The King of Staten Island (2020) de Judd Apatow

Star de la comédie US derrière la caméra, Judd Apatow revient pour son sixième long métrage après "40 ans, Toujours Puceau" (2005), "En Cloque, Mode d'Emploi" (2007), "Funny People" (2009), "40 : Mode d'Emploi" (2012) et (2015). Cette fois il délaisse la comédie régressive pour adulte pour une comédie tendre plus douce amère inspirée de la vie de son acteur principal Pete Davidson. Ce dernier qui souffre de la maladie de Crohn, et est atteint d'un "trouble de personnalité borderline" depuis la mort de son père pompier lors des attentats du 11 septembre 2001. Au départ, l'idée est bien celle de Pete Davidson qui travaille pour le célèbre Saturday Night Live depuis 2014, avec un premier jet co-signé avec son acolyte Dave Sirus mais n'ayant jamais écrit pour le cinéma ils ont pu collaboré avec Judd Apatow après que Pete Davidson ait joué un petit rôle dans "Crazy Amy". Judd Apatow précise : "On s'est dit que l'histoire pouvait être complètement fictive, mais que les émotions, et quelques événements déterminants de la vie de Pete, se devaient d'être vrais". L'autre paramètre qui a son importance fut le choix de Staten Island, un des cinq arrondissements de New-York rarement montré au cinéma et dont le producteur Barry Mendel dit : "Il y a quelques chose de simple et d'honorable chez les habitants de Staten Island. C'est un lieu d'un autre âge, agréablement hors du temps. Les gens y vivent à l'écart de la frénésie du monde moderne. Ils sont généralement bien dans leur vie, qu'ils ne cherchent pas à rendre trop compliquée."...

The King of Staten Island (2020) de Judd Apatow

Scott aujourd'hui 24 ans a eu une sorte de retard de maturité des suites de la mort de son père pompier alors qu'il avait 7 ans. Vivant encore chez sa mère, sans travail, traînant avec ses potes loosers à fumer et à picoler, il rêve pourtant d'ouvrir un restaurant/salon de tatouage. Mais quand sa soeur part à l'université et qu'ensuite sa mère se met en couple Scott va d'abord tenter d'évincer le malotru pompier comme son père avant de comprendre qu'il va falloir grandir et avancer... Scott est donc incarné en toute logique par son alter ego Pete Davidson aperçu dans de petits rôles comme dans "The Dirt" (2019) de Jeff Tremaine et "Ce que Veulent les Hommes" (2019) de Adam Shankman. Sa mère est jouée par la belle Marisa Tomei surtout vue en May Parker dans les derniers Marvel depuis "Captain America : Civil War" (2016) des frères Russo, la soeur est jouée par Maud Apatow, fille de surtout vue dans les films de papa mais aussi dans "Assassination Nation" (2018) de Sam Levinson. Le nouveau prétendant est interprété par le méconnu Bill Burr comique américain aperçu dans de petits rôles notamment dans les comédies "Crazy Night" (2010) de Shawn Levy, "Blackout Total" (2013) de Steven Brill et "Les Flingueuses" (2013) de Paul Feig. Chez les amis citons Steve Buscemi toujours là et vu encore récemment dans l'inénarrable "La Mort de Staline" (2017) de Armando Iannucci et "The Dead Don't Die" (2019) de Jim Jarmush, Moises Arias remarqué récemment dans le très bon (2020) de Alejandro Landes, puis Bel Powley vue dans (2016) de Christopher Smith et "Undercover" (2019) de Yann Demange. A noter pour l'anecdote que Steve Buscemi a été pompier dans les années 80 et qu'il repris du service volontaire suite aux attentats du 11 septembre. Par là même, deux membres des brigades de New-York ont été consultants sur la film dont John Sorrentino, ami et collègue du père de Pete Davidson. Et enfin, pour les fans de tatouages, les oeuvres vus dans le film sont inspirés et/ou signés des artistes London Reese, Stab Shack et du français Fuzi... La première partie se focalise essentiellement sur le personnage principal afin de nous présenter ce jeune homme qui est entouré de gens qui l'aiment malgré ses soucis divers et variés. Scott est un Tanguy, certe malade et en proie à une dépression depuis 17 ans.

The King of Staten Island (2020) de Judd Apatow

Si la maladie est particulièrement gênante elle est pourtant bien secondaire dans le film, voir sous-exploitée. Par contre, la détresse psychologique de Scott va s'avérer une excuse de faineant d'un Tanguy qui se complait bon gré mal gré dans sa routine de victimisation. Ses angoisses paraissent vite être une simple logique routinière et qu'il va bien falloir abandonner. D'abord le départ de la soeur, c'est ensuite surtout le nouvel homme dans la vie de sa mère qui va venir chambouler son train train. Cette ligne directrice et cette idée est particulièrement intéressante et reste le point fort du film. Mais fallait-il 2h15 pour ça ?! Le rythme reste un peu trop monotone, même dans les "crises" on a la sensation que tout est freiné et donc l'émotion aussi. Ensuite si les amis de Scott sont un panel caricatural du genre la partie cambriolage" est complètement superflue, sur la forme comme dans le fond. On aurait pu gagner 10mn rien que sur ce passage. La partie caserne est sympa mais peu vraisemblable (une caserne n'est pas un hôtel gratuit, un centre psy ou un centre de rééducation pour faineant !). Scott a tout de même 24 ans, il n'est ni le premier ni le dernier à souffrir, la complaisance au début envers lui et son attitude plus proche d'un enfant gâté agace un temps soit peu. C'est donc un peu long, surtout accentué par des maladresses narratives mais on se prend finalement au jeu, et si Scott nous agace on finit par s'attacher à tous les autres personnages (un comble ?!), des collègues pompiers au prétendant en passant par Kelsey/Powley et la maman. L'émotion arrive donc gentiment, et on se laisse surprendre à être toucher par cette tendresse discrète qui nous change du pathos et du forcing habituel. Judd Apatow signe un joli film donc, touchant à défaut de convaincre pleinement sur certains points et malgré une longueur non justifiée.

Note : King Staten Island (2020) Judd ApatowKing Staten Island (2020) Judd Apatow