Slow Machine, film de fin d’études fauché ou coup de génie ?

Slow Machine, film de fin d’études fauché ou coup de génie ?

Synopsis : " Stephanie est une actrice résidant à New York. Une personne vibrante et tourmentée pour qui chaque rencontre contient la promesse d'un potentiel changement de vie. Professionnellement, Stephanie traverse un passage à vide quand apparaît alors Gerard, un expert dans la lutte anti-terroriste de la police new-yorkaise, passionné de petites productions théâtrales et probablement fou. Les deux entretiennent une amourette malsaine qui n'aboutit à... rien. Stephanie doit rompre, rapidement. Elle s'enfuit vers le nord avec Jim... mais le passé la rattrape et elle retourne en ville, obligée de faire face aux conséquences de ses actes. "

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Comme un air de David Lynch... comme une impression de replonger dans Paris, Texas... comme un extrait du meilleur des scènes de potes de Xavier Dolan, les engueulades en moins... Slow Machine est un film étrange, expérimental et particulier. Très particulier. Pour qui aime les comparaisons, on semble se retrouver dans un film de David Lynch à ses débuts, où l'intrigue et les allers-retours incessants semblent tisser un scénario obtus et par moment incompréhensible.

Stephanie l'héroïne est coincée entre l'attente de rôles pour des productions théâtrales ou cinématographiques qui n'aboutissent à rien et cette relation malsaine avec Gerard, prétendu flic anti-terroriste. Mais qui est-il vraiment ? Par des images comme des flash, le spectateur comprend qu'un drame couve mais pourquoi ? Quel est le but de ces bavardages vains et incessants ? Aucun... si ce n'est de ballotter le spectateur entre réalité et fiction, entre monologues dignes de pièces de théâtre et scènes de confrontation pour toujours aboutir sur une fin. Mais quelle fin ? La fin d'un cycle, la fin d'une drôle d'histoire, la fin d'une relation, la fin d'un monde constamment surveillé car Stephanie n'est jamais seule, est toujours épiée ou suivie...

Paul Felten et Joe Dornado signent un premier film en duo où l'aspect esthétique est plus important que l'aspect réaliste. Malgré un grain de l'image singulier et particulier, le film ne décolle jamais et provoque rapidement l'ennui chez le spectateur. Heureusement, il y a l'interprétation désabusée et par moment irritante de Stephanie Hayes. Elle crée une tension réelle, palpable, mais par son rôle d'actrice qui ne sait pas ce qu'elle veut, elle insiste sur le caractère imbuvable des personnalités du show-biz pour mieux nous éloigner d'elle, nous repousser. En clair, dans l'écriture du personnage, les deux réalisateurs provoquent ce manque d'attachement certain et nécessaire envers l'ensemble du casting.

Pourtant, il y a du beau monde dans cette histoire tels Chloë Sevigny ou encore Scott Shepherd, vu récemment dans El Camino et surtout l'actrice principale, Stephanie Hayes, suédoise hyperactive du monde artistique. Mais rarement le scénario n'imprime sa marque et capte pleinement le spectateur. Seule la scène finale où Stephanie semble habitée par le génie de la création artistique, laisse deviner ce qu'aurait pu être Slow Machine : une parabole sur la création et les obstacles mis sur la route des actrices pour réussir.

Cependant, en ne dépassant pas le stade du film expérimental de fin d'études, Paul Felten et Joe Dornado ne réussissent pas à élever leur histoire autre qu'un sous- Lynch, un sous- Dolan ou encore le négatif de Frances Ha de Noah Baumbach. Cependant, il faut reconnaître que ce film kickstarté, propose quelques belles trouvailles dans sa façon d'imprimer une tension constante et permanente. Qu'est-il arrivé à Gerard et pourquoi Stephanie semble la seule à s'en soucier ? L'incrustation de scènes subliminales participe de ce malaise et ce mal-être chez le spectateur. Mais quand le générique arrive, il ne reste rien. Rien que des images alignées sans réel intérêt sauf peut-être la dernière scène, celle d'une actrice qui va vers son avenir et la réussite... au détriment sans doute de son environnement privé. Et cette impression étrange : et si nous avions rêvé cette vie d'avant la consécration de Stephanie avec elle ? En ce sens, Lynch n'est jamais loin coincé entre réel et imaginaire.

Reste à savoir si le spectateur aura envie de se plonger pendant 1h12 dans cet univers si particulier et totalement foutraque... au risque d'une amère déception malgré la sensation d'avoir pourtant participé à une expérience de cinéma particulière, comme les studios hollywoodiens n'en offrent plus... une sorte de test pour qui voudra bien se perdre avec Stephanie dans ce thriller cinglé coincé entre performance d'acteur et surveillance comme l'indiquait le projet lors de sa création sur la plateforme de financement participatif.

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" Mais quand le générique arrive, il ne reste rien. Rien que des images alignées sans réel intérêt sauf peut-être la dernière scène, celle d'une actrice qui va vers son avenir... "

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