[CRITIQUE] : La Déesse Agenouillée

[CRITIQUE] : La Déesse Agenouillée
Réalisateur : Roberto Gavaldón
Avec : María Félix, Arturo de Cordova, Rosario Granados,...
Distributeur : Les Films du Camelia
Budget : -
Genre : Drame, Thriller, Judiciaire.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Pour célébrer son anniversaire de mariage, Antonio, un riche aristocrate, organise une fête au cours de laquelle il offre à son épouse, Elena, la statue d’une femme nue agenouillée dont le modèle se trouve être sa maîtresse.

Critique :

En égrainant quelques-uns de ses thèmes les plus chers, Gavaldón, bien aidé par un couple Felix/De Cordova exceptionnel, fait de #LaDéesseAgenouillée la mise en images dévorante du désir ultime, celui qui brûle avec une intensité démesurée et qui nous consume jusqu'à la déraison. pic.twitter.com/fNeV4YrIHh

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 12, 2021

L'importance du cinéma mexicain au coeur des 40s jusqu'au début des 50s n'a pas forcément atteint le Vieux continent, et il n'est jamais trop tard pour que les cinéphiles que nous sommes, puissent s'offrir une petite piqûre de rappel salvatrice, d'autant qu'en plus de son penchant pour le mélodrame fougueux, de nombreuses œuvres sont profondément enracinées dans le film noir, dont le cinéaste Roberto Gavaldón est le plus fier représentant.
Clairement de ses plus beaux efforts, La Déese Agenouillée - La Diosa arrodillada -, plonge son spectateur dans un monde exacerbé de fantasmes et de désirs, tissé autour de l'obsession et de la passion dévorante d'un homme marié (Antonio) pour sa maîtresse (Raquel), une femme fatale qui elle aussi est éprise de lui, et qui n'aura pas peur de commettre l'impensable pour ne pas la perdre.
Fuyant un brin les atmosphères gothiques ou l'esthétique expressionniste du film noir (même si le Rebecca d'Hitchcock n'est jamais loin), Gavaldón focalise toute son attention sur les aventures sentimentales des amoureux.

[CRITIQUE] : La Déesse Agenouillée

Copyright Les Films du Camélia


Comme Sirk, Gavaldón n'a pas peur d'extérioriser les sentiments, mais à la différence du cinéaste ricain, il n'ironise ni ne prend réellement de distance avec ceux-ci, l'obsession représentée ici - celle d'un Antonio tout du long confus avec ce qu'il ressent - vient avant tout du cœur et doit être comprise comme telle (dans toute sa contradiction et sa complexité); la passion est plus forte que la raison et la volonté, et il ne fait que succomber au désir et à l'inconscient qui submergent tout son être (d'ailleurs, jamais le cinéaste ne craint les affres de l'exagération des contrastes entre les deux femmes de la vie d'Antonio).
En égrainant quelques-uns de ses thèmes les plus chers, que ce soit l'importance du temps (nier le passé, fuir les contraintes de l'avenir et ne vivre que dans un présent intense et continuel), du pouvoir du corps (ici celui de Raquel, qui en prend pleinement conscience dans la superbe scène finale face à sa propre statue), la notion d'emprisonnement (qu'il soit sentimental, sociétal ou patriarcal) ou la mort (ici directe, ou on élimine ce qui " gêne " avant que cette décision nous tiraille), Gavaldón, bien aidé par un couple Maria Felix/Arturo de Cordova exceptionnel, fait de La Déesse Agenouillée la mise en images dévorante du désir ultime, de celui qui brûle avec une intensité démesurée, dont on ne délimite la puissance que lorsqu'il est au bord de l'étouffement.
Jonathan Chevrier
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