[CRITIQUE] : Delphine et Carole, Insoumuses

[CRITIQUE] : Delphine et Carole, Insoumuses
Réalisatrice : Callisto McNulty
Acteur : -
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Suisse.
Durée : 1h18min
Synopsis :
La rencontre entre l'actrice mythique Delphine Seyrig et l’artiste Carole Roussopoulos nous conduit au cœur du féminisme des années 1970. Caméra vidéo au poing, elles vont s'engager dans des combats radicaux avec insolence, intransigeance et beaucoup d'humour.

Critique :

Follement instructif, respectueux et entraînant,#DelphineEtCaroleInsoumuses se fait une restitution affûtée des combats féministes des années 60 et 70, ou l'enjeu était autant de changer les choses que de graver ses mouvements essentiels dans le marbre éternel de la pellicule. pic.twitter.com/zFUXajMKZs

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 14, 2021
À une ère post-#MeToo encore prégnante, il y a quelque chose de fondamentalement frustrant à l'idée de se dire qu'une oeuvre aussi importante que peut l'être celle de la réalisatrice (et petite-fille de Carole Roussopoulos, dont elle reprend l'idée directrice) Callisto McNulty, sobrement intitulée Delphine et Carole, Insoumuses, soit condamnée à une sortie si ce n'est en catimini, au minimum férocement amputée.
Sa distribution difficile n'est pas tant à blâmer que le manque cruel de lumière alloué à cette sortie (et nous en sommes tous, un peu, fautif), flanquée au milieu de grosses cylindrées - le dernier 007 en tête -, vampirisant une attention dont ils n'ont pas fondamentalement besoin vu l'événement qu'ils incarnent auprès du grand public.
Témoignages essentiels, images de manifestations et d’action féministe ou encore interviews télévisuels composent ce documentaire alerte et captivant embaumé dans un noir et blanc élégant, qui jette un regard nouveau sur la remarquable carrière de l'actrice française Delphine Seyrig (partie trop tôt en 1990), qui fut avec la cinéaste Carole Roussopoulos (qui nous a quitté en 2009) l'une des féministes les plus marquantes de son époque.

[CRITIQUE] : Delphine et Carole, Insoumuses

Copyright Alba Films


Follement instructif et entraînant, l'effort se fait une restitution affûtée des combats féministes des années 60 et 70, ou l'enjeu était autant de changer les choses - dans un mélange vibrant de dérision et d'amertume - que de graver ses mouvements dans le marbre de la pellicule, marque ultime d'un affranchissement et d'une liberté jusqu'alors réprimée.
La chute est d'autant que plus dur puisque cinquante ans après, les débats et les combats restent les mêmes au sein d'une société conservatrice et fondamentalement misogyne, tout autant qu'au coeur d'une industrie cinématographique au patriarcat inscrit presque jusqu'au plus profond de son ADN.
Vrai regard didactique et respectueux sur l'évolution et la réalité de la condition féminine (à l'heure du manifeste des 343 salopes, où les femmes se devaient de se conformer au désir des hommes), Delphine et Carole, Insoumuses n'a finalement pour seul défaut que sa durée, tant les soixante-dix minutes semblent bien trop courtes vu le sujet fascinant qu'elles exposent.
Face à la dureté et la violence de la misogynie, Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos répondaient avec un esprit contestataire puissant et (intelligemment) désinvolte mais jamais revanchard.
Plus que des pionnières, elles étaient des exemples à suivre pour une lutte plus que jamais actuelle et entière.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Delphine et Carole, Insoumuses