Les Lois de l'Attraction (2002) de Roger Avary

Roger Avary, sans doute doute trop peu connu alors qu'il a été un collaborateur essentiel d'un certain Quentin Tarantino à ses débuts en co-signant entre autre les films "Reservoir Dogs" (1992), "True Romance" (1993) de et "Pulp Fiction" (1994) mais une mésentente entre les deux artistes a poussé Avary dans l'ombre de son ex-ami. Roger Avary a ensuite réalisé "Killing Zoe" (1994) pour lequel il avait avoué s'être inspiré entre autre de l'oeuvre du romancier Bret Easton Ellis qui avait alors déjà écrit ses romans "Moins Que Zéro" (1985) et "Les Lois de l'Attraction" (1987), et si le premier a déjà été adapté au cinéma avec "Neige sur Beverly Hills" (1987) de Marek Kanievska, Roger Avary rêvait d'adapter son second roman. Le succès du film "American Psycho" (2000) de Marry Harron adapté du 3ème roman éponyme du romancier a certainement dû titiller le cinéaste qui s'est alors remis à écrire un scénario d'après le roman dont il perçoit la portée (force des images, moeurs superficiels, cynisme de l'époque...) qui, d'après lui, son toujours d'actualité à l'aube de 21ème siècle. Ainsi le réalisateur-scénariste efface les références aux années 80 pour rendre son film le plus intemporel possible. Deux producteurs vont le suivre, Greg Shapiro qui sera derrière notamment les films "Démineurs" (2008) et "Zero Dark Thirty" (2012) tous deux de Kathryn Bigelow, puis le français Samuel Hadida qui avait déjà collaboré avec Avary sur "True Romance" et "Killing Zoe". Shapiro y voit d'ores et déjà un potentiel fort : "D'un côté, Bret Easton Ellis, qui sait faire voler en éclats les apparences des milieux aisés. Et Roger Avary qui filme les endroits que l'on croyait connaître d'une manière tout à fait inattendue. Au final, vous obtenez une fable acide, drôle et fascinante sur la réalité d'une jeunesse dorée qui n'a que certaines préoccupations en tête."... Au Camden College dans le New Hampshire la vie étudiante rime avec fêtes et débauches dans lesquels Sean Bateman est comme un poisson dans l'eau, séducteur et dealer de ce petit monde. Il reçoit aussi un courrier d'une amoureuse qu'il croit être Lauren, qui est effectivement attirée par lui pour qui elle veut préserver sa virginité. Puis il y a Victor, ami de Sean qui va connaître un périple en Europe mémorable, puis Paul qui tente d'assumer son homosexualité. Tout ce petit monde se croise et s'entrecroise dans ce microcosme universitaire...

