[CRITIQUE] : Les Mitchell contre les machines

[CRITIQUE] : Les Mitchell contre les machines

Réalisateurs : Michael Rianda et Jeff Rowe
Avec les voix de : Abbi Jacobson, Danny McBride, Maya Rudolph, Olivia Colman,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Animation, Comédie, Famille
Nationalité : Américain
Durée : 1h54min
Synopsis :
Katie Michell, jeune fille passionnée à la créativité débordante, est acceptée dans l'université de ses rêves. Alors qu’elle avait prévu de prendre l’avion pour s’installer à l’université, son père Rick, grand amoureux de la nature, décide que toute la famille devrait l’accompagner en voiture pour faire un road- trip mémorable et profiter d’un moment tous ensemble. Linda, mère excessivement positive, Aaron, petit frère excentrique, et Monchi, carlin délicieusement joufflu, se joignent à Katie et Rick pour un ultime voyage en famille. Mais le programme des Mitchell est soudainement interrompu par une rébellion technologique : partout dans le monde, les appareils électroniques tant appréciés de tous – des téléphones aux appareils électroménagers, en passant par des robots personnels innovants – décident qu’il est temps de prendre le contrôle. Avec l’aide de deux robots dysfonctionnels, les Mitchell vont devoir surmonter leurs problèmes et travailler ensemble pour s’en sortir et sauver le monde !

Critique :

Par un style joyeusement foutraque, misant sur la créativité visuelle plutôt qu’un récit - cliché,#LesMitchellcontrelesmachines délivre un joli mais lisse message sur les liens d’une famille conventionnelle malgré l’envie de la présenter comme dysfonctionnelle. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/yVkvbUoBJb

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 30, 2021

Deux des scénaristes de la géniale série d’animation Gravity Falls s'associent pour réaliser leur premier long métrage d’animation. Les Mitchell contre les machines sort directement de l’esprit du réalisateur Michael Rianda, qui a écrit et co-réalisé ce film d’animation avec son collègue, Jeff Rowe. Produit par Sony Animation, le film finit par être vendu à une plateforme (ici Netflix), comme bon nombres de films avant lui (merci la pandémie). Il serait pourtant dommage de laisser le métrage sombrer parmi l’immense catalogue de la plateforme, surtout si vous êtes partant pour un moment fun, couplé avec une animation de qualité.
Depuis La Grande Aventure LEGO, les noms de Phil Lord et Chris Miller s’accompagnent généralement d’un bon box-office. Co-scénaristes et producteurs de Spider-Man : New Generation, le duo s’est affirmé comme porte-étendard d’un style pop-art enlevé, où la créativité devient le maître-mot. Il ne faut donc nullement s'étonner de voir dès les premières secondes de Les Mitchell contre les machines, une animation colorée et visant un humour proche des mèmes Internet. Le récit s’enroule même autour de cette rhétorique, et développe l’histoire d’une famille montrée comme dysfonctionnelle se désagréger à cause de la technologie. Le but du film est de les reconnecter, dans le sens le plus large possible.

[CRITIQUE] : Les Mitchell contre les machines

Copyright 2020 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH


Michael Rianda s’est inspiré de sa propre expérience d’adolescent et de sa relation avec sa famille pour créer la famille Mitchell, sur le point de se déchirer à tout jamais. Les Mitchell contre les machines prend le point de vue de Katie, l’aînée de la famille, une réalisatrice en herbe. Si l’adolescente s’entend parfaitement avec son petit frère Aaron et sa mère Linda, sa relation avec son père est, au contraire, très tendue. Les deux se trouvent aux extrêmes : Rick, le père, est un homme de la nature qui rejette toute forme de technologie, tandis que sa fille est un pur produit de son temps, surfant sur la vague de cette nouvelle forme de communication pour créer son langage cinématographique. Rick ne s’intéresse pas à ce que produit sa fille, et Katie s’enferme dans sa frustration de ne pas se sentir encouragée. Dans une volonté de se rapprocher d’elle, Rick fomente un road-trip familial de dernière minute, pour accompagner Katie dans l’université de ses rêves. Sans le savoir, ce choix sera la raison de leur survie d’une invasion de robots ! Et l’occasion de se rabibocher autour d’un propos sur l’importance de la famille et de son amour inconditionnel.

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Copyright Netflix


Parce qu’il prend le point de vue de Katie dès le départ, dans une introduction dynamique et humoristique, le film s’approprie son style et forme un langage visuel coloré et comique, issu des mèmes et autres joyeuseté d’Internet. L’animation va alors jouer avec différentes incrustations en 2D  et quelques arrêts sur images, ce qui lui confère une atmosphère gentiment foutraque, peut-être un peu too much par moment. Le problème vient du fait que les deux auteurs choisissent souvent la facilité dans leur narration pour faire avancer l’histoire. Le propos sur les dangers de la technologie ou sur l’importance de la famille pour la construction identitaire est à la fois éculé et profondément ennuyeux. Cependant, Michael Rianda et Jeff Rowe y mettent tellement d’énergie et de créativité, qu’on leur pardonnerait presque ces quelques défauts. Parce que des idées, le film en a à la pelle ! Que ce soit des Furby tueurs, les films réalisés par Katie, ou Monchi, mi-chien, mi-cochon, mi-pain de mie, tout est fait pour devenir une bonne tranche de rigolade. Les Mitchell contre les machines arrive également à distiller une émotion réelle sur la relation père/fille, bien plus complexe que prévu. De quoi humidifier un peu les yeux les plus sensibles.

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Par un style joyeusement foutraque, misant sur la créativité visuelle plutôt qu’un récit moins cliché, Les Mitchell contre les machines délivre un joli mais lisse message sur les relations d’une famille conventionnelle malgré l’envie de les présenter comme dysfonctionnelle. Le film montre surtout l'animation comme le vecteur infini de l’imaginaire artistique.
Laura Enjolvy
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