[CRITIQUE/RESSORTIE] : Swing

[CRITIQUE/RESSORTIE] : Swing

Réalisateur : Tony Gatlif
Acteurs : Oscar Copp, Tchavolo Schmitt, Lou Rech, Mandino Reinhardt,...
Distributeur : Malavida FIlms
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français, Roumain.
Durée : 1h27min.
Date de sortie : 20 mars 2002
Date de ressortie : 8 juin 2022
Synopsis :
En vacances d’été chez sa grand-mère, Max, 10 ans, se prend de passion pour le jazz manouche. Après quelques aventures pour trouver une guitare, Miraldo, virtuose en la matière, accepte de lui donner des cours de guitare. Ces leçons amènent Max à rencontrer la communauté manouche et plus particulièrement Swing, une jeune fille farouche au tempérament explosif qui a tout du garçon manqué…


Critique :

Plus une mosaïque de séquences à la lisière du documentaire qu'un vrai film structuré, #Swing se fait une belle et vibrante ode à la tolérance, à l'échange et à l'acceptation de l'autre, dont la perspective (très) ne brise en rien la mélancolie du récit initiatique en son coeur. pic.twitter.com/BArYntafYx

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 24, 2022

Dans un art aussi sensoriel que peut l'être le cinéma, le son qui en était un temps interdit - où tout du moins techniquement dispensé -, nous est vite devenu indispensable (autant pour nous spectateur que pour les cinéastes qui s'échinent à nous faire rêver) tant que plus encore que la vue, l'ouie est le plus sensible de nos sens, celui qui est parfois plus à même de nous faire réagir et de nous toucher.
Après tout, combien pouvons-nous dénombrer de séquences cinématographiques où ce n'est pas tant ce que l'on voit mais bien ce que l'on entend (un dialogue, une musique,...), qui nous fait chavirer.

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Copyright Malavida-Pyramide


Évidemment, l'inverse est tout aussi proportionnel mais ne plombez pas tout de suite cette argumentation et laissez-là porter son rapprochement - un brin - facile à la vision du doux et sensible Swing de Tony Gatlif, où la musique, ici le jazz manouche en l'occurrence, est une figure essentielle si ce n'est le personnage principale d'une histoire vissée sur un môme de la ville, Max, bien décidé à en faire l'apprentissage lors de l'été de ses dix ans.
Plus encore qu'un artifice visant à nourrir le récit d'émancipation et d'initiation à la vie d'un jeune homme timide mais passionné, la musique - presque omniprésente - se fait un pilier aux multiples visages : elle est à la fois un outil d'identification et d'affirmation essentiel pour un peuple férocement ostracisé au travers du temps (on oublie un peu trop vite que les tsiganes sont des victimes directes du régime nazi et de la déportation lors de la Seconde Guerre mondiale), une métaphore artistique et même ancestrale pour exprimer l'esprit insouciant et jouissivement festif d'une liberté que ses nomades sédentaires n'ont plus (et qu'ils n'auront sans doute plus jamais) mais aussi et surtout le très d'union insouciant et touchant entre deux cultures, celle nomade et citadine, personnifiée par Max.
Un jeune gamin qui se fait in fine aussi bien un point d'ancrage/d'identification pour le spectateur qu'un réceptacle prudent des différentes visions du monde qu'ont ses deux cultures.

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Plus une mosaïque de séquences à la lisière du documentaire, des fragments du quotidien parfois humainement sublime de la communauté au coeur de laquelle le garçon s'immisce (que ce soit les rencontres entre musiciens où celles en pleine communion avec la nature), qu'un vrai film structuré, Swing se fait une belle et vibrante ode à la tolérance, au métissage et à l'acceptation de l'autre, dont la perspective (très) réaliste ne brise en rien l'aspect furieusement mélancolique qu'inspire ce récit initiatique.
Un vrai moment de cinéma généreux, attachant et poétique, tout simplement.
Jonathan Chevrier
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