Rollerball

RollerballDu pain et des jeux

Dès les premières minutes, on est frappé par les choix artistiques et esthétiques de Norman Jewison si proches du film de Stanley Kubrick sorti 4 ans plus tôt, « Orange mécanique ». Même utilisation des zooms, de la musique classique (ici le superbe « Toccata et fugue » de J.S. Bach), de l’architecture massive béton et verre, pour des thématiques aussi très voisines ; comment une société peut broyer les individus sortant de la masse ?

Le pitch est simple pour ce film d’anticipation tourné en 1975 et qui se projette en 2018 !!! En 2018 donc, les Etats ont disparus au profit de 6 cartels gérant chacun d’eux un besoin vital humain (Alimentation, Energie, Transport,…) pour le bien de tous puisque les guerres tout comme la pauvreté ou la famine ont été éradiquées. « Le meilleur des mondes » dirait Aldous Huxley ; que nenni, puisque cette société nie l’individu au profit du collectif. Eloquent sur un point déjà, les GAFA ne prennent-ils pas le pas sur les Etats, ne sont-ils pas déjà des supra Etats nous vendant un monde meilleur normé et prêt à consommer ? Donc plus de politique, ce sont les cadres qui ont pris le pouvoir, et pour assouvir le besoin d’adrénaline des foules, rien de mieux que du pain et des jeux. Et c’est le rollerball, sport violent entre le hockey, la boxe, le foot US qui jouera le rôle de catharsis ; le confort matériel ne suffirait à obtenir un peuple bien docile.

Et en face de ce système hyper puissant, un homme pense pouvoir faire vaciller l’organisation ; Jonathan E qui est ni plus ni plus moins que le meilleur joueur de rollerball ; adulé des foules. Portant ce numéro 6 comme l’illustre « Prisonnier », hasard ou clin d’œil, il refuse de prendre sa retraite et commence à prendre conscience que par ce choix il fait de l’ombre au système. Rien de prédestinait cet homme à remettre en cause le système, on assiste alors chez lui à l’éveil progressif d’une conscience politique. L’écriture est minimaliste, James Caan (Jonathan E dans le film) s’en plaignit, et c’est bien la vraie faiblesse d’un film s’étirant sur 2h10. Heureusement que les scènes d’action à la violence crescendo viennent apporter du rythme au film ; surtout que près de 50 ans plus tard, elles sont toujours aussi percutantes.

Une référence parmi les distopies cinématographiques des 70’s que l’on prend plaisir à revoir et qui pose de bonnes questions sur la violence, le sport catalyseur de cette dernière, l’individu écrasée par la société. Juste une consistance trop légère pour tenir sur la durée.

Sorti en 1975

Ma note: 13/20