Des personnages & des personnalités crédibles

Comment créer des personnages crédibles et attachants ? Quels sont les éléments des personnages crédibles ?

Les personnages crédibles possèdent une cohésion et une cohérence. Ils ont une histoire et une vie intérieure et ils jouent des rôles multiples. Nous nous identifions à eux et ils suscitent notre empathie. Et enfin, les personnages crédibles ne sont surtout pas un bloc monolithique.

Cohésion et cohérence

Les ingrédients d’un être humain sont des composants qui fonctionnent ensemble de manière naturelle, cohérente et authentique. Les traits de personnalité que vous retiendrez pour vos personnages devraient décrire la profondeur de leurs personnalités. L’astuce est de ne démontrez que quelques traits à votre lecteur. Conservez d’autres traits dans votre esprit.

L’utilisation de traits de caractère trop nombreux peut submerger un personnage (et anesthésier un lecteur), mais vous pouvez jouer avec les traits pour créer un personnage qui est bénin ou extrême, sympathique ou repoussant.

Même lorsque l’imagination d’un auteur s’envole vers des êtres de fiction plus fascinants que la réalité, plus vrais que nature, les personnages doivent posséder une cohésion interne : Ils doivent avoir du sens.
La cohésion signifie que les divers éléments de la personnalité et du comportement sont liés d’une manière que le lecteur puisse suivre et croire.

Les aspects de la personnalité doivent se tenir ensemble. Par exemple, un personnage avoue qu’il a volé de l’argent. On peut être surpris par ses aveux ; le personnage ne nous avait pas été exposé ainsi. Aucun indice n’a été fourni.
Mais en se remémorant sa personnalité comme son arrogance, son besoin d’impressionner les autres, son style de vie élevé, sa conviction que son travail acharné devrait lui permettre d’obtenir plus et tout cela combiné à une faible estime de soi, et matériellement l’accès facile à cet argent, nous rend crédible qu’il pouvait être entraîné dans un détournement de fonds.

Ce personnage aurait-il été capable d’un braquage à main armée. Jamais. Il n’est pas violent ; il avait certaines règles de vie, et il se considérait au-dessus des cambriolages ordinaires.
Il y a néanmoins une certaine logique dans son comportement, y compris l’idée grandiose qu’il pouvait rembourser toutes ces dettes (une information pourtant donnée au lecteur) et que personne ne le soupçonnerait jamais.

Ces divers traits, une fois révélés, se sont liés et ont expliqué pourquoi un personnage présenté comme un pilier de la communauté s’est retrouvé en difficulté. C’est précisément cette position sociale, son investissement dans la communauté et d’autres détails qui ont permis d’écarter les soupçons et de jouer sur une impression tenace d’innocence.

La personæ encore

Les traits de personnalité ont tendance à se manifester de manière répétée, surtout lorsque nous sommes confrontés à des événements similaires. Mais les rôles que nous jouons, les situations dans lesquelles nous nous trouvons et les personnes avec lesquelles nous interagissons suscitent des traits différents. Il en est de même des personnages de fiction.

Surtout, ces traits ne sont pas empruntés faussement. Ils peuvent être sincères. On s’adapte aux circonstances.

Un personnage peut être cohérent et réserver des surprises : qu’il rencontre un nouvel allié ou se sente trahi par un personnage qu’il considérait comme un soutien dans son effort vers son objectif ou bien changer les circonstances (au moment de l’incident déclencheur par exemple) et différents traits de son caractère pourront se révéler.

On ne voit que l’apparence d’un personnage, ce qu’il offre à nos sens. Comme dans la vraie vie, vous pouvez savoir tout ce qu’il y a à savoir sur cet autre qui vous fait face, mais vous seriez naïf de croire qu’il n’y a pas une autre vérité derrière le voile.

Néanmoins, comme dans la vie, l’auteur dévoile progressivement des informations sur ses personnages. Ceux-là nous racontent une partie de leur histoire, et nous en apprenons un peu plus. Ils nous font part de leurs sentiments sur un événement, ou nous les regardons réagir et maintenant nous pouvons déduire leurs sentiments, et nous en apprenons encore plus.
Nous les voyons dans tel ou tel contexte et, avec le temps, nous découvrons ce qui étaient auparavant hors de vue.

