Les Parfums (2020) de Grégory Magne

Second film pour Grégory Magne qui a d'abord fait parlé de lui en 2007 lorsqu'il a traversé l'Atlantique en solitaire sur un voilier sans moyen de communication pendant lequel il a embarqué une caméra pour en faire ce qui deviendra son premier film documentaire "Vingt-Quatre Heures par Jour de Mer" (2008). Pour ce nouveau projet, le cinéaste a eu l'idée après avoir été inspiré justement par l'odeur d'un parfum : "Le réflexe, c'est de chercher qui peut bien le porter. Je me retrouve donc, pendant quelques instants, à observer les gens autour de moi, via ce prisme très particulier. Et je me mets à imaginer ce que pourrait être le quotidien d'une personne à l'odorat plus développé que la moyenne. Comment cette faculté pourrait modifier son rapport aux autres, avec quelles conséquences sur sa vie sociale et émotive, sur son caractère. Tout cela semblait propice à faire jaillir un personnage singulier et posait d'emblée un défi de scénario, de mise en scène, de réalisation : mettre les odeurs en images. C'est comme ça qu'est née Anne Walberg." Grégory Magne signe également le scénario, après s'être évidemment documenté sur le métier singulier de "Nez" dont il n'existe qu'une centaine de professionnels dans le monde. Pour le tournage et le conseil technique le réalisateur-scénariste a pu compter notamment sur Jean Jacques, parfumeur de la maison Parfums Caron, et Christine Nagel, nez de la maison Hermès...

Les Parfums (2020) de Grégory Magne

Guillaume est un chauffeur de maître au permis de conduire fragile et en instance de divorce quand il obtient la mission de conduite Mademoiselle Walberg, nez autrefois réputé, qui est hautaine et asociale. Mais à force de se côtoyer l'un et l'autre vont s'apprivoiser et s'ouvrir vers d'autres perspectives... Le chauffeur est joué par Grégory Montel qui retrouve son réalisateur après "L'Air de Rien" (2012) et qui, depuis, a été remarqué dans "Les Chatouilles" (2018) de Andréa Bescond et Alex Métayer puis "L'Heure de la Sortie" (2019) de Sébastien Marnier. Sa cliente qui a du nez est incarnée par Emmanuelle Devos vue récemment dans "Mes Jours de Gloire" (2019) de Antoine de Bary. La fille du chauffeur est jouée par la jeune Zélie Rixhon révélée dans "L'Incroyable Histoire du Facteur Cheval" (2018) de Nils Tavernier. Puis enfin, dans deux rôles secondaires, Sergi Lopez vu récemment dans "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, puis Gustave Kervern qu'on n'avait pas vu depuis "Les Petits Flocons" (2019) de Joséphine de Meaux. Ce dernier retrouve pour l'anecdote Gaëtan Roussel, leader du groupe Louise Attaque et compositeur du film qui fût lancé au cinéma par les films "Louise Michel" (2008) et "Mammuth" (2010) tous deux co-signé de Gustave Kervern avec son acolyte Benoît Délépine... Si le "nez" est le fil conducteur du récit il reste finalement assez secondaire. En effet, le métier et ses particularités est décrit sans entrer dans les détails, de façon simple et efficace mais qui aurait gagné sans doute à un peu plus de poésie.

Les Parfums (2020) de Grégory Magne

Le vrai sujet est le lien entre deux caractères que tout oppose, deux positions sociales différente mais qui vont se rapprocher vers une égalité d'un optimisme qui fait du bien. Ainsi Mademoiselle Walberg est une nantie hautaine et infecte qui serait le pendant d'une aristocrate sûre de sa position dominante, tandis que Guillaume est un père célibataire qui tente de rester en contact avec sa fille et le monde qui l'entoure, il est le pendant de l'homme d'en-bas, de l'être humain de base, modeste et humain non sans quelques défauts mineurs. C'est ce face à face qui permet au film de respirer, qui offre les plus moments évoluant vers un partenariat d'égale à égal. Le scénario offre quelques séquences touchantes, parfois drôles, toujours avec une certaine tendresse même quand on aurait envoie de claquer cette bourgeoise supérieure. P ar contre, on peut rester sur notre faim quand me médecin spécialiste de l'anosmie entre en jeu. Joué par un Sergi Lopez charmant et charmeur il s'avère sous-exploité et finalement complètement superflu tant le peu d'importance dans l'histoire casse un peu trop la narration. Cette comédie offre un joli duo, avec un bel équilibre dès le départ (le prolétaire est franc et pas si soumis, et la star Emmanuelle Devos ne vampirise pas l'écran face à un Grégory Montel au fort capital empathique. Grégory Magne signe un film cohérent, sympathique, avec en fond un domaine rare quin'est pas sans mystère sur les rapports humains. Un bon moment.

Note :

Parfums (2020) Grégory MagneParfums (2020) Grégory Magne