The boys next door

Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « The boys next door » de Penelope Spheeris.

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« J’ai tout le temps envie de tuer des gens »

Roy Alston et Bo Richards sont deux adolescents marginaux qui s’ennuient ferme au lycée. Fraîchement diplômés, ils n’ont d’autre perspective qu’une vie de dur labeur à l’usine locale.

Pour leur dernier week-end de liberté, ils décident de partir en virée à Los Angeles. Les années de rage et de frustration contenues vont déclencher en eux une véritable folie meurtrière…

« Ces types-là ne voient pas leurs victimes comme des être humains »

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Cousine éloignée du réalisateur franco-grec Costa Gavras, Penelope Spheeris se fait d’abord connaitre dans les années 70 et 80 comme une figure des milieux underground, et plus spécifiquement du mouvement punk auquel elle consacre alors plusieurs documentaires (dont « The decline of western civilization », 1981).Forte de la reconnaissance ainsi obtenue dans le domaine du documentaire, elle se lance au début des années 80 dans le grand bain du cinéma de fiction, sous le parrainage du prolifique producteur de séries B Roger Corman. Évoluant longtemps en marge des grands studios, sa filmographique restera néanmoins toujours imprégnée de contre-culture et d’une forme de punk attitude, qu’elle cultivera aussi bien dans ses thrillers (« Suburbia ») que dans ses comédies (« Dudes », « Wayne’s world »). Sorti en France en 1985 sous le titre (un peu opportuniste) « De Sang-froid », « The boys next door » est son deuxième long-métrage de fiction pour le cinéma.

« Je me sens bizarre. J’arrive pas à croire qu’on ait fait ça ! »

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En Amérique, les années 80 voient le cinéma hollywoodien replacer la jeunesse au centre du jeu en produisant des films pour les jeunes et dont les jeunes sont résolument les héros. Qu’il s’agisse de science-fiction (« Retour vers le futur », « Gremlins »), de drame (« Stand by me ») ou d’aventures « Les Goonies »). Avec en prime l’émergence d’un nouveau sous-genre que constitue la comédie de lycée (« Breakfast club », « La folle de journée de Ferris Bueller », « Trois heures l’heure du crime »…). Surfant sur cette thématique, Penelope Spheeris prend cependant le contre-pied des cinéastes phares du genre (John Hughes, Robert Zemeckis) en s’intéressant ici à la face la plus sombre de cette jeunesse américaine des années 80. Loin des univers policés et rassurants des teen movies habituels, « The boys next door » suit ainsi la virée sanglante et meurtrière de deux lycéens d’apparence ordinaire (comme le souligne son titre original), qui donnera lieu à un polar tendu et à l’ambiance particulièrement délétère. Clairement, le film doit sa réussite à son scénario malicieusement construit en forme de spirale (qui s’ouvre sur le mauvais canular d’un contour de cadavre dessiné à la craie sur le sol et se ferme sur une scène de crime réelle), qui donne au récit une impression d’engrenage infernal, dont la tension monte crescendo, et que rien ne pourra arrêter. Mais le film vaut aussi pour ses personnages très bien dessinés de jeunes lycéens asociaux et inquiétants, qui exorcisent par ce déchainement de violence meurtrier les démons qui les rongent (refoulement d’une homosexualité et/ou d’une impuissance sexuelle pour l’un, frustration sentimentale et sexuelle pour l’autre). A travers eux, Penelope Spheeris brosse, en creux, le portrait d’une certaine Amérique des années 80, avec ses villes coupe-gorge gangrénée par la criminalité et la dépravation, sa jeunesse à la dérive et sa fascination pour les armes. Libre relecture de « La balade sauvage » version urbaine,  « The boys next door » reste ainsi, encore aujourd’hui, un thriller policier très efficace, qui plus est porté par deux acteurs débutants particulièrement prometteurs (Maxwell Caulfield et, surtout, Charlie Sheen).

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré 4k, en version originale américaine 1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné des modules « Journée préhistorique » : entretien avec Penelope Spheeris et Maxwell Caulfield (2015, HD, 21 min.) et « Le Touriste psychotronique » : voyage sur les lieux du tournage (2019, HD, 14 min.). Un Générique alternatif, 2 scènes alternatives (HD, 5 min.) et une Bande-annonce viennent compléter cette riche édition.

Édité par Carlotta Films, « The boys next door » est disponible dans la « Midnight collection » en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 19 mai 2021.

Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.