Le Bal des 41 (2021) de David Pablos

Nouveau film du réalisateur mexicain David Pablos qui aborde une nouvelle fois un sujet social et délicat après le le machisme au sein d'une famille dans "Una Frontera, Todas las Fronteras" (2010), les abus sexuels dans le milieu du sport dans "La Caida" (2017) et les réseaux de prostitution au Mexique dans le très remarqué "Les Elues" (2015). Cette fois il nous fait voyager un peu plus loin dans le temps en abordant l'homosexualité via un fait réel, connu au Mexique comme le Bal des Quarante et un maricones (Tout savoir ICI !), où une descente de police en 1901 s'est effectuée dans un lieu où une quarantaine d'hommes s'étaient réunis pour une orgie. Pas difficile d'imaginer le scandale à cette époque et dans un pays profondément catholique. Le scénario est signé de Monica Revilla, qui a travaillé ces dernières années pour plusieurs séries TV mais qui est surtout connue pour ses documentaires comme "20 y mas por el Arte" (2013), "Café" (2015) ou encore "Porfirio Diaz, 100 Anos sin Patria" (2015)... Mexique au crépuscule du 19ème et à l'aube du 20ème siècle, Ignacio de la Torre épouse la fille du président Porfirio Diaz et a une ambition politique non feinte. Mais Ignacio a une double vie et fait partie d'un club privé où une quarantaine d'hommes de la haute société se réunissent pour des orgies homosexuelles. Mais l'arrivée d'un 42ème membre, et les doutes de son épouse qui se sent délaissée vont fissurer le bonheur apparent de Ignacio...

Le Bal des 41 (2021) de David Pablos

Le casting est à 100% mexicain et composé d'acteurs essentiellement connus dans leur pays. Le rôle principal de Ignacio est incarné par Alfonso Herrera surtout populaire grâce à des séries TV comme "Clase 406" (2002-2003) et "L'Exorciste" (2016-2017), et vu dans assez peu de films plus habitué au doublage notamment pour les films d'animation (2013) et "Les Minions" (2015). Son épouse est interprétée par Mitzi Mabel Cadena vue dans des séries TV dont "Capadocia" (2012) ou encore "Las Malcriadas" (2017). Le président Diaz est incarné par Fernando Becerill qu'on a pu apercevoir dans des filsm hollywoodiens comme (1999) de Antonia Bird et "La Légende de Zorro" (2005) de martin Campbell. Citons aussi Carolina Politi vue dans "Temporada de Patos" (2005) et "Club Sandwick" (2011) tous deux de Fernando Eimbecke, Alavaro Guerrero vu dans "Amours Chiennes" (2000) de Alejandro Gonzales Inarritu et dans "La Ultima Muerte" (2011) de David Ruiz, puis enfin et surtout Emiliano Zurita vu dans "Angel Caido" (2010) de Arturo Anaya et "No, Porque me Enamoro" (2020) de Santiago Limon... Drame historique peu connu même au Mexique où cet événement a surtout laissé une trace indélébile. En effet l'affaire fut un tel scandale que le 41 est carrément banni au Mexique comme le précise l'essayiste mexicain Francisco L. Urquizo : "Au Mexique, le numéro 41 n'a aucune valeur et il est offensant pour les mexicains (...) L'influence de cette tradition est telle que même dans les affaires officielles on passe sous silence le numéro 41. Il n'y a dans l'armée ni division, régiment ou bataillon qui porte le numéro 41. Ils arrivent jusqu'au 40 et de là ils passent au 41. Il n'y a pas d'état du personel avec la ligne 41. Dans les nomenclatures municipales, il n'y a pas de maisons qui portent le numéro 41. Personne ne fête ses 41 ans, de 40 on passe à 42. Pas une automobile ne porte une plaque avec 41, et aucun policier ou agent n'accepte ce nombre."... Un état de fait, des conséquences assez incroyables pour qu'on s'intéresse un temps soit peu à cette affaire taboue encore aujourd'hui. Le film débute par le mariage de Ignacio et la fille du président une dizaine d'années avant le scandale de 1901.

Le Bal des 41 (2021) de David Pablos

Un début assez impressionnant, une reconstitution magnifique, des décors et des costumes somptueux et quelques plans de toute beauté qui lorgne sur les chefs d'oeuvres romanesques de ou (toute proportion gardée !). La mise en scène est particulièrement élégante, en adéquation idéale avec le "luxe, calme et volupté" (surtout pour eux !) ambiant. Malheureusement, le scénario se focalise beaucoup trop sur un seul trio amoureux, soit l'épouse bafouée, l'époux gay et son amant. A tel point que les 40 autres ne sont là que pour montrer le club réunit dans les soirées orgiaques. Il faut alors rappeler que la présence de Ignacio n'a jamais été prouvé bien que les spéculations ont toujours existé. Il est logique et judicieux de l'utiliser comme fil conducteur, mais il est dommage que quasi tout le film repose essentiellement sur cette partie fictive alors qu'il auarit été plus intéressant de s'attarder sur ce club de façon plus général. Par là même, la fin est un peu trop vite expédiée, comme le fait que les 41 arrêtés ont été embrigadé de force dans l'armée et que les noms ont été tenu secret. Ce choix narratif est donc litigieux voir maladroit. Néanmoins le film démontre parfaitement le poids des convenances, des normes sociales, d'autant plus quand on est homosexuel dans un pays très catholique. Le dernier acte est une tragédie à la fois émouvante et terrifiante même si c'est un peu expédié quant aux réelles conséquences des 41. Les acteurs sont magnifiques, crédibles de bout en bout, juste à chaque instant ce qui n'est pas un détail sur un tel sujet. En conclusion, un très beau film, merveilleusement interprété dans un bel écrin tout aussi joliment mis en scène. La seule déception étant ce monopole du trio amoureux. On frôle le grand film, cela reste donc un très bon film historique.

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