[CRITIQUE] : Goodnight Soldier

[CRITIQUE] : Goodnight Soldier

Réalisateur : Hiner Saleem
Acteurs : Galyar Nerway, Dilin Doger, Alend Hazim,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Irakien.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Ziné et Avdal, follement amoureux, décident de se marier malgré l'hostilité de leurs familles qui se vouent une haine ancestrale. Blessé sur le champ de bataille, Avdal ne supporte pas son état et remet en cause son mariage. Ziné est convaincue que la force de leur amour peut résister à tout mais Avdal doit repartir au front...


Critique :

Questionnant toujours les normes de genre et la place des femmes dans une société patriarcale anxiogène, Hiner Saleem fait de #GoodnightSoldier un film aussi caustique et cruel que plein d'espoir, plantant les graines (la libération de la femme) d'un avenir meilleur au Kurdistan. pic.twitter.com/OnIYxtbU1S

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 28, 2022

On avait laissé le talentueux et hétéroclite cinéaste irakien d'origine kurde Hiner Saleem avec, sans aucun doute, l'un de ses plus séduisants efforts : Qui a tué Lady Winsley ?, formidable exercice de style où la comédie policière enlassait un propos féministe solide autant qu'un constat puissant sur la discrimination et la violence opérée envers la communauté kurde - le coeur même de son cinéma.
Toujours emprunt à mélanger les genres tel un alchimiste mué par l'ambition de tromper la gravité et la dureté de la vie par un humour fin et salvateur, on le retrouve avec Goodnight Soldier, où il embrasse encore plus volontiers les contours de la tragédie humaine troublé en vissant son attention sur le destin brisé d'un couple presque héritier de Roméo et Juliette, Ziné et Avdal, dont le mariage est mis à rude épreuve suite à la blessure tragique du second, subit sur le front contre l'État Islamique, mais aussi face à l'animosité savoureusement absurde qui animent leurs familles respectives.

[CRITIQUE] : Goodnight Soldier

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Usant pleinement des codes de la comédie romantique poétique et légère (voire même sensiblement candide) sur deux âmes bravant la haine ancestrale qui tiraillent les leurs pour mieux affirmer leur amour, avant de virer lentement mais sûrement vers le mélodrame touchant et puissant où le contexte d'une société patriarcale et conservatrice férocement ancrée dans le respect de ses traditions dépassées, agit comme une épée de Damoclès sur le couple central (tout comme la barbarie d'une guerre qui est finalement aux portes de leurs vies); le nouvel effort de Saleem déjoue subtilement les attentes tant il évite soigneusement les écueils d'une épopée sombre et doloriste pour lui préférer un regard aussi progressiste et satirique que pétri d'espoir, où l'humour noir se fait le vehicule d'une modernité aussi dérangeante qu'essentielle.
Questionnant à nouveau les normes de genre et la place des femmes dans une société instable et étouffante qui les poussent au conformisme et à la soumission à l'homme (dont le héros ici doit faire le deuil de sa virilité et assumer son impuissance), Hiner Saleem fait de Goodnight Soldier une oeuvre aussi caustique et un brin cruelle que pleine d'espoir malgré la gravité et l'incertitude qui l'habite, plantant les graines - la libération de la femme - de ce qui pourrait être un avenir meilleur au coeur du Kurdistan.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Goodnight Soldier