Fonctions, situations, relations

personnalitéLa fonction qu’occupera un personnage dans une fiction influencera très probablement les traits de sa personnalité. Pour la psychologue Linda Edelstein, dans la vraie vie, ce sont essentiellement nos activités professionnelles qui nous définissent un rôle. En quelque sorte, cette activité professionnalise notre personnalité. Faites de même avec votre personnage. Situez-le professionnellement même si cette profession ne joue pas dans l’intrigue.

Tout comme nos rôles varient, les situations dans lesquelles nous nous trouvons varient également. Toutes les situations ont la possibilité de faire ressortir des traits, bons ou mauvais, qui pourraient rester cachés dans d’autres situations.
Votre héroïne est peut-être merveilleuse et agréable dans les situations individuelles, mais dans un groupe, elle se sent intimidée et se replie sur elle-même. C’est tout à fait crédible. Son comportement change selon les situations dans lesquelles elle est jetée.

Surtout, dans le domaine de la fiction, ce sont les relations entre les personnages qui sont d’une importance capitale dans la réception de l’œuvre auprès du lecteur. Linda Edelstein nous rappelle que nous nous suscitons mutuellement certains traits par le fait même de nos rapports les uns aux autres.
Tous les personnages possèdent un réseau de relations. Les traits, les sentiments et les comportements possibles qui existent déjà chez les individus concernés, sont attirés à la surface par les événements et créent les subtilités des interactions entre les individus.

La cohérence des personnages est plus fructueuse que l’incohérence, car nous commençons à reconnaître la « voix » de la personne. Nous croyons que nous connaissons quelqu’un ; nous savons ce que à quoi nous attendre de sa part, ou nous pensons que nous le savons.

personnalitéLe dramaturge Edward Albee testait ses personnages en les imaginant dans d’autres situations que celles qu’il avait créées. Il voulait voir si les personnages existaient toujours en dehors de sa pièce.

La cohérence de la personnalité ne s’oppose pas au changement. En littérature, comme dans la vie, les événements interviennent sur le développement d’un personnage et en modifient la structure. Parce que vous connaissez les comportements attendus, la cohérence vous permet également d’avoir des personnages agissant parfois à l’encontre de ce que l’on croit attendre d’eux, comme ce personnage trop timide ou timoré qui tombe amoureux de la mauvaise personne parce qu’il ou elle ressent soudain (dans des circonstances données) une liberté momentanée.

L’empathie

L’empathie est cet échange insaisissable par lequel, pendant un moment fugace ici et là, on se met à la place de quelqu’un d’autre.

On reconnaît des choses universelles dans le combat de l’autre : l’amour, la haine, la désespérance, la honte, la solitude, la peur, la joie…

Nous comprenons les gens lorsque nous nous connectons à une qualité universelle en eux qui trouve un écho dans notre propre monde. En littérature, comme dans la vie, nous nous rapprochons des personnages lorsque nous sommes en résonance avec leur vie émotionnelle.

Comprendre le monde émotionnel d’un personnage n’est pas la seule façon de susciter l’intérêt. On peut utiliser un passe-temps, comme la culture des orchidées, pour différencier un personnage, l’individualiser.
Nous pouvons utiliser une caractéristique physique comme un tatouage affichant Maman pour faire ressortir une certaine personnalité, mais la personnalité elle-même est plus convaincante. Les accessoires attirent l’attention, mais c’est la complexité de la personnalité qui soutient l’intérêt du lecteur.

Si nous nous investissons dans les sentiments d’un personnage, nous nous soucions de ce qu’il lui arrive ; nous nous demandons comment il ou elle pourra résoudre son conflit personnel. Connaître le personnage, c’est prendre conscience de ses tourments, de ses interrogations, de ses angoisses, c’est rester connecté et impliqué, même si l’expérience du personnage est loin d’être la nôtre.

Les personnages doivent être persistants, faillibles et capables d’évoluer, de grandir et de changer. Les auteurs s’efforcent de créer des personnages réalistes. Ils ont besoin d’un héros ou d’une héroïne avec une profondeur psychologique suffisante pour assurer la tension dramatique, car il ou elle est confronté(e), souvent seul(e), à un adversaire personnel.

Ce sont les émotions du personnage qui captureront rapidement l’attention du lecteur.

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