Panic Room (2002) de David Fincher

Tourné entre (1999) et "Zodiac" (2007), David Fincher signe un nouveau thriller en quasi huis clos en s'inspirant de la montée en puissance du marché de la sécurité aux Etats-Unis. En effet, selon un article du Wall Street Journal, la vente de matériel de sécurité aurait augmenté de 30 à 40% au début des années 2000. Par là même un commerçant spécialisé aurait déclaré avoir installé une soixantaine de chambre de sécurité (comme dans le film) par an pour des tarifs allant de 5000 à 1 millions de dollars ! Un sujet forcément inspirant, pour la cinéaste qui collabore avec David Koepp alors un des meilleurs scénaristes après des films comme "Jurassic Park" (1993) de Steven Spielberg et "L'Impasse" (1993) de Brian de Palma, et alors qu'il venait de réaliser le trop sous-estimé "Hypnose" (1999)... Récemment séparé de son époux, Meg Altman emménage avec sa fille Sarah diabétique dans une demeure luxueuse équipée d'un abri de sécurité style chambre forte avec tout le confort. Malgré ses angoisses Meg trouve ça too much mais s'en accommode. Alors que la nuit est tombée, trois malfrats pénètrent dans la maison qui était censée être vide. Meg étant en fait encore éveillée arrive à prendre sa fille pour aller se réfugier dans la pièce de survie où elles peuvent voir et communiquer avec leurs visiteurs. Mais ces derniers sont venus chercher quelque chose de précis et ne semblent pas disposer à quitter les lieux sans leur butin...

Panic Room (2002) de David Fincher

La maman est incarnée par la star Jodie Foster qui a fait du chemin depuis "Taxi Driver" (1976) de Martin Scorcese en passant par ses rôles emblématiques dans "Les Accusés" (1988) de Jonathan Kaplan et surtout "Le Silence des Agneaux" (1991) de Jonathan Demme. Sa fille est jouée par la toute jeune Kristen Stewart qui avait débuté au cinéma dans "Les Pierrafeu à Rock Vegas" (2000) de Brian Levant et qui tournera encore quelques films avant d'exploser avec le succès "Twilight" (2008) de Catherine Hardwicke. Le trio de malfaiteurs est composé de Forest Whitaker acteur majeur vu dans "Bird" (1988) de Clint Eastwood et "Ghost Dog" (1999) de Jim Jarmush, Jared Leto alors en pleine ascension en retrouvant Fincher après "Fight Club" et surtout après sa performance dans un autre chef d'oeuvre "Requiem for a Dream" (2000) de Darren Aronofsky, puis Dwight Yoakam, chanteur vedette de country déjà vu dans "Red Rock West" (1992) de John Dahl et "Le Gang des Newton" (1998) de Richard Linklater. Citons pour finir deux seconds rôles tenus par Patrick Bauchau qui débuta sa carrière en France avec "La Carrière de Suzanne" (1963) et "La Collectionneuse" (1967) tous deux de Eric Rohmer et vu depuis dans "Dangereusement Votre" (1985) de John Glen ou encore "Ray" (2004) de Taylor Hackford, puis Andrew Kevin Walker qui est surtout scénariste de "Seven" (1995) de Fincher et de "Hypnose" de Koepp. Pour une autre anecdote, la voix de la nouvelle petite amie au téléphone est celle de Nicole Kidman, non créditée alors qu'elle devait tenir le rôle principal avant d'être remplacée par Jodie Foster suite à une blessure survenue sur le tournage de "Moulin Rouge" (2001) de Baz Luhrmann. On remarque que Fincher s'est entouré de pointures, comme à la photographie signée de Conrad W. Hall qui a appris avec son père Conrad L. Hall triple oscarisé notamment pour "Les Sentiers de la Perdition" (2002) de Sam Mendes, et surtout en collaboration avec Darius Khondji qui retrouve Fincher après "Seven" (1995). Le cinéaste retrouve aussi le compositeur Howard Shore après "Seven" et "The Game" (1997) et oscarisé pour "La Communauté de l'Anneau" (2002) de Peter Jackson... Le film débute comme un thriller basique en huis clos, une famille prise au piège de son propre abri tandis que des cambrioleurs sont eux-mêmes pris au piège puisque ce qu'ils recherchent se trouve justement dans l'abri en question. Un jeu du chat et de la souris assorti d'un manque de temps pour les deux parties, pour des raisons logiques de liberté mais aussi de survie. D'abord, l'ado est diabétique et dans la panique la maman a évidemment pas pensé à prendre son traitement, ensuite les malfaiteurs sont pris au dépourvu puisqu'il ne devait y avoir personne dans la maison, avant de comprendre que tous se retrouvent à égalité dans une sorte de stand-by : les gangsters obligés de temporiser mais pas trop, obligés de marchander avec la maman afin d'obtenir leur butin, et la maman qui doit sauver sa vie affaiblie alors qu'elle est en sûreté dans la chambre forte.

Panic Room (2002) de David Fincher

Le vrai point fort du film réside dans la mise en scène, créative et inspirée notamment en étant le premier film à filmer une maison en 3D prévisualisée. C'est-à-dire que la maison a été créée par ordinateur afin de permettre en suite à David Fincher d'imaginer de faire voyager le spectateur dans toute la maison en traversant les murs et les escaliers, passant d'une étage à l'autre aisément. Ce système permet donc de traverser le plancher ou de passer d'un objet à l'autre. La mise en scène gagne donc en dynamique et en offre de angles de vue inédits et/ou plus fluides. Par contre, si le réalisateur s'est dépassé dans sa réalisation, mettant du rythme et une tension constante il semble qu'il a délaissé d'autres paramètres qui pourraient être que des détails s'ils n'étaient pas aussi flagrants. Ainsi on note plusieurs faux raccords comme Meg/Foster qui porte un peignoir qui soudain disparaît, ou des séquences qui laissent perplexes comme des plumes d'oreiller qui ne semblent pas sortir de cet oreiller, ou Meg/Foster qui prend un somnifère qui ne semble pas avoir d'effet, on pense aussi au signal en code morse qui ne correspond pas au code... Etc... Mais le pire, ce qui fausse d'emblée tout le récit, pourquoi les trois loustics ne pensent-ils pas au B.A. BA, au truc le plus logique, à savoir de briser les caméras ?!?! Ce point est ce sur quoi repose tout le concept scénaristique mais qui est complètement invraisemblable ou si peu compréhensible. Heureusement, il y a deux points qui sauvent le film. Les acteurs avec une Jodie Foster investie (qui tomba enceinte durant le tournage), une jeune Kristen Stewart qui assure déjà, et un trio de vilains solides. Ensuite on peut insister sur la mise en scène qui est assez créative pour faire illusion avec classe et efficacité. Le vrai soucis demeure donc un scénario trop léger. Au final, malgré des qualités formelles certaines ce film reste souvent trop surestimé, et est de loin le moins abouti du réalisateur.

Note :

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