Au-dessous du volcan

Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray « Au-dessous du volcan » de John Huston.

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« La plupart des gens ne s’amusent pas à précipiter leurs semblables dans des chaudières... »

Mexique, 1938. En cette veille de 1er novembre, la nuit s’est abattue sur Cuernavaca et l’animation est déjà vive dans les rues où l’on prépare activement la Fête des Morts. Geoffrey Firmin, ancien Consul britannique, erre parmi la foule, ivre mort, pour oublier le départ de sa femme Yvonne. Lorsque le jour se lève, Geoffrey commence la tournée des cabarets tout en ressassant de douloureux souvenirs et retrouve cette dernière par hasard…

« On ne peut pas vivre sans aimer »

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Dernier survivant de l’âge d’or des studios hollywoodien (période où il réalisa nombre de classiques comme « Le faucon maltais », « Le trésor de la Sierre Madre », « Quand la ville dort », « L’odyssée de l’African Queen » ou encore « Dieu seul le sait ») encore en activité au cours des années 80, l’octogénaire John Huston termine sa carrière de cinéaste en portant à l’écran des romans difficiles et souvent considérés comme inadaptables, tels que « Le malin » (1979, d’après Flannery O’Connor) ou encore « Gens de Dublin » (1987, d’après James Joyce). C’est dans cette logique qu’il adapte en 1984 « Au-dessous du volcan » du romancier britannique Malcolm Lawry, qui sera son antépénultième film. Nommé deux fois aux Oscars (meilleure musique et meilleur acteur pour Albert Finney), « Au-dessous du volcan » fut aussi l’unique film de Huston à être sélectionné en compétition au Festival de Cannes.

« La prochaine guerre, nous ne nous battrons pas pour des territoires ou des colonies mais pour le salut de nos âmes »

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« Au-dessous du volcan », il n’y a rien ou presque : les entrailles de la Terre. Le chaos. Un monde de désolation et de tourments, fait de magma en fusion, prêt à exploser sans prévenir et à tout détruire sur son passage. Inéluctablement. En ce jour de fête des morts, il est donc ici question de fatalité et d’effondrement. « Au-dessous du volcan » est ainsi le récit cynique d’une (auto)destruction programmée. En premier lieu, celle de Goeffrey Firman, consul américain d’une petite ville mexicaine qui s’est laissé sombrer dans l’alcool depuis que sa femme l’a trompé avec son propre frère. Alors forcément, le retour de celle-ci n’arrange rien. Mais la déchéance du héros fait aussi écho à l’état du monde qui l’entoure. En effet, le récit se déroulant en ces temps troublés de 1938, Huston nous décrit un monde gangréné par le fascisme, l’antisémitisme et l’anticommunisme - et ce  jusqu’au fin fond du Mexique où sévissent les milices sinarquistes - annonciateur du terrible conflit mondial à venir (terrible discours du héros qui présage  la Shoah). En cela, Huston filme son récit tel un cauchemar éthylique éveillé, peuplé de personnages inquiétants et peu recommandables (le consul nazi, le propriétaire du bordel de campagne et ses nervis, les tueurs de l’homme du bus). Comme sorte de descente aux envers kafkaïenne sans échappatoire possible, si ce n’est la mort. En cela, le cinéaste joue beaucoup sur la symbolique et parsème son récit de références visuelles (parfois roublardes) à la mort, de manière à la faire planer de façon omniprésente sur le film et sur les personnages. Un film fort bien qu’il soit aussi l’un des moins abordables de la filmographie de Huston.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et est proposé en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une préface de Patrick Brion, d’une Conversation avec John Huston : entretien audio d’époque - mis en images - entre le réalisateur John Huston et le directeur de la publication de la revue Positif, Michel Ciment (19 min.), de « Au-dessous du volcan : l’ivresse lucide » : Serge Chauvin, traducteur, critique de cinéma et maître de conférences en littérature et cinéma américains à l’université Paris-X Nanterre, évoque l’appropriation personnelle que fait Huston du roman de Malcolm Lowry (19 min.) et de Notes sur « Au-dessous du volcan » : le réalisateur Gary Conklin capte le travail de John Huston sur le tournage du film (1984, 59 min.).

Édité par Carlotta Films, « Au-dessous du volcan » est disponible en blu-ray depuis le 7 avril 2021.

Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.