Cinéma | ARTHUR RAMBO – 12,5/20

Cinéma | ARTHUR RAMBO – 12,5/20

De Laurent Cantet
Avec Rabah Naït Oufella, Antoine Reinartz, Sofian Khammes

Chronique : Laurent Cantet a peu d’équivalent quand il s’agit d’ausculter la société française. C’est toujours très juste, très précis (Entre les murs, L’Atelier, L’emploi du temps…).
En s’emparant de l’histoire de Medhi Meklat, il trouve un matériel riche pour l’analyser à travers le prisme de l’hyper-connectivité de sa jeunesse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette histoire est sujette à débats et soulève des questions, beaucoup de question.
Sur l’anonymat des réseaux sociaux et l’impunité qu’elle confère, sur la liberté d’expression, le droit à l’oubli… Mais aussi et surtout sur la responsabilité des auteurs de ces messages sans nom ni visage et l’interprétation que des personnes qui n’ en n’ont pas les codes peuvent en faire. Le scandale qui éclabousse la carrière prometteuse de Karim m, double fictionnel de Meklat, fait se télescoper l’intention première de celui qui écrit ses tweets scandaleux qu’il veut purement provocateurs, et leur portée sociétale qui exacerbe toutes les tensions qui tendent le débat social. Grisé par le buzz qu’il crée et pris dans un engrenage qui fait que plus les messages sont trashs, plus ça fait marrer et plus ça like, il ne se rend pas compte que certains peuvent les prendre au premier degré.
La mise en scène de Cantet qui choisit d’afficher les tweets sporadiquement est pertinente. Elle crée un malaise palpable dès le départ tout en gardant de la distance. Le réalisateur ne juge pas son anti-héros, il fait un constat clinique et le laisse à ses contradictions.
Les premières minutes qui opposent les débuts glorieux de l’auteur Karim M et l’horreur des tweets d’Arthur Rambo sont ainsi très prometteuses. Malheureusement, le film se met rapidement à tourner en rond dès que la double identité de Karim est révélée.
La hauteur de vue de la réalisation génère peu d’émotion, les enjeux s’effilochent, et on assiste à une succession de scènes dont on peine à voir l’intérêt. Arthur Rambo ne dure qu’1h30, mais il tire sérieusement en longueur… La faute également à un manque d’incarnation et un jeu d’acteurs inégal. Heureusement, le film se rattrape in extremis dans son dénouement, éclair, brutal et cruel.
Mais on a connu Cantet plus inspiré.

Synopsis : Qui est Karim D. ? Ce jeune écrivain engagé au succès annoncé ou son alias Arthur Rambo qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux…