Psycho Beach Party (2000) de Robert Lee King

Voilà un film d'auteur déjanté comme on les aime, surprenant, audacieux et décalé. À l'origine il devait être titré "Gidget Goes Psychotic" mais il changera pour une soucis de droit d'auteur. Le projet est prévu comme un mélange des genres, une parodie satirique entre les mélo des années 50, les films de plages des années 60 et les slashers des années 70-80, rien de moins ! Le film est celui de deux hommes ayant une filmo peu étoffée et particulièrement inconnus chez nous. Le réalisateur est Robert Lee King, d'abord remarqué pour son court métarge "The Disco Years" (1991), il participera au film collectif "Boys Life : Three Stories of Love, Lus, and Liberation" (1994) et se signera ensuite qu'un autre film, "Bad Actress" (2011). Son scénariste et Charles Busch, d'abord acteur aperçu de loin notamment dans "Les Valeurs de la famille Adams" (1993) de Barry Sonnenfeld et "Milliardaire Malgré Lui" (1994) de Andrew Bergman, il réalisera et écrira ensuite son long métrage "A Very Serious Person" (2006). Deux amis qui se lancent dans un projet hors des sentiers battus avec un budget minime de 1,5 million de dollars... Ete 1962, Florence est une ado sans histoire qui vit avec sa mère et un locataire étudiant allemand. Alors que les vacances battent leur plein, la ville se retrouve sous les feux des projecteurs après un meurtre survenu pendant le ciné "drive-in". Florence fait son possible pour intégrer la bande de surfeurs au grand dam de sa meilleure amie, mais tandis que les meurtres se poursuivent, Florence s'aperçoit qu'elle a des crises qui semblent être de la schizophrénie...

Psycho Beach Party (2000) de Robert Lee King

Le budget limité impose un casting sans star, mais néanmoins il est composé quasi intégralement de jeunes acteurs en pleine ascension fin des années 90, la plupart étant au générique de nombreuses séries TV à succès. Ainsi le premier rôle est tenu par Lauren Ambrose révélée dans "In and Out" (1997) de Frank Oz et qui connaîtra son heure de gloire avec la série TV "Six Feet Under" (2001-2005), mais le personnage enfant est tenu par Madison Eginton remarquée peu avant dans "Eyes Wide Shut" (1999) de Stanley Kubrick. Sa mère est interprétée par Beth Broderick alors en pleine série TV "Sabrina l'Apprentie Sorcière" (1996-2002), le locataire est incarné par Matt Keeslar alors en salle à la même période dans "Scream 3" (2000) de , sa meilleures amie est jouée par Danni Wheeler qui retrouve donc Beth Broderick après "Sabrina, l'Apprentie Sorcière". Dans la bande de jeunes il y a le leader incarné par Thomas Gibson alors populaire avec sa série TV "Dharma et Greg" (1997-2002) et qui sera surtout reconnu mondialement avec le succès de la série TV "Esprits Criminels" (2005-2016), il est entouré de ses potes surfeurs Nicholas Brendon alors au générique de la série TV "Buffy contre les Vampires" (1997-2003), David Chokachi déjà habitué de la plage du film après la série TV "Alerte à Malibu" (1995-1999), Channon Roe aperçu dans "Boogie Nights" (1997) de Paul Thomas Anderson. Chez les belles de la plage on peut citer Kathleen Robertson remarquée dans la série TV "Beverly Hills" (1994-1997) et qui venait de jouer dans "Nowhere" (1997) et "Splendeur" (1999) tous deux de Gregg Araki dans lesquels jouait également Matt Keeslar, et surtout on remarquera un second rôle haut en couleur pour une certaine , alors inconnue malgré plusieurs années de petits rôles et qui deviendra une star majeur à Hollywood plusieurs années après notamment avec des films comme "American Bluff" (2014) de David O. Russell ou encore "Nocturnal Animals" (2017) de Tom Ford. En prime, le scénariste Charles Busch méconnaissable s'octroie un second rôle central, celui du chef de la Police Captain Monica Stark !...

