Enola Holmes (2020) de Harry Bradbeer

Un titre qui annonce la couleur, rôle titre donc au patronyme aussi mythique que célèbre qui nous présente d'emblée la jeune Enola, soeur cadette d'un certain Sherlock Holmes personnage créé en 1887 par Sir Athur Conan Doyle. Mais cette Enola Holmes n'est pas créée par ce dernier qui ne lui connaît qu'un frère ainé, Mycroft Holmes. Cette nouvelle héroïne bien née est en fait issue d'une série littéraire (également adaptée en bande-dessinée) "Les Enquêtes d'Enola Holmes" (2015-...) de Nancy Springer, spécialiste du détournement de personnages à qui on doit une autre série, "Rowan Hood" (2001-2005) fille de Robin des Bois. Il est donc évident, qu'avec déjà 6 romans, ce film risque d'être le premier d'une franchise en cas de succès. Donc ce film originel siglé Netflix est adapté du premier roman de la dite série, "La Double Disparition" (2015). Le réalisateur choisit est l'inconnu mais expérimenté Harry Bradbeer qui n'a jusqu'ici travaillé que pour le petit écran sur des séries TV comme "The Cops" (1998-1999), "Dickensian" (2015-2016) ou "Ramy" (2019). Le scénario est confié à Jack Thorne, écrivain remarqué d'abord comme co-auteur de la pièce de théâtre "Harry Potter et l'Enfant Maudit" (2016) avec J.K. Rowling, et qui a écrit les films "Wonder" (2017) de Stephen Chboski, "Radioactive" (2019) de Marjane Satrapi et "Le Jardin Secret" (2020) de Marc Munden. Précisons que le film est co-produit par Legendary Pictures, à qui ont doit de nombreux blockbusters comme "Pacific Rim", "Godzilla" ou "Jurassic World" dont de nombreux acteurs sont aussi présents au casting de "Enola Holmes" ... Enola est la cadette de la famille et vit avec sa mère dans la demeure familiale. Ses deux frères aînés ne sont plus venus depuis une dizaine d'années suite au décès du père et parce qu'ils ne sont pas en accord avec les idées progressistes de leur mère. Mais quand cette dernière disparaît mystérieusement, les deux frères reviennent, Mycroft étant le tuteur légal veut placer Enola en pension tandis que Sherlock doit retrouver leur mère. Mais Enola, éduquée hors des convenances, ne veut aller en pension et s'échappe pour mener sa propre enquête durant laquelle elle va aussi en profiter pour aider un jeune lord...

Enola Holmes (2020) de Harry Bradbeer

Le rôle titre est tenu pat la jeune Millie Bobby Brown, 16 ans, révélée par la série TV "Once Upon a Time in Wonderland" (2013), confirmée par d'autres apparitions dont surtout pour la série TV "Stranger Things" (2016-...), et qui a à ce jour un seul film à son actif "Godzilla : King of Monsters" (2019) de Michael Dougherty en attendant la suite "Godzilla vs Kong" (2021) de Adam Wingard. Sherlock est incarné par Henry Cavill alias Superman dans "Man of Steel" (2013), "Batman v Superman : l'Aube de la Justice" (2016) et "Justice League" (2017) tous de Zack Snyder, Mycroft est joué quant à lui par Sam Caflin révélé et remarqué dans "Hunger Games" (2013-2015) de Francis Lawrence et "The Riot Club" (2014) de Lone Scherfig. Madame Eudoria Vernet Holmes est incarnée par Helena Bonham Carter muse de Tim Burton qu'on n'avait pas vu depuis "Ocean's 8" (2018) de Gary Ross. Mme Bonham Carter retrouve plusieurs partenaires sur ce film avec Fiona Shaw après la saga "Harry Potter" (2001-2011), Frances de la Tour et Hattie Morahan qui respectivement ont joué dans "Alice au Pays des Merveilles" (2010) et "Alice de l'Autre Côté du Miroir" (2016) tous deux de Tim Burton, anecdotes amusantes, ces deux actrices se retrouvent après avoir déjà croisé Sherlock Holmes, c'était dans (2015) de Bill Condon, et tout aussi amusant, elles ont croisé Alice, rôle tenu à ses débuts par Millie Bobby Brown. Dans le rôle de l'inspecteur Lestrade il s'agit de Adeel Akhtar aperçu dans "Confident Royal" (2017) de Stephen Frears et "Murder Mystery" (2019) de Kyle Newacheck, un second rôle est tenu par Burn Gorman fidèle des productions de Legendary Pictures dont le dyptique "Pacific Rim" (2013-2018), puis enfin, le jeune Lord incarné par le tout aussi jeune Louis Partridge d'abord aperçu dans (2015) de Joe Wrigt et "Paddington 2" (2017) de Paul King avant de percer dans la série TV "Les Médicis" (2019-...)... Le soucis premier d'un tel projet est de pouvoir accepté un nouveau personnage aussi intime avec un mythe comme Sherlock Holmes, surtout qu'il n'est pas créé par l'auteur originel. Un paramètre devient donc essentiel, une certaine fidélité à l'oeuvre originale et une cohérence afin de ne pas dénaturer ce qui existe déjà. Malheureusement c'est sur ce point que le bât blesse aussi bien vis à vis des oeuvres de Conan Doyle que des romans de Enola ! Ainsi dans le roman Enola a 14 ans et non pas 16, elle n'est pas si proche de sa mère qui fait tout pour se montrer distante, Sherlock Holmes est normalement plus cynique (même si il y a débat, puisque même les ayants droit de Doyle attaque en justice la production !), mais c'est surtout Mycroft qui est modifié, qui est montré hautain, détaché voir simplement méchant alors qu'il est un homme droit, espion du MI6 dont les talents n'ont rien à envier à son frère, il est dommage aussi que l'aîné de 7 ans fasse bien plus jeune... etc...

Enola Holmes (2020) de Harry Bradbeer

Bref, créé une soeur cadette d'un tel héros est avant tout opportuniste et facile, si l'histoire est valable autant créé un nouveau personnage original plutôt que de surfer sur un succès historique. Si on arrive à passer ces libertés narratives, on s'attache vite à cette détective en herbe jusqu'à ce qu'un autre bémol nous interroge, et qui nous renvoie aussitôt à son âge (14 ou 16 ?!) ; en effet, au début on insiste sur le fait que Enola n'a jamais quitté le manoir familial et qu'elle ne connaît rien au monde extérieur, mais jamais la suite des aventures ne prend en compte cette information. Enola n'est surprise pas rien, agit et réagis comme si elle savait déjà tout du monde, elle n'hésite jamais et sait toujours où elle va... etc... Un peu invraisemblable et incohérent avec une gamine de 14 ans, peut-être un peu moins à 16 ans ?! Néanmoins, si ça gêne un peu aux entournures, tous ces détails sont enveloppés dans un écrin parfaitement calibré alliant reconstitution d'époque (malgré ses effets numériques pas toujours discrets) et une héroïne pétillante avec son air mutin qui n'est pas sans rappeler la star Natalie Portman (Millie Bobby Brown futures star !). La mise en scène lorgne clairement du côté du dyptique "Sherlock Holmes" (2009-2013) de Guy Ritchie, le spectaculaire en moins et le côté Disney en plus. En prime une héroïne qui brise le quatrième mur de façon judicieuse, s'adressant parfois directement au spectateur, pas pour dire des choses forcément importantes mais qui lui permet de créer un lien direct et intime entre cette héroïne nouvelle génération et son jeune public. En conclusion, Harry Bradbeer signe un film d'aventure plutôt efficace, sympathique et divertissant à défaut d'approfondir sa thématique à la mode : le féminisme naissant. Maladroit et bancal par bien des aspects, ce film demeure donc un bon moment de divertissement familial, sans chercher plus.

Enola Holmes (2020) Harry BradbeerEnola Holmes (2020) Harry Bradbeer