Le trou normand

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le trou normand » de Jean Boyer.

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« Faut pas te prendre pour un Monsieur parce que tu as changé de souliers ! »

Dans un petit village du Nord de la France, Hippolyte Lemoine est connu de tous : trentenaire un peu naïf qui n'a pas fait grand chose de sa vie, il hérite d'un restaurant "Le trou Normand" à la mort de son oncle. Il y a cependant une condition à ce legs : Hippolyte doit passer son certificat d'études. Les choses se compliquent lorsque sa tante, belle-sœur et maîtresse du défunt, jalouse de son neveu, tente tout pour le faire échouer. Mais Hippolyte peut compter sur ses amis : le maire, l'instituteur et la fille de ce dernier dont il tombe amoureux...

« Si tu vas aussi vite à l’école tu finiras premier à Polytechnique ! »

Le_trou_normand_Bourvil

Fils d’un célèbre chansonnier du début du siècle, Jean Boyer baigne très tôt dans le monde de la chanson et dans l’univers des cabarets parisiens. Débutant lui-même comme chansonnier, il écrit quelques succès avant de s’attirer les grâces de l’industrie cinématographiques qui, avec l’avènement du parlant, lui commande des couplets pour des films musicaux. Ce qui l’amènera de fil en aiguille à devenir scénariste puis réalisateur dès le début des années 30. Cinéaste prolifique, sa filmographie est résolument placée sous le signe du divertissement populaire et de la bonne humeur. Il dirige ainsi pendant près de trente ans les plus grands acteurs de comédie de son époque : Fernandel (neuf collaborations dont « Sénéchal le magnifique » et « Les vignes du seigneur »), Bourvil (« Le passe-muraille »), Darry Cowl (« Bouche cousue ») ou encore Fernand Raynaud (« C’est pas moi c’est l’autre »). Mais Boyer fut aussi l’auteur de nombreux films musicaux légers et joyeux portés par les plus grandes vedettes musicales du moment : Charles Trenet (« La romance de Paris »), Georges Guétary (« Les aventures de Casanova »), Line Renaud (« La Madelon ») ou encore Ray Ventura (« Mademoiselle s’amuse »).

« J’apprends bien mais j’oublie vite ! »

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Si « Le trou normand » est avant tout une célèbre coutume gastronomique normande visant à entrecouper un repas d’un verre de calvados, pour Jean Boyer, c’est surtout le nom de l’auberge qui trône au beau milieu d’un village normand. Mais suite au décès de son propriétaire, cette lucrative affaire suscite alors la convoitise ardente de tous ses héritiers potentiels. A l’exception du brave Hippolyte,  neveu du défunt et idiot du village, qui devra néanmoins décrocher son certificat d’études pour pouvoir hériter de l’affaire. Fort d’un postulat improbable, Jean Boyer signe ici une comédie populaire sise dans la France profonde et rurale de l’après-guerre, dont la construction narrative repose sur une série de décalages et d’oppositions : entre le monde cynique des adultes et celui plus léger des enfants, mais aussi entre le monde moderne et superficiel des villes et celui plus traditionnel des campagnes, ou encore entre la bassesse des gens bien-nés et la naïveté de ceux qui ont été moins gâtés par le destin. Avec en son centre, le personnage d’Hippolyte qui n’est jamais véritablement à sa place nulle part (tant chez les enfants que chez les adultes). A ce titre, « Le trou normand » vaut principalement pour l’impeccable interprétation de Bourvil, excellent dans ce rôle de grand benêt naïf auquel il sera souvent abonné, et dont les facéties donnent au film toute sa truculence et sa fraicheur. Qu’il fasse le pitre en classe, se fasse grossièrement posséder par des journalistes, chante des chansons gentiment potaches ou courtise maladroitement sa cousine trop jolie pour lui, c’est lui qui offre ainsi les meilleures scènes du film. Face à lui, la débutante Brigitte Bardot, qui fait alors ses grands débuts devant la caméra, bouffe déjà l’écran. Sans être la comédie du siècle, « Le trou normand » demeure néanmoins une joyeuse fantaisie familiale, teintée d’une humanité et d'une morale très Troisième République (pourtant déjà terminée) sur l’importance de l’école et du mérite. Sympathique.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale française (DTS-HS). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Présentation inédite du film par Pascal Delmotte, spécialiste de Bourvil.

Édité par Gaumont, « Le trou normand » est disponible en blu-ray depuis le 22 septembre 2021.

Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.