Batman le Défi (1992) de Tim Burton

Après "Batman" (1989) de Tim Burton et son énorme succès voici la suite qui doit confirmer pour la Warner les prémices d'une franchise fructueuse. Au départ Tim Burton n'est pas spécialement enjoué de poursuivre les aventures du héros originellement créé pour DC Comics en 1939 par Bob Kane et Bill Finger, mais la Warner le convainc en lui offrant une totale liberté sur le film ce qui est assez rare pour séduire l'artiste malgré le fait que Burton refuse de faire entrer le personnage de Robin pourtant espérer par la Warner. Cette foisl Tim Burton collabore avec un nouveau scénariste, Daniel Waters alors en pleine reconnaissance alors qu'il vient de signer "Hudson Hawke, Gentleman et Cambrioleur" (1991) de Michael Lehmann et qu'il est en train de travailler sur le futur "Demolition Man" (1993) de Marco Brambilla. Burton est donc confirmé dans ses prérogatives et ses préférences, ainsi il retrouve donc l'acteur Michael Keaton qui est finalement devenu légitime dans le rôle, tandis que le cinéaste a bien l'intention de persévérer dans le côté gothique qu'il affectionne particulièrement et qu'il a encore exploré et affiné entre temps avec le sublime "Edward aux Mains d'Argent" (1991). À noter que le film est le tout premier à utiliser la technologie Dolby Digital... Alors que la ville de Gotham est en pleine campagne politique pour les futures élections municipales, un individu difforme se fait appeler Pingouin semble sortir de nulle part et s'impose comme un favori aux élections malgré son agressivité et son aspect repoussant. Batman sort de son antre pour en savoir plus sur ce mystérieux bonhomme tandis qu'il doit se méfier d'un adversaire également millionnaire, de sa secrétaire belle et énigmatique alors qu'une autre femme sort la nuit et se fait appeler Catwoman...

Batman le Défi (1992) de Tim Burton

On retrouve donc dans le rôle titre Michael Keaton vu entre temps dans "Fenêtre sur Pacifique" (1990) de John Schlesinger et "Un Bon Flic" (1991) de Heywood Gould. Il retrouve après le premier opus son majordome toujours joué par Michael Gough et Gordon joué par Pat Hingle. Cette fois le superhéros doit faire face à trois méchants bien différents, le Pingouin incarné par Danny De Vito vu entre autre dans "Jumeaux" (1988) de Ivan Reitman et "La Guerre des Roses" (1989) de lui-même et qui retrouvera Burton dans "Mars Attacks !" (1996) et (2003), Max Schreck (inspiré de l'acteur allemand ayant incarné "Nosferatu" en 1922 de) joué par Christopher Walken star mythique de films comme "La Porte du Paradis" (1980) de Michael Cimino, (1983) de David Cronenberg et "The King of New-York" (1990) de Abel Ferrara et qui retrouvera également Burton pour "Sleepy Hollow" (1999), puis enfin Catwoman incarnée par Michelle Pfeiffer qui est alors à son apogée après "Scarface" (1983) de Brian De Palma, "Ladyhawke" (1985) de Richard Donner et "Les Liaisons Dangereuses" (1988) de Stephen Frears. Citons aussi un certain Doug Jones, acteur souvent invisible derrière un masque et dont l'apparence fera des merveilles surtout dans des films de Guillermo Del Toro avec "Hellboy" (2004), "Le Labyrinthe de Pan" (2006) et "La Forme de l'Eau" (2017). Pour la musique on voit logiquement le retour du compositeur Danny Elfman, fidèle de Burton, et qui collabore cette fois avec le groupe Siouxsie and the Banshees un des groupes favoris du réalisateur... Confiant et avec tous les pouvoirs, cette fois Tim Burton pousse encore plus loin ses principes et ses préférences esthétiques. Ainsi il instaure une atmosphère encore plus sombre et plus gothique que le premier opus et s'en donne à coeur joie avec les deux nouveaux protagonistes, Pingouin et Catwoman qui sont deux parfaits specimens freaks à l'instar de Beetlejuice, Edward, ou le Cavalier sans Tête. D'ailleurs, on constate un point commun avec le "Batman" et son Joker, à savoir que les méchants ont un traitement bien plus travaillés que le superhéros.

Batman le Défi (1992) de Tim Burton

Keaton est toujours un choix discutable pour incarner Batman, tandis que Pingouin est d'une complexité fascinante bien aidé par un maquillage impressionnant et que Catwoman est une âme torturée digne de Arkham ou de n'importe quel asile de dingues. La violence est encore plus pregnante, et cette fois les insinuations sexuelles sont plus parlant de par la personnalité "féline" de Catwoman. P ar contre, Pfeiffer ne semble pas vraiment à l'aise dans son rôle, sans doute pas aidée par un costume particulièrement moulant. Un costume sur lequel on savourera les cicatrices chères à Burton mais sur lequel on s'interroge : comment croire en un costume en latex fabriqué en si peu de temps, à la machine à coudre avec une simple veste ?! On remarque plusieurs autres incohérences comme le matelas qu'on devine sous Sélina alors que les chats gambadent, où le fait que Catwoman a des talons hauts sauf quand elle fait ses acrobaties. Par là même quelques trucages sont trop visibles comme les câbles des ailes/capes de Batman ou la planche sous le Pingouin. Mais heureusement la dimension gothique et freaks est parfaitement rendu et on reconnaît là tout le style burtonien avec un Pingouin qui vampirise l'écran en prime. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous mais un peu moindre avec près de 270 millions de dollars au box-office pour un budget de 80 millions. Néanmoins, si les critiques sont bonnes en notant qu'il est sans doute meilleur que le précédent, le film est aussi encore plus décrié de par son côté sombre plus appuyé et des références sexuelles qui seraient trop explicites ; à tel point que McDonald retirera ses jouets labellisés ! Mais le succès demeure mesurable en billets verts et la Warner annonce d'ores et déjà la suite, mais sans Tim Burton cette fois...

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

Batman Défi (1992) Burton