Le soleil des voyous

Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le soleil des voyous » de Jean Delannoy.

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« On cherche un barman, mais quelqu’un de distingué. Et sans vous vexer, vous faites trop efféminé pour la maison ! »

Denis Farrand est un homme tranquille et riche, propriétaire d’un café, d’un garage et d’une auberge luxueuse. Il jouit de la considération générale de la ville. Pourtant dans sa jeunesse, il était Denis « le fignoleur », un truand rusé et audacieux. Pour l’amour de Marie-Jeanne qu’il a épousée, il s’est rangé définitivement. En face de son bar, se trouve une banque. Toutes les fins de mois, lorsque Denis reste pour faire ses comptes, il peut voir le convoi qui vient chercher la paye du centre nucléaire de Farville. Alors Denis rêve… petit à petit il échafaude le coup qu’il aurait monté dans sa jeunesse…

« Je le connais le vieux, s’il nous propose de nous vendre son bar, c’est qu’il est sur un gros coup ! »

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Cinéaste prolifique estampillé « qualité française » par les jeunes turcs de la Nouvelle-Vague, Jean Delannoy se sera distingué par son goût pour les adaptations littéraires de récit historiques à consonance plutôt graves (« La symphonie pastorale », « La minute de vérité », « Notre-Dame de Paris »). Si sa filmographie laisse dans l'ensemble peu de place à la fantaisie, il aura su néanmoins faire preuve d'un peu de légèreté en de rares occasions, notamment par le biais de ses adaptations réussies de Simenon (« Maigret tend un piège », « Maigret et l’affaire Saint-Fiacre » et surtout avec « Le baron de l’écluse »). En 1967, il s’offre un détour inattendu par le film de casse avec « Le soleil des voyous », qui marque sa sixième et ultime collaboration avec Jean Gabin.

« Tu marches à côté de tes pompes ! A ce train-là, si tu veux te refaire, il ne te restera plus que le tiercé ! »

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Adaptation du roman « Je fignole » de l'américain J. M. Flynn, dont l’action est transposée dans la France des années 60 (avec ses anciens de la guerre d’Indochine et ses bases américaines de l’OTAN), « Le soleil des voyous » est un film de casse à l’ancienne, réunissant au hasard de la vie deux anciens truands pour un dernier coup. Celui qui, comme souvent, doit leur permettre de se ranger des voitures et de couler des jours tranquilles au soleil. Mais pour cela, ils devront réussir l’impossible, à savoir dérober l’argent de la paie des soldats de la caserne de la ville. Un postulat assez classique (notamment en matière de préparation et de réalisation du casse), mais qui donne lieu ici à un récit habile, d’une part du fait de la nature du héros (un entrepreneur qui n’est pas dans le besoin mais qui agit davantage par défi) et d’autre part par la menace constante d’un gang qui a flairé le coup et qui rêve de rafler la mise. Le tout mâtiné de film noir à l’américaine (la femme fatale qui précipite la chute du héros, l’atmosphère fataliste). La vraie surprise du film vient en fait de son casting : si Gabin est toujours très bon en vieux gangster sur le retour, il compose ici un duo inattendu avec l’américain Robert Stack (célèbre Elliott Ness de la série télé « Les incorruptibles », vu également dans quelques très bons films comme « La maison de bambou » ou « Écrit sur du vent ») qui se révèle étonnement complémentaire et efficace. Notamment dans les quelques saillies bien viriles du récit (l’interrogatoire au chalumeau par exemple). S’il ne révolutionne véritablement pas le genre, notamment du fait de son final prévisible, « Le soleil des voyous » n’en demeure pas moins un polar à l’ancienne tout à fait plaisant et de très bonne facture.

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Le blu-ray : Le film est présenté en Haute-Définition, dans une version restaurée en 4K à partir du négatif original par StudioCanal, avec le CNC. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Le soleil des voyous » se lancera directement.

Édité par Coin de Mire, « Le soleil des voyous » est disponible depuis le 4 décembre 2020 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant  des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

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