Les félins

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et  de chroniquer le blu-ray du film « Les félins » de René Clément.

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« Mon garçon, vous ne priez pas Dieu très souvent. Mais vous n’avez rien à craindre, j’ai éloigné le danger. »

Marc, un gigolo qui a couché avec la femme d’un puissant gangster new-yorkais, se retrouve avec des tueurs à sa poursuite. Il se réfugie sur la Côte d’Azur où il parvient à se faire embaucher comme chauffeur par deux riches et mystérieuses sœurs américaines. Tandis qu’il se croit en sécurité, il se trouve bientôt plongé au cœur d’une sombre machination…

« La jalousie, c’est ton vice »

Les_félins_Alain_Delon

Ancien complice de Jacques Tati avec lequel il signe un premier court-métrage (« Soigne ton gauche », 1936), René Clément débute sa carrière de réalisateur par le biais du documentaire. Un genre dans lequel il officiera pendant une dizaine d’années et grâce auquel il aura l’occasion de voyager de par le monde. C’est ainsi pour ses talents de documentariste qu’il est choisi pour réaliser « La bataille du rail » en 1945, qui marquera l’évolution de sa carrière de réalisateur vers le cinéma de fiction. Si la thématique de la guerre et de l’occupation occupe une place prépondérante dans ses premiers films (« La bataille du rail », « Le père tranquille », « Les maudits », « Jeux interdits », et même plus tard « Paris brûle-t-il ? »), il sera célébré surtout pour ses thrillers et autres films noirs (« Plein soleil », « Le passager de la pluie », « La maison sous les arbres », « La course du lièvre à travers les champs »), marqués notamment par la présence récurrente de vedettes américaines (Charles Bronson, Stuart Whitman, Faye Dunaway, Robert Ryan ou encore Sidne Rome).

« ça m’est égale que vous soyez là pour elle, tant que vous restiez ici avec moi pour toujours »

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En 1964, il est ainsi au sommet de sa gloire lorsqu’il se lance dans la réalisation du film « Les félins », adaptation du roman « Joy house » de Day Keene. Un thriller tour à tour lumineux et élégiaque dans lequel un petit truand français se retrouve traqué sur la Côté d’Azur par les nervis d’un puissant maffieux américain dont il a séduit la femme. Un postulat original pour un film noir puisque pour une fois, le mobile de la traque n’est pas financier mais purement sexuel. Comme dans « Plein soleil » avant lui, l’intrigue des « Félins » est construite sur la base d’un jeu de faux-semblants et de rapports de séduction ambigus, lui donnant ainsi une dimension sulfureuse. Car ici, ce ne sont pas trop les crimes des personnages ou leurs penchants pour l’illégalité qui les conduiront à leur perte mais bien leur égo et plus particulièrement cette vaniteuse certitude de croire qu’ils pourront tout obtenir par leur charme. Fort d’une mise en scène résolument moderne, René Clément s’amuse à confronter les désirs contradictoires de ses protagonistes dans un huis-clos retors, sous le regard manipulateur du maitre des lieux bien caché derrière son miroir sans teint. Si l’ensemble, déstabilisant et machiavélique, souffre malgré tout d’un scénario parfois un peu trop léger, le film mérite tout de même l’attention pour son remarquable casting (Delon, Lola Albright, Jane Fonda) au sommet de sa séduction.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « L’Acteur malmené » (43 min.) : Documentaire inédit avec les interventions de Denitza Bantcheva, historienne du cinéma, Olivier Père, journaliste et Jean-Claude Missiaen, réalisateur.

Édité par Gaumont, « Les félins » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 juin 2020.

Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.