Serre moi fort

Serre moi fortTortueux et dramatique

Pitcher, c’est spoiler. Pour cette raison, « Ça semble être l’histoire d’une femme qui s’en va » convient parfaitement à ce film.

Mathieu Amalric adapte une pièce de théâtre tout en déstructurant la narration et en usant d’ellipses vertigineuses. Pris dans le tourbillon de ce scénario oscillant sans cesse entre réel et imaginaire, passé et présent, la vie et la mort ; le spectateur est perdu et essaie de reconstruire le récit à l’image de l’héroïne essayant de se reconstruire elle-même. Ça ne vous rappelle rien ce type de film. « The father » frappait fort en début d’année en usant à peu près des mêmes subterfuges narratifs, ce film fait office de redite, la puissance en moins. La légèreté n’est pas mise ici, on est dans un mélodrame assumé à la Douglas Sirk, Amalric le revendique. Ce type de construction reste casse gueule, quelques vignettes ne sont pas toujours bien connectées entre elles ; cependant il s’en sort malgré tout très bien. On est captivé durant tout le film, à vouloir comprendre l’enchainement des événements. Dans la dernière demi-heure, lorsque l’on a tout saisi, on peut avoir l’impression d’assister à un exercice de style se résumant à perdre sans cesse le spectateur. Et au terme du film, on se dit que sans cet exercice virtuose sur un film, avec un scénario aussi malingre, le film n’aurait guère d’intérêt. Happé par le film, mais partagé une fois la lumière rallumée dans la salle.

Sorti en 2021

Ma note: 14/20