Un Génie, Deux Associés, Une Cloche (1975) de Damiano Damiani

Ce film aurait été pensé avant tout comme une suite de l'excellent "Mon Nom est Personne" (1973) de Tonino Valerii et Sergio Leone. Vu la mésentente entre ces deux derniers exit Valerii, tandis que Leone se retrouve une fois de plus producteur-scénariste. Pour l'anecdote, toujours un peu ironique quand on sait que Leone ne souhaitait plus réaliser de western déjà à l'époque de "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968). D'ailleurs, cette fois-ci encore il confie la direction du film au réalisateur Damiano Damiani qui avait déjà signé un spaghetti avec (1967), son film le plus connu avec le polar "La Mafia fait la Loi" (1968). Le scénario est co-signé de Leone avec ses acolytes habituels, Ernesto Gastaldi et Fulvio Morsella qui était de quasi tous les westerns spaghettis de Leone... Un pistolero au dessein mystérieux échafaude un plan pour rendre leur terre aux indiens puis pour récupérer 300000 dollars escroqués par un officier de la cavalerie américaine. Pour l'aider il s'associe bon gré mal gré à un couple d'escrocs...

Un Génie, Deux Associés, Une Cloche (1975) de Damiano Damiani

Le pistolero, qui serait donc Personne baptisé pour cette aventure Joe Merci (?!) est une nouvelle fois incarné par Terence Hill qui fait donc une pause entre ses films avec son acolyte Bud Spencer pour retrouver Sergio Leone. Plus surprenant, en tête d'affiche on trouve deux francophones, le couple étant interprété par le chanteur québecois Robert Charlebois qui vu dans "Entre la Mer et l'Eau Douce" (1967) de Michel Brault et "L'Agression" (1975) de Gérard Pirès, puis la française Miou-Miou devenue une vedette après l'excellent "Les Valseuses" (1974) de Bertrand Blier, et qui poursuivra son expérience italienne avec "Portrait de Province en Rouge" (1976) de Marco Leto et "La Marche Triomphale" (1976) de Marco Bellochio. Les deux antagonistes sont joués par Patrick McGoohan star de la série TV "Le Prisonnier" (1967-1968), vu au cinéma entre autre dans "L'Evadé d'Alcatraz" (1979) de et "Braveheart" (1995) de et avec Mel Gibson, puis surtout on reconnaîtra le français Jean Martin qui retrouve Leone et Terence Hill après "Mon Nom est Personne" et retrouvera Miou-Miou un peu plus tard dans "La Femme Flic" (1980) de Yves Boisset. Et enfin, à leurs côtés un certain Klaus Kinski, qui retrouve Leone après "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) et Damiani après "El Chuncho" (1966), acteur qui est devenu une star ensuite notamment grâce au chef d'oeuvre "Aguirre la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog, ce qui explique sa place en tête d'affiche alors qu'il n'apparaît que pour un caméo... Si cela fera moins de bruit qu'avec Valerii, il semble que Leone se soit détaché du film assez rapidement. Le maestro a tourné la toute première scène du film mais aurait refusé d'être crédité. Le premier atout est évidemment le retour du personnage de Personne alias Terence Hill qui reprend son personnage avec délectation mais sans cohérence avec le film précédent.

Un Génie, Deux Associés, Une Cloche (1975) de Damiano Damiani

Personne n'est plus Personne, Personne est devenu Joe Merci. De suite il n'en est rien, on se sert de la popularité de l'acteur d'abord, et surfe sur le succès de "Mon Nom est Personne" ensuite. Ca reste donc la première déception. Le casting est surprenant mais s'avère plutôt savoureux. Mais le vrais soucis vient du scénario, un scénario inventif mais qui peine à être passionnant. En fait, le problème originel est vient d'un incident malheureux : de nombreux négatifs furent volés avec demande de rançon, la production refusa de payer. Il a fallu donc refaire quelques scènes, utiliser finalement des négatifs de qualités médiocres... etc... ce qui a forcément eu des conséquences sur le montage et la cohérence finale jusqu'à sortir des versions différentes vis à vis des pays. Plus directement, on est aussi déçu par la composition musicale, peu inspirée et pourtant signée de Ennio Morricone. Et pourtant le film ne manque pas d'idées, en premier lieu le plan lui-même de Joe Merci, le jeu chat et souris entre ce personnage et celui de son "ami" Charlebois, sans compter un final fun et drôle plutôt audacieuse. Reste une question : Damiano Damiani et Sergio Leone se sont-ils bien entendus ?! Néanmoins, cette pseudo-suite est plombé par trop de maladresses pour convaincre, résultat ce film est une curiosité et ne vaut presque que pour ça. Dommage...

Note :

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