[CRITIQUE] : Eléonore

[CRITIQUE] : Eléonore

Réalisateur : Amro Hamzawi

Acteurs : Nora Hamzawi, Julie Faure, Dominique Reymond, André Marcon, Arthur Igual,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français
Durée : 1h25min

Synopsis :

Sous la pression de sa mère et de sa sœur, Eléonore, apprentie écrivain, change de vie et devient l’assistante d’un éditeur spécialisé dans les romances érotiques.

Critique :

Film sur le doute existentiel de la 30aine,#Eléonore n’arrive jamais à se démarquer des autres films sur le même sujet. Maladroit, il arrive cependant à être touchant quand il laisse tomber ses artifices scénaristiques pour montrer la vulnérabilité de son héroïne (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/vft8ZRtpGQ— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 29, 2020

Amro Hamzawi met en scène sa sœur Nora Hamzawi dans son tout premier long-métrage, en compétition au Festival du Film Francophone d’Angoulême.

Si l’on connaît maintenant Nora Hamzawi, qui se fait un nom autant sur scène qu’à l’écran, son grand frère n’est pas en reste et pour cause, il est le scénariste derrière le film à succès 20 ans d’écart. Pour son saut dans la réalisation, il s’amuse à transformer sa sœur en âme perdue. Autrice ratée, dépressive, famille étouffante, la fameuse Eléonore du titre n’est pas au bout de ses peines.

[CRITIQUE] : Eléonore

Copyright Ecce Films


Le personnage n’est d’ailleurs jamais nommée jusqu’à la toute dernière minute du film, parce que sa vie ne lui appartient jamais véritablement pendant la presque totalité du récit. Eléonore a trente-quatre ans et enchaîne les petits boulots. Cheveux verts, clope au bec, elle ne se place dans aucune case. Sa famille par contre la place dans la case des causes perdues. Il faut qu’elle se reprenne, qu’elle trouve un “vrai” travail, qu’elle se mette en couple, qu’elle gagne de l’argent et déménage dans un immeuble haussmannien. Après un nouveau refus pour son manuscrit, elle rend les armes et laisse sa famille la transformer en poupée de chiffon. Sa sœur (Julie Faure) est la définition même de la réussite : job bien payé, mari, enfant, elle est censée représenter un modèle à atteindre. Elle décide d’habiller Eléonore de la tête aux pieds, troquant sa dégaine d’éternelle ado à une jeune femme moderne et féminine. Sa mère lui trouve même une place d’assistante dans une maison d’édition, qui publie des romans érotiques à l’eau de rose, au grand dam d’Eléonore. Elles lui trouvent un mari potentiel, Lucas, riche et prêt à s’engager. Pris dans le tourbillon de la “normalité”, elle accepte tout sans broncher.

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Venu présenter son film avant la projection, Amro Hamzawi a répondu à la question qui brûle nos lèvres : s’est-il inspiré de sa sœur dans l’écriture de son personnage principal ? À la surprise de tous, la réponse est non. Nora Hamzawi entretient si bien son personnage de parisienne paumée qu’on pourrait la confondre avec l'héroïne du film. Puisant dans sa propre expérience de la dépression, le réalisateur peint le portrait d’une femme au bout du rouleau, qui ne fait jamais rien correctement. Son patron (interprété par André Marcon) le lui dit même clairement qu’elle ne sait jamais où se trouve les limites. Malheureusement, ce genre de personnage a été vu de nombreuses fois au cinéma ces derniers temps. La figure de la femme trentenaire qui refuse les normes, non par choix mais par névroses est complexe à traiter, de par sa popularité sur les écrans et par le danger du cliché qui se cache dans chaque scène. Le cinéaste tombe en plein dans le piège et n’hésite pas à apporter une bonne dose de pathos à son Eléonore. Les autres personnages ne sont pas mieux lotis. Pas assez exploités dans leur complexité, ils deviennent vite des clichés ambulant, des pions présent pour faire avancer le personnage principal, de la façon la plus mécanique possible, comme des PNJ (personnage non-joueur) d'un jeu vidéo.


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Film sur le doute existentiel de la trentaine, Eléonore n’arrive jamais à se démarquer des autres films sur le même sujet. Maladroit, le film arrive cependant à être touchant quand il laisse tomber les artifices scénaristiques pour montrer la vulnérabilité de son héroïne. À se demander pourquoi cette émotion n’est pas présente dans son intégralité. 


Laura Enjolvy 
[CRITIQUE] : Eléonore