Un Prince à New-York (1988) de John Landis

Voici un projet estampillé 100% Eddie Murphy, bien qu'il y ait eu un procès sur le droits ensuite. En effet, un premier scénario a été écrit par Art Buchwald en 1982 pour la Paramount et Eddie Murphey alors star montante, mais le projet sera repoussé, réécrit puis enterré en 1985. Quand ensuite la Warner lance un "nouveau" projet en 1987 d'après une histoire originale de Eddie Murphy. Logiquement Buchwald intente un procès en 1990 qu'il gagne en raison des similitudes évidentes et sera dédommagé à 900 000 dollars. Néanmoins, Murphy est à l'origine du film, dont l'histoire sera scénarisé par le duo David Sheffield et Barry W. Blaustein qui venait de connaître un joli succès en salles avec "Police Academy 2 : Au Boulot !" (1985) de Jerry Paris. Les deux auteurs travailleront à nouveau avec Murphy pour le dyptique "Le Professeur Foldingue" (1996) de Tom Shadyac et "La Famille Foldingue" (2000) de Peter Segal. Pour la réalisation, c'est John Landis qui s'y colle, cinéaste ayant déjà connu quelques succès comme le cultissime "The Blues Brothers" (1980) et "Le Loup-Garou de Londres" (1981), puis surtout "Un fauteuil pour Deux" (1983) après lequel il retrouve donc Eddi Murphy qui n'était pas encore la star hollywoodienne qu'il est devenu entre temps. Le film reçoit des critiques mitigées mais demeure un succès au box-office amassant plus de 10 fois la mise, avec un budget de 28 millions de dollars...

Un Prince à New-York (1988) de John Landis

Dans le royaume de Zamunda, le prince Akeem fête ses 21 ans et par là même sa majorité officielle. Son père, le Roi, organise d'ores et déjà le mariage arrangé rêvé mais Akeem désire une femme qu'il aime et qui l'aimera en retour. Exceptionnellement, le Roi donne 40 jours à son fils, accompagné de son fidèle ami Semmi, pour profiter avant son mariage. Akeem choisit alors de partir pour le Queens à New-York... Le prince est logiquement incarné par Eddie Murphy, comédien vedette du désormais fameux Saturday Night Live (1980-1984), après un premier rôle dans "48 Heures" (1982) de Walter Hill il est devenu une star grâce à son personnage de Axel Foley dans "Le Flic de Beverly Hills" (1984) de Martin Brest et "Le Flic de Beverly Hills 2" (1987) de . Son fidèle Semmi est joué par Arsenio Hall, humoriste américain peu connu chez nous mais qui retrouvera son partenaire Eddie Murphy dans "Les Nuits de Harlem" (1989). Le roi est incarné par James Earl Jones vu entre autre dans "Conan le Barbare" (1982) de John Milius mais aussi et surtout connu comme étant la voix d'un certain Dark Vador dans la saga "Star Wars" (1977-2019). La belle new-yorkaise est interprétée par Shari Headley, qui sera surtout connue pour la série "La Force du Destin" (1991-1994), tandis que son père est joué par John Amos, ex-joueur du football US reconverti vu dans "Dar l'Invincible" (1982) de Don Coscarelli et "Haute Sécurité" (1989) de John Flynn. Et on remarquera deux débutants, Cuba Gooding Jr. qui sera surtout révélé avec "Boyz n the Hood" (1991) de John Singleton et "Jerry Maguire" (1996) de Cameron Crowe, puis Samuel L. Jackson qui explosera réellement avec "Pulp Fiction" (1994) de Quentin Tarantino et "Une Journée en Enfer" (1995) de John McTiernan... Le casting apporte son lot de références, par exemple le surnom Kunta Kinte du prince renvoie à la série TV "Racines" (1977-1979) dans laquelle jouait les deux papas John Amos et James Earl Jones, et ce dernier dit "No. Do not alert him to my presence. I shall deal with him myself." qui renvoie à une célèbre réplique de Dark Vador : "No. Leave them to me. I will deal with them myself"... Par ailleurs, le nom fictif du pays Zamunda est un terme imaginé par le comédien Richard Pryor pour une tribue fictive dans ses sketchs. Mais avec ce casting, ce générique, ce qui frappe avant tout dans le film est le show du duo Murphy-Hall qui incarne chacun pas moins de quatre personnages !

Un Prince à New-York (1988) de John Landis

Les deux comiques font donc leur show en s'accaparant à eux seuls 8 personnages soit pas loin de 50% des rôles centraux. Mais ce choix est aussi une facilité qui a ses travers. Ainsi tous les maquillages ne sont pas franchement probants (il paraît que Murphy a réussi à passer pour un blanc dans les studios en incognito ?! Mouais c'est ça...), il apparaît surtout que les 6 personnages secondaires apparaissent dans des séquences qui font surtout effet sketch, mal intégré au récit, d'abord parce que les maquillages créent un décalage et sort ces passages du fil directeur, puis aussi parce que les deux vedettes surjouent la plupart d'entre eux. Mais on sait aujourd'hui que Eddie Murphy affectionne ce procédé récréatif (pour lui !) puisqu'il en abusera jusqu'à l'overdose dans plusieurs futurs films dont les Foldingues ou encore "Un Vampire à Brooklyn" (1995) de Wes Craven. Il nous vient donc la question : à part se faire plaisir à lui seul, à quoi cela sert-il vraiment pour le film ?! À rien... Le scénario est basique et cousu de fil blanc mais il faut avouer qu'il se passe toujours quelque chose, de multiples trouvailles parsèment le récit, autant dans les gags que dans l'évolution des moeurs, sans compter une importance non négligeable de la bande-son. La caricature des protocoles princiers poussée à l'absurde, le choc des cultures, les relations hommes-femmes... sans tomber non plus dans l'anti-racisme primaire. Néanmoins, l'humour manque de punch, trop sage presque ou carrément trop lourd notamment dans son sexisme malheureusement inhérent à son époque. Le rythme autant dans son tempo que dans son contenu est la force du film puisqu'on ne s'ennuie jamais. Mais rien de bien folichon, une comédie dans la moyenne hollywoodienne du cinéma de consommation pop corn, ni plus ni moins. Pour l'anecdote, la relation entre Landis et sa star Murphy fut tendue sur ce tournage (le réalisateur trouvant que l'acteur avait eu la grosse tête depuis "Un fauteuil pour Deux"), mais les deux hommes se retrouveront pourtant pour "Le Flic de Beverly Hills 3" (1994).

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

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