a alors réalisé que le péplum « Le colosse de Rhodes » en 1961) Sergio Leone qui dégaine le premier en réalisant « Pour une poignée de dollars » (1964), premier volet de sa future « Trilogie du dollar », qui fera de l’américain Clint Eastwood une star mondiale. Mais son ami Sergio Corbucci, cinéaste installé qui compte déjà une vingtaine de réalisations à son actif dont plusieurs westerns (« Massacre au grand canyon », « Le justicier du Minnesota ») – n’est pas en reste et propose à son tour une relecture de Kurosawa deux ans plus tard avec « Django », qui lancera définitivement la carrière de l’acteur Franco Nero. A noter que le film sera considéré comme tellement violent lors de sa sortie qu’il sera interdit dans plusieurs pays dont le Royaum-Uni. Il fera également l’objet de plusieurs suites, plus ou moins officieuses. Jusqu’à un hommage très libre orchestré par Tarantino himself (« Django unchained », 2012).

« L’amour, je l’ai laissé et enterré à jamais. Il gît sous une dalle du cimetière. Et si tu viens avec moi tu risques de connaitre la même fin. »

Django_Sergio_Corbucci

Sur le papier, « Django » repose ainsi sur une intrigue très simple : un mystérieux étranger débarque dans une bourgade isolée divisée entre deux clans. Et tel l’électron libre, s’emploiera à grands coups de trahisons à les éliminer l’un après l’autre. Mais dans la pratique, Corbucci s’emploie ici à donner suffisamment de corps à son film pour en faire l’un des titres les plus emblématiques du western spaghetti. Tout d’abord par les thèmes qu’il brasse – le racisme, la corruption morale, la cruauté – et qui contribuent esquisser un univers très sombre et poisseux, peuplé de personnages tous aussi méprisables (y compris le pasteur) les uns que les autres. Plus encore, il donne à son film une dimension symbolique très forte, avec son héros quasi christique au regard bleu acier, qui traine derrière lui son cercueil comme Jésus avant lui portait sa croix. Une sorte d’ange de l’apocalypse, ultra stylisé, jusque dans son martyr. C’est d’ailleurs cette stylisation de la violence – la mitrailleuse cachée dans le cercueil dont Django se sert presque à la manière d’un « Rambo », la façon dont il se sert de son revolver malgré ses mains brisées et bandées à l’abri d’une croix au cimetière – qui lui confère cette aura furieuse et marquante. En cela, « Django » est bien plus encore qu’un western italien grandiloquent et bestial. C’est sans aucun doute un sommet indémodable du western, toutes nations confondues.   

Django_Franco_Nero

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré 4k et proposé en version originale italienne (1.0) ainsi qu’en versions française (1.0) et anglaise (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Alex Cox à propos de Django » : présentation du film par Alex Cox, réalisateur et auteur du livre « 10 000 façons de mourir » (HD, 13 min.), « Django ne meurt jamais » : interview de Franco Nero (HD, 25 min.), « Le Cannibale du Far West » : interview de Ruggero Deodato, assistant réalisateur sur Django et futur réalisateur de « Cannibal Holocaust » (HD, 25 min.), « Sergio, mon mari » : Nori Corbucci revient sur le travail de son mari (HD, 27 min.) et d’une Bande-annonce originale (HD).

Édité par Carlotta Films, « Django » est disponible en édition prestige limitée (blu-ray + DVD+ goodies) ainsi qu’en  éditions DVD et blu-ray depuis le 3 novembre 2021.

Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.