Les Lois de l'Attraction (2002) de Roger Avary

Au casting on retrouve donc plusieurs vedettes adolescentes avec james Van Der Beek star de la série TV culte "Dawson" (19989-2003), Shannyn Sossamon remarquée dans les films "Chevalier" (2001) de Brian Helgeland et "40 Jours et 40 Nuits" (2002) de Michael Lehmann, Jessica Biel star de la série TV à succès "Sept à la Maison" (1996-2007), Kip Pardue qui retrouve après "Le Plus Beau des Combats" (2000) de Boaz Yakin sa partenaire Kate Bosworth qui sera surtout remarquée dans "Blue Crush" (2002) de John Stockwell, Ian Somerhalder vu dans "La Maison sur l'Océan" (2001) de Irwin Winkler, Jay Baruchel vu dans "Presque Célèbre" (2000) de Cameron Crowe, Thomas Ian Nicholas star de la saga "American Pie" (1999-2012), Fred Savage star de la série TV "Les Années Coup de Coeur" (1988-1993) vu aussi dans "Austin Powers : Goldmember" (2002) de Jay Roach, puis Clare Kramer vu dans le film "American Girls" (2000) de Peyton Reed et la série TV "Buffy contre les Vampires" (2000-2002). Ces étudiants ont aussi à faire avec quelques adultes joués par Faye Dunaway star de films comme "Bonnie and Clyde" (1967) de Arthur Penn, "Portrait d'une Enfant Déchue" (1970) de Jerry Schatzberg et "Network" (1976) de Sidney Lumet, Swoosie Kurtz qui semble apprécier les jeux autour du sexe et des jeunes après "Les Liaisons Dangereuses" (1988) de Stephen Frears, "Génération 80" (1994) de Ben Stiller et "Sexe Intentions" (1999) de Roger Kumble, puis les hommes avec Clifton Collins Jr. remarqué dans "Traffic" (2000) de Steven Soderbergh et "Tigerland" (2000) de Joel Schumacher, et un prof interprété par Eric Stoltz qui retrouve ainsi Roger Avary après "Killing Zoe" (1994) et "Pulp Fiction" (1994)... D'emblée, Avary avait plusieurs idées de base, entre autre proposer à Christian Bale de reprendre son rôle de Patrick Bateman de "American Psycho" car comme les romans de l'auteur, les personnages sont reliés les uns aux autres et ce personnage s'avère être le frère aîné de Sean Bateman personnage principal de "les Lois de l'Attraction", mais l'acteur déclinera, puis le romancier lui-même refusera la proposition de Avary qui propose alors le rôle à Casper Van Dien bien qu'au final il sera coupé au montage ! Le film sera le premier à utiliser le logiciel de montage Final Cut Pro, tandis que le cinéaste prévoit d'utiliser le système du split-screen (écran découpé pour suivre les multiples narrateur). Et enfin, le cinéaste compose son casting avec des vedettes du petit et grand écran qui sont connus pour jouer des personnages d'ados bien sous tous rapports dans des séries ou films à succès auprès du jeune public et ce, pour créer une vraie fracture et jouer avec leur image. Mais par contre le réalisateur-scénariste ne relate pas l'intégralité du roman et s'arrête environ à la première "rupture" entre Sean et Lauren. Alors que le film ne fait "que" 1h45, on peut fantasmer sur cette suite où le couple se retrouve pour une épopée tragique. Dommage...

Les Lois de l'Attraction (2002) de Roger Avary

La mise en scène façon compte à rebours impose aussitôt un rythme inhabituel et un climax singulier d'autant plus quand le cinéaste nous pose le genre et le style de film dès les premières minutes une scène malaisante (entre humour graveleux et viol pathétique). On pense à du sexe, drogue et rock'n roll, mais très vite on omet la musique qui devient à la fois omniprésente et presque sans effet tant on a l'impression d'être dans un état second, ou plutôt être dans un monde parallèle où les étudiants ont toutes libertés, oublient toute dignité, respect ou savoir vivre le temps d'une année sabbatique plutôt que scolaire. Bref, dans cette université les fêtes de fin d'année à Cancun et autres "spring breakers" sont en fait en train de se dérouler là et maintenant. La mise en scène de Avary reste dynamique et surtout colle à cette effervescence délirante et immorale. D'un point de vue plus technique, on remarque 2-3 maladresses (remarquer le tuyau qui permet le sang de couler, porte de chambre qui s'ouvre dans un sens puis dans l'autre...) tandis que remarquera le clin d'oeil à son précédent film "Killing Zoe" avec le coup de poing de Sean/Der Beek à Lara/Biel. Le film est un joli succès d'estime amassant près de 12 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 4 millions, mais surtout le film restera à la postérité grâce à une affiche cultissime et il fait préciser que l'auteur Bret Easton Ellis déclarera que "Les Lois de l'Attraction" est son film favori parmi les quatre adaptés de ses romans. À noter que Roger Avary s'est servi des rushes (plus de 70h !) pour réaliser la suite "Glitterati" (2005) mais le film ne sortira jamais pour des raisons logiques de droits car il est composés notamment de scènes de sexe filmées en caméra cachée. Bret Easton Ellis a vu le film en séance privée et qualifiera le film de "extrêmement explicite". Ce film devait servir de lien avec "Glamorama", projet jamais concrétisé, sans doute plombé aussi par la condamnation judiciaire de Avary en 2008. En conclusion, Roger Avary signe un film culte à bien des égards, dont la plus grande qualité est aussi son plus grand défaut (à chacun de voir !), un nihilisme assumé et assuré.

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