L'Espion qui m'aimait (1977) de Lewis Gilbert

10 ème film "officiel" de la mythique franchise, ce film est adapté tout aussi officiellement du roman "The Spy Who Loved Me" (1962) de Ian Fleming mais dont il ne reprend cependant que peu de choses. En effet, comme e nous l'avions déjà vu dans l'article de "Opération Tonnerre" (1965) de Terence Young, le procès entre le scénariste Kevin McClory contre Ian Fleming a fait que McClory a menacé les producteurs de EON d'un procès si le scénario reprenait les paramètres du personnage de Blofeld et du SPECTRE. Les modifications ont donc été d'effacer toutes les références les concernant. Le scénario a une nouvelle fois été signé de Richard Maibaum auteur de presque tous les films depuis "James Bond contre Dr. No" (1962) de Terence Young, assisté du romancier Christopher Wood, fan de James Bond, avec qui il a collaboré sur le film "Seven Nights in Japan" (1977). 007 retrouve aussi le réalisateur Lewis Gilbert après "On ne Vit que Deux Fois" (1967) avec Sean Connery...

L'Espion qui m'aimait (1977) de Lewis Gilbert

Alors que le Royaume-Uni et l'URSS déplorent chacun la disparition mystérieuse d'un de leur sous-marin nucléaire, leurs meilleurs agents respectifs, 007 et Triple X, doivent collaborer pour les retrouver. Leur enquête les mène à rencontrer le milliardaire Karl Stromberg et son homme de main Requin... Pour son 3ème des 7 films et après "Vivre et Laisser Mourir" (1973) et "L'Homme qu Pistolet d'Or" (1974) Roger Moore est de nouveau 007 toujours entouré du trio du MI6 Bernard Lee/M, Lois Maxwell/Moneypenny et Desmond Llewelyn/Q. Le méchant Stromberg est incarné par Curd Jürgens qui avait déjà aborder un rôle similaire chez un concurrent dans "Pas de Roses pour OSS 117" (1968) de André Hunebelle. les James Bond Girls sont jouées par Caroline Munro qui apparaissait dans un des films film "dissident" de la saga "Casino Royale" (1967) de John Huston, puis surtout Barbara Bach ex-top model qui était déjà apparue au cinéma notamment dans "Un Peu de Soleild ans l'Eau froide" (1971) de Jacques Deray adapté d'un roman de Françoise Sagan, et qui retrouvera Richard Kiel alias Requin dans "L'Ouragan vient de Navarone" (1978) de Guy Hamilton, lui-même réalisateur de 4 des James Bond précédents. On peut aussi citer Walter Gotell dans le rôle du général Gogol qu'on avait vu dans "Bons Baisers de Russie" (1963) de Terence Young... La première chose qui nous frappe reste la musique, d'abord sans conséquences on va de plus en plus être interloqué tant on ne reconnaît pas la patte du compositeur John Barry ; et en effet, pour ce film, exceptionnellement et étonnament ce n'est pas le lui qui signe la partition cette fois (pour des raisons obscures comme on dit) mais Marvin Hamlisch célèbre pour être un des rares à avoir cumulé les prix Oscar, Emmy, Tony et Grammy avec le Pulitzer en prime ! Néanmoins, il est clair que Hamlisch n'a pas su déceler l'esprit bondien en s'inspirant du classique (Mozart, Chopin entre entre) à la saupoudré de disco ! La musique est clairement le maillon faible du film car autrement, il s'agit peut-être du meilleur 007 de Roger Moore avec "Vivre ou Laisser Mourir" (1973) de Guy Hamilton.

L'Espion qui m'aimait (1977) de Lewis Gilbert

A y regarder de plus près le scénario est proche de "On ne Vit que deux fois" (1967) mais on passe de la terre ferme au monde marin avec une inspiration de "20000 Lieues sous les Mers" de Jules Vernes, Stromberg ayant tout du capitaine Nemo et Atlantis renvoie irrémédiablement au Nautilus. On pourrait même pousser en voyant Requin en lieu et place du calamar géant, mais qui a surtout été inspiré par le succès mondial récent du film "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg. D'ailleurs, le personnage de Requin n'est pas pour rien dans le charme du film, un tueur original qui apporte autant de frayeur que d'humour ! On apprécie également la complicité et l'osmose entre le couple Roger Moore/007 et Barbara Bach/Triple X, cette dernière étant incontestablement un des James Bond Girls les plus magnétique de la saga. Forcément, on attend les gadgets qui ne sont pas envahissants mais qui ont aujourd'hui leur place dans le best of de la saga avec la Lotus amphibie surtout, on peut préciser en prime que Bond est le premier à utiliser un jet-ski sur grand écran. Anecdote suprême : suite à des ennuis de santé, le Directeