[CRITIQUE] : Pelé

[CRITIQUE] : Pelé

Réalisateurs : David Tryhorn et Ben Nicholas
Avec :  Pelé.
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h48min
Synopsis :
Ce documentaire raconte l'histoire de Pelé, de sa quête de perfection et du statut mythique qui est désormais le sien dans le football et au-delà.


Critique :

Loin du film gentiment fictionnel de Jeff et Michael Zimbalist, #Pelé est un hommage passionné et passionnant à la légende du football, évitant soigneusement les pièges de l'hagiographie tout en replaçant habilement sa carrière au coeur du contexte mouvementée du Brésil des 60s. pic.twitter.com/VYXR8Wwh5L

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 27, 2021

Force est d'avouer que lorsque Netflix touche un minimum au sport, soit dans ses propres productions (Formula 1 : Pilotes de leur destin) ou ses acquisitions plutôt finement choisie (The Last Dance bordel...), on se retrouve assez souvent avec de vrais moments de télévisions dont il est difficile de décrocher ne serait-ce que quelques instants.
Alors quand la plateforme jète son dévolu sur ce qui est, sans doute, le plus grand joueur de l'histoire du football (point le meilleur, tant la porte est ouverte au débat avec plusieurs noms), le roi Pelé, dans un documentaire totalement voué à sa cause et ne jouant - intelligemment - jamais la carte de l'hagiographie facile (le tout avec l'un des maîtres du genre à la production, Kevin MacDonald), on ne peut que se laisser border par la chose et accepter la modeste mais prenante, invitation qu'elle incarne.
Loin du film gentiment fictionnel de Jeff et Michael Zimbalist, le documentaire du tandem Ben Nicholas et David Tryhorn, sobrement intitulé Pelé (pourquoi faire plus compliqué après tout ?), même s'il épouse avec admiration les contours d'une légende indiscutable, talent suprême qui a soutenu l'ascension du Brésil vers une gloire inépuisable (trois coupe du monde, dont une dernière avec sa finale anthologique en 70 face à l'Italie), ne pouvait - dès le départ - jamais prétendre à incarner une envolée dramatique passionnante et rocambolesque, puisque son sujet n'est ni un artiste fantasque ni une personnalité à l'intimité chaotique - feu le seigneur des terrains Maradona.

[CRITIQUE] : Pelé

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Pourtant, il arrive néanmoins à susciter un intérêt presque aussi équivalent (presque hein) que le Maradona d'Asif Kapadia, en lui opposant une énergie plus calme et posée, nourrit par un entretien approfondi avec son sujet (dans un état de santé plus qu'inquiétant), et un sentiment de plaisir non feint à redécouvrir des images on ne peut plus familière pour les amateurs de ballon rond.
Là où il se différencie même des autres efforts sur l'ancien Dieu du Santos FC (plus de 1000 buts, quand-même), c'est en replaçant sa carrière au coeur du contexte de l'histoire mouvementée du Brésil dans les 60s, soulignant la participation de Pelé à la légitimation du coup d'État militaire; même si celui-ci maintient que sa position ingénue était entièrement apolitique (à la différence la encore, d'un Maradona qui assumait pleinement ses positions politiques et son statut de représentant du peuple), causant dès lors une vraie amertume auprès de ses contemporains, lui reprochant autant son manque d'implication que sa servitude face aux forces supérieurs du pays (n'oublions pas les tensions qui ont précédé la Coupe du monde 70, lui-même ne voulant pas y participer et changeant d'avis sous l'insistance du général Emilio Garrastazu Medici).
Alors certes, Pelé joue peut-être un peu trop l'hommage poli et convenu (la mise en scène est classique et ne déborde jamais d'effets singuliers), mais les louanges sont totalement légitimes et la sobriété de l'effort ne joue jamais sur sa pertinence.
Le roi Pelé est et restera le roi Pelé à jamais, et encore plus après la vision de ce documentaire.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Pelé