[CRITIQUE] : If Anything Happens I Love You

[CRITIQUE] : If Anything Happens I Love You

Réalisateurs : Michael Govier et Will McCormack
Acteurs : -
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Animation, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 0h12min.
Synopsis :
Des parents en deuil se retrouvent aspirés dans le vide immense créé par la perte de leur enfant survenue lors d'une tragique fusillade dans une école.


Critique :
Douze minutes, c'est peu et beaucoup à la fois, comme nous l'apprend avec une logique implacable la théorie de la relativité, et d'un point de vue purement cinématographique, il peut se passer énormément de chose dans douze minutes, comme dans une seule, et le formidable court-métrage d'animation If Anything Happens I Love You du tandem Will McCormack/Michael Govier, est bien là pour le rappeler avec puissance et justesse.
Belle et envoûtante proposition qui exprime à la perfection la douleur intime et émotionnelle provoquée par la perte un être cher, en suivant le combat au quotidien de deux parents en deuil après la perte de leur enfant (dans une fusillade scolaire, un mal toujours aussi répandu outre-Atlantique); le film désamorce autant dans ce qu'il invoque que dans son style aussi originale que férocement évocateur.

[CRITIQUE] : If Anything Happens I Love You

Copyright Netflix 


Tout en aquarelle merveilleusement minimaliste, les images dévoilent dans un silence de mort (il n'y a pas d'autres mots), en quelques traits ce que mille mots enlacés entre eux ne pourraient dire avec autant de finesse et de pertinence, les couleurs exprimant sans phare tous les recoins sombres et froids d'une histoire qui ne les cache jamais, mais les expose avec puissance pour mieux vous prendre aux tripes; une technique d'une telle simplicité dans son illustration, qu'il est impossible de ne pas y succomber et de la laisser nous bercer.
Glaciales, les premières secondes montrent deux pauvres âmes qui s'aiment, mais qui sont tellement brisées par leur perte, qu'ils errent comme des fantômes dans leur vie quotidienne (engoncé dans un fond blanc qui donne l'impression qu'ils flottent et ne sont plus vraiment vivants eux aussi); les explosions de couleurs venant par la suite, autant accentué le deuil et le chagrin (la couleur bleu, apportant les souvenirs joyeux d'autrefois et jouant tel un rappel destructeur, que la mort est implacable), qu'un potentiel sentiment d'espoir (le jaune, véhicule du passé heureux et d'un avenir qui ne demande qu'à l'être, même dans la difficulté).
Les ombres elles, un temps menaçante (les disputes incessantes) puis chaleureuses (les tentatives de réconfort/réconciliation), seront celles qui porteront toutes les émotions, une incarnation d'autant plus juste qu'elles seront celles qui finiront d'émotionnellement nous achever dans un final destructeur.

[CRITIQUE] : If Anything Happens I Love You

Copyright Netflix 


Transcendant constamment son sujet (la sensibilation face à la violence scolaire, la nécessite d'offrir un système de sécurité plus performant aux écoles et de pointer du bout de la pellicule, les ravages de l'armement ancré dans la culture américaine), If Anything Happens I Love You ne fait pas seulement que raconter une histoire bouleversante, il convoque un vrai rapport cathartique de son spectateur face à ce qu'il voit, jouant avec la potentielle douleur (un mélange de culpabilité, de colère et d'impuissance) qu'il ressent face au deuil, et incarne sans forcer un upercut inoubliable et profondément vrai pour quiconque ayant déjà souffert ou non, de la perte d'un être cher.
N'ayons pas peur des superlatifs faciles : ses douze minutes seront sans doute ce que vous verrez de plus beau et juste en cette riche année ciné 2020.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : If Anything Happens I Love You