Le journal

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le journal » de Ron Howard.

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« Si tu fais ce travail pour l’argent alors ne le fais pas. Change de métier car tu seras malheureux. On ne fait pas fortune dans le journalisme ! »

Henry Hackett est un directeur de rubrique d’un journal à sensation new-yorkais qu’il s’apprête à quitter pour une rédaction prestigieuse… surtout pour satisfaire sa femme enceinte. Il lui reste une journée pour trouver une dernière Une : contre sa supérieure et les apparences, il se donne alors comme mission de prouver l’innocence de deux jeunes noirs arrêtés pour meurtre. La course contre la montre commence.

« Félicitations, vous êtes devenue tout ce que vous détestez ! »

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En Amérique peut-être encore plus qu’ailleurs dans le monde, les journalistes jouissent d’un statut à part. Comme s’ils étaient au fond les derniers garants d’une certaine vérité, d’une certaine transparence pour juger de l’action publique. Une autorité morale, qui va bien au-delà de la liberté d’expression inscrite dans la constitution. Au cinéma, où l'on peut presque considéré que les films sur le journalisme constituent un sous-genre à part entière, ils apparaissent le plus souvent comme des héros, des redresseurs de torts, prêts à braver les pressions et les menaces pour faire éclater des vérités pas toujours belles à voir. Qu’il s’agisse de scandales politiques (« Les hommes du Président », « Pentagon Papers », « Truth : le prix de la vérité », « Good night and good luck »), d’affaires de mœurs (« Spotlight », « The front runner ») ou d’erreurs judiciaires manifestes (« Appelez Nord 777 », « L’inexorable enquête »). Entre deux grosses productions (« Horizons lointains » et « Apollo 13 »), Ron Howard s’intéresse lui aussi aux journalistes avec « Le journal », qui sort sur les écrans en 1994.

« Nous ne sommes pas le Post. On met des titres à la une parce qu’on les trouve marrants. On traite de sujets qui font vendre. Mais on n’a jamais publié de fausse information jusqu’à ce soir »

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« Le journal » est ainsi construit comme une chronique de l’univers journalistique, vue par le prisme de la rédaction d’un petit tabloïd new-yorkais. Une chronique formidablement documentée et pour cause, puisque l’un des scénaristes du film, Stephen Koepp, a été journaliste au sein de la rédaction du célèbre Time Magazine. On y suit ainsi le quotidien d’Henry Hackett, directeur de rubrique débordé, devant à la fois repérer les scoops, gérer les problèmes et les égos des journalistes de son équipe, et faire valoir ses choix auprès d’une direction pas toujours conciliante. Mais si l’homme est las d’évoluer dans un journal de seconde zone, plus enclin à traiter de faits divers souvent anecdotiques, il voit dans une banale affaire de meurtre une erreur judiciaire manifeste à même de relancer sa carrière et la réputation de son journal. L’occasion pour Ron Howard de signer un film chorale alerte et plutôt léger sur la vie des journalistes, dont il traduit parfaitement l’urgence et la constante effervescence (gestion des égos au sein de la rédaction, défense de ses sujets en comité de rédaction...). Sous des atours de comédies, il esquisse ainsi une galerie de portraits attachants, de personnages souvent un peu borderline, coupables parfois de se livrer à quelques ruses (pour voler un scoop à des confrères ou pour faire parler un policier) ou autres débordements (le combat entre le héros et sa directrice pour la relance des impressions), mais sans jamais compromettre leur éthique professionnelle. D’une certaine manière, il touche là à l’essentiel du métier : le journalisme est plus qu’une responsabilité ou qu’une affaire de passion. C’est un sacerdoce. Un univers trépidant qui n’offre pas de répit, qui interfère beaucoup dans la sphère privée, et où le professionnel est avant tout au service des autres et de la vérité. Avec son jeu mêlant nervosité et détachement, Michael Keaton est juste parfait dans le rôle central, bien entouré par une galerie de seconds rôles particulièrement savoureux, de Robert Duvall à Glenn Close en passant Randy Quaid ou la jolie Marisa Tomei.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français  sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par David Mikanowski, journaliste au Point, ainsi que d’une Bande-annonce.

Édité par Éléphant Films, « Le journal » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 15 septembre 2020.

Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.