Ne m'envoyez pas de fleurs

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Ne m’envoyez pas de fleurs » de Norman Jewison.

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« Pourquoi dès que tu entends parler d’une maladie tu crois toujours que tu l’as ? »

A la suite d’une malencontreuse méprise lors d’un rendez-vous médical, un hypocondriaque pense qu’il va vraiment mourir à très court terme. Alors, aidé de son meilleur ami, il met sur pied un plan pour trouver un nouveau mari à sa femme avant de mourir. Mais cette dernière découvre que quelque chose se prépare dans son dos…

« C’est chic de ta part d’arranger le mariage de ta propre femme avec un autre homme »

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On les a vu se duper, se courir après et finalement se séduire (« Confidences sur l’oreiller », 1959) puis se mentir et se rabibocher à nouveau jusqu’à fonder une improbable famille (« Un pyjama pour deux », 1961). Il était donc logique de les retrouver désormais mariés et confortablement installés dans le confort d’une routine bourgeoise. Avec « Ne m’envoyez pas de fleurs », le duo Doris Day et Rock Hudson se retrouve une troisième et dernière fois, remettant le couvert pour une ultime comédie sur le couple. Mais, mariage et conformisme oblige, l’heure n’est plus vraiment à la légèreté et au badinage. En effet, à la suite d’un improbable malentendu, le héros se croit atteint d’un mal incurable à très court terme, faisant naitre en lui l’obsession de trouver avant de partir un nouveau mari à même d’assurer le confort de sa future veuve. Pour son troisième film (après « Le piment de la vie » sur lequel il dirigea déjà Doris Day), Norman Jewison, jeune réalisateur canadien venu de la télévision, signe une comédie de mœurs très cynique et beaucoup plus sombre qu’il n’y parait sur le couple et la middle class américaine.

« S’il y a bien une chose qu’un homme peut attendre de la vie c’est de mourir dans son propre lit »

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Adaptation d’une pièce de théâtre de Norman Barasch et Caroll Moore, « Ne m’envoyez pas de fleurs » se livre ainsi à un portrait au vitriol de la société américaine des sixties dont elle moque allégrement les travers : de son machisme culturel (la femme dont la place semble résolument se réduire à la maison et à l’intendance ménagère) paradoxalement porté par des hommes qui ont perdu toute forme de virilité (l’hypocondrie maladive du héros qui en fait un être pleutre, ainsi que de nombreux sous-entendus gays pas toujours très subtils, comme la nuit passé par le héros chez son voisin ou encore le running gag de la voiture trop petite pour sa carrure) en passant par le délire cupide et matérialiste qui semble avoir fait perdre aux américains toute forme d’humanité. A l’image du voisin libidineux intéressé pour reprendre en main la femme de son ami ou de cet ordonnateur de pompes funèbres bien trop occupé à faire du business pour faire preuve de la moindre empathie envers son futur client. Déjà présent dans les deux premiers films du duo, l’acteur Tony Randall trouve peut-être ici dans ce troisième opus son rôle le plus consistant et le plus amusant. Côté scénario, on sent que le vétéran Julius Epstein (« Casablanca », « Arsenic et vieilles dentelles ») ne joue pas sur le même registre de légèreté que son collègue Stanley Shapiro, auteur du scénario des deux premiers films. Au final, si « Ne m’envoyez pas de fleurs » est sans doute la comédie la plus mordante et la plus vacharde de la trilogie, c’est peut-être aussi le film le moins accrocheur des trois.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition, et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Jean-Pierre Dionnet, d’un portrait de Rock Hudson ainsi que d’une bande-annonce d’époque.

Édité par Éléphant Films, « Ne m’envoyez pas de fleurs » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 6 juillet 2021. Il est également disponible au sein du coffret (DVD ou blu-ray) « Doris Day & Rock Hudson – la trilogie romantique » paru le 20 avril 2021.

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