[CRITIQUE] : Au Coeur du Bois

[CRITIQUE] : Au Coeur du Bois
Réalisateur : Claus Drexel
Avec : -
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Dans le légendaire Bois de Boulogne, Samantha, Isidro, Geneviève et les autres font le plus vieux métier du monde. Entre confidences, humour et dignité, ils et elles nous emmènent au coeur du Bois…

Critique :

Portrait édifiant, frontal et profondément humain évitant tout misérabilisme et voyeurisme putassier, #AuCoeurduBois se fait la voix forte et respectueuse des travailleuses du sexe, dénuée de tout jugement facile tout autant qu'il pointe avec force leur ostracisation séculaire. pic.twitter.com/s8XwyEMG4W

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 9, 2021

On peut, dans un sens, trouver que le hasard des distributions hexagonales fait un poil bien les choses, lorsque l'on voit débarquer simultanément deux films aussi semblables qu'Une femme du monde de Cécile Ducrocq, chronique sociétale et familiale douloureuse sur une prostituée donnant tout - son corps comme son âme - pour le bonheur de son fils; et Au Coeur du Bois de Claus Drexel (que l'on avait quitté il y a peu avec un mitigé premier film fictionnel, Sous les étoiles de Paris), qui pose sa caméra au coeur du bois de Boulogne pour mieux recueillir les témoignages sincères de prostituées transsexuelles et travesties, qui se confient sans concessions.
Deux films qui tendent vers une problématique intéressante si ce n'est essentielle (la précarisation des travailleurs et travailleuses du sexe), même si le cinquième effort de Drexel prend volontairement le contre-pied des documentaires racoleurs pour emballer la dure réalité dans une sorte de cocon de conte de fées, ou le bois retrouverait son aura légendaire et fantastique.

[CRITIQUE] : Au Coeur du Bois

Copyright Nour Films


Nouvelle pièce d'un édifice cinématographique vissé sur la mise en images humaniste du quotidien des marginalisés de notre société, aussi volontairement décomplexée et empathique qu'il est d'une justesse à toute épreuve, le documentaire se fait la collection d'une pluie de témoignages d'intervenantes issues d'un univers habituellement invisible - alors qu'il est parti intégrante de notre monde -, mais à qui Drexel laisse le pouvoir de s'exprimer librement sur leurs vies et conditions, en fixant son - mais aussi notre - attention sur elles.
Dans une lumière automnale chatoyante, chacune, de tous âges et nationalités, racontent leurs parcours divers et variés (tordant même au passage quelques idées préconçues prisent pour des vérités générales) au fil de séquences à la fois drôles et émouvantes mais dont la légèreté/bienveillance évidente ne laisse jamais la souffrance ni la violence de côté (de la précarité aux difficultés de la transidentité, en passant par le danger de risquer sa vie chaque jour et le manque cruel de protection sociale).
Portrait édifiant, frontal et profondément humain évitant tout misérabilisme et voyeurisme putassier, Au Coeur du Bois se fait la voix respectueuse des travailleuses du sexe, dénuée de tout jugement facile tout autant qu'il pointe avec force leur ostracisation séculaire.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Au Coeur du Bois