La chute de l'empire américain

La chute de l'empire américainL'humanité dérape
Docteur en philosophie, Pierre Paul, malgré un QI bien plus élevé que la moyenne, en est réduit pour gagner sa croûte à travailler comme livreur. Très vite son intelligence supérieure est même présentée comme un handicap pour réussir dans nos sociétés dites développées. C’est le premier message : la réussite passe par l’argent et l’accès à la réussite pas forcément réservée aux personnes les plus brillantes ; simpliste, peut-être mais tellement d’actualité. Un jour Pierre-Paul est témoin d’un braquage qui tourne mal et embarque les sacs de biftons abandonnés au sol. Purement improbable comme scène tout comme ce hold-up lorgnant du côté de Tarantino ; mais sans importance, il faut prendre ce récit comme une fable moderne anti capitaliste. Avec cet argent, Pierre Paul touche enfin le rêve américain : avoir plein de blé. Mais deux questions se posent à lui ; premièrement comment le conserver sans se faire buter par les truands cherchant leur magot ; deuxièmement comment garder cet argent quand on est soit même humaniste et investi dans des actions caritatives auprès des plus pauvres.Dans cette aventure, il s’agit d’un brûlot mais monté sous forme de thriller, il va se retrouver associé à une call girl, un ancien gangster et un fiscaliste de haute volée pas regardant sur l’évasion fiscale. La réflexion sur le pouvoir et les dégâts causés par l’argent sonne toujours juste, même si le fond reste léger porté par un humour corrosif et des dialogues enlevés. Une belle œuvre satirique qui clôt la trilogie de Denys Arcand débuté il y a près de 30 ans par « Le déclin de l’empire américain ». Un vrai grand plaisir de cinéma durant 2 heures car le réalisateur distille une minutieuse alchimie entre message fort et divertissement.Vincent Ostria résume parfaitement cela : « Un mélange de polar, de comédie, et de drame social aux fins d’une satire politique de haute volée ». Indispensable, à voir impérativement ; du social loin du plombant des Loach ou Dardenne au demeurant posant un regard aussi aiguisé que ces derniers sur nos sociétés.
Sorti en 2019
Ma note: 18/20