Après le joli succès "Patients" (2017) d'après l'autobiographie du slameur Grand Corps Malade, le duo GCM et son acolyte Mehdi Idir se penche sur l'école, ou plutôt sur le collège. Grand Corps Malade précise : "Mehdi et moi avons adoré cette période", tout en rajoutant que c'est durant cette période que les jeunes se contruisent et s'affirment. Les deux co-réalisateurs-scénaristes ont puisé dans leurs souvenirs mais ils ont aussi pu dialoguer avec des professionnels de l'Education Nationale : "Pendant notre observation, on a constaté qu'un conseiller principal d'éducation (CPE) est à la croisée des chemins. Entrer dans l'histoire par son biais permettait de connecter les histoires entre elles. Un CPE traite 10 problèmes différents par heure. Il est en contact avec les parents, les élèves, le personnel administratif, les professeurs"... Samia est une toute nouvelle conseillère principale d'éducation qui prend ses fonctions à la rentrée dans un collège d'éducation prioritaire dans une cité de Saint-Denis. Elle prend d'abord ses marques avant de s'adapter petit à petit à cet univers particulier entre les problèmes du corps enseignant et les problèmes des élèves...
Le rôle de Samia ets incarné par la lumineuse Zita Hanrot révélée par (2015) de Philippe Faucon pour lequel elle a obtenu le César du meilleur espoir féminin. Autour d'elle toute une pléïade pour le corps éducatif dont on peut citer les profs Soufiane Guerrab déjà dans "Patients" et aperçu dans "La Loi du Marché" (2015) de Stéphane Brizé et (2015) de Jacques Audiard, puis Antoine Reinartz grande révélation de ses dernières années avec "120 Battements par Minute" (2017) de Robin Campillo et "Roubaix, Une Lumière" (2019) de Arnaud Depleschin. Chez les surveillants on a l'excellent Alban Ivanov qui est omniprésent depuis quelques temps avec récemment "Hors Normes" (2019) du duo Nakache-Toledano et "Inséparables" (2019) de Varante Soudjian, ainsi que Moussa Mansaly un rappeur déjà dans "Patients"... Le début du film offre une telle effervescence, une telle envie de toute part qu'on a une sorte d'optimisme qui nous envahit avec une sourire en prime qui fait du bien. Le bonheur semble présent à tous les étages, les profs heureux de revoir les élèves et ces derniers heureux d'être là, surtout de revoir leurs amis sans aucun doute ! Mais très vite on est choqué, d'un côté par des caricatures un peu facile, d'un autre par des libertés de ton qui sortent plus du fantasme que de la réalité.
Citons pêle-mêle un prof blanc dépressif dont tous se moquent (élèves et collègues !) et qui est presque mis au banc des accusés alors qu'il subit une classe infecte, un surveillant qui n'a rien d'un étudiant (Ivanov), un prof de sport abruti fini (joué par Redouane Bougheraba) qui aurait surtout toute sa place dans un film comme (2013) de Pierre-François Martin-Laval, une CPE ultra-pro si parfaite malgré une certaine naïveté (que vient foutre là ce conjoint ?!?) que ça reste un idéal un peu surréaliste... Seuls les élèves offrent un panel plutôt juste. On peut d'ailleurs préciser que la plupart des élèves sont amateurs dans leur premier film mais qui nagent là dans un milieu qu'ils connaissent déjà bien. Niveau humour, soit on ne rit pas (les pions qui se moquent de tous pour tout et pour rien) soit c'est aux dépens malheureusement de personnes déjà victimes du système. On décèle sans soucis les intentions des deux auteurs, les messages passent mais c'est beaucoup trop démago pour être pertinent, beaucoup trop politiquement correct pour marqué les esprits, même si la sincérité du projet ne fait aucun doute. Ce film tient presque du fantasme et sur trop de paramètres c'est soit hors réalité soit trop caricaturé, donc sans nuance. Le film est bien reçu en général avec un joli succès en salle avec 1 million 800 entrées France (soit 500000 de plus que "Patients"). En conclusion un film maladroit malgré les bonnes idées, dommage...
Note :