Psycho Beach Party (2000) de Robert Lee King

Le prologue pré-générique nous immerge dans les sixties, le drive-in, ces jeunes en couple ou en bande qui vont voir un film en plein air bien installés dans leurs voitures, ce film projeté qui renvoie aux fantastiques de série Z... etc... Bref, en 5mn le film pose ses bases façon "Oh Happy Days" (1973-1984) survitaminé à la John Waters (réalisateur de nombreux films cultes comme "Pink Flamingos" en 1972 ou "Cry-Baby" en 1990). Le générique offre une première claque, on pense aussi à John Waters mais aussi d'une certaine façon au style Grindhouse et surtout à un autre cinéaste culte Russ Meyers (la saga des "Vixens" de 168 à 1979). Dès le début on comprend et on reste séduit par ce mélange des genres et des références, parfaitement imbriqués dans un scénario certe complètement déjanté mais terriblement cohérent. On retrouve donc le côté mélo (secret familial, déprime), le style film de plages popularisé par de nombreux films avec Elvis Presley, le documentaire "Endless Summer" (1966), titre éponyme également d'un best of du groupe Beach Boys symbole idéal du genre dans les années 60, puis le slasher popularisé à partir de "Halloween, la Nuit des Masques" (1978) de John Carpenter et "Vendredi 13" (1980) de Sean S. Cunningham. Mais malgré ses références multiples, ses clins d'oeil, on ne ressent jamais aucun copié-collé, le réalisateur ne dévie jamais du ton prévu, une parodie pur jus qui se moque gentiment des clichés inhérents à ces genres. La pellicule même est choisi avec un grain typique des années 60, la BO également, poussant même par exemple à placer en arrière-plan des vagues projetées sur un écran pour faire surfer les jeunes !

Psycho Beach Party (2000) de Robert Lee King

Les dialogues ne sont pas en reste, ciselés et fusant des répliques qui mériteraient pour certaines de devenir cultes. Des gags pas toujours subtils, mais assumés car font aussi partis de la panoplie parodique. L'intrigue principale est d'ailleurs parfaitement maîtrisée, l'enquête tient la route et le suspense est maintenu quasi jusqu'au bout car plusieurs protagonistes pourraient être le coupable, un bon twist donc et ce, malgré qu'on connaisse la plupart des victimes à venir (toutes ont un handicap plus ou moins voyants), ce qui est une gageure. Le rythme est soutenu, une belle effervescence qui brouille les pistes dans un semblant de récit foutraque où on croise un flic trans, des surfeurs gays, une nana en fauteuil odieuse, une héroïne à multiples personnalités, une maman nympho... etc... Le tout semé de séquences qui n'ont rien à envier à quelques films mythiques plus connus. On pense aux pétages de plomb de Florence, au surf, et à cette beach battle dance dans laquelle on aurait pu imaginer l'arrivée surprise d'un OSS 117 ! Car pour assumer et assurer un tel film il faut assurément servir du kitsh avec classe, sans complexe et des acteurs qui ont à l'époque encore tout à prouver, dont une Amy Adams étonnante en petite pin-up des plages dignes des magazines en papier glacé et une Lauren Ambrose qui s'impose sur plusieurs facettes. Ca tortille des fesses, ça frime sur le sable, ça flirte à tout va sans jamais allé au bout, ça pense qu'à ça... etc... toujours dans cette époque si riche et si foisonnante des années 60. Quelques messages, quelques dialogues font que le film fut (tout de même !) interdit au moins de 16 ans à sa sortie en salle ce qui est très sévère pour cette fantaisie kitsh et fun, drôle et loufoque tout en signant une intrigue plus solide que bien des thrillers dit sérieux. Un film qui mérite d'être plus connu et reconnu, qui mérite un statut de culte sans aucun doute, à conseiller, à voir et à revoir !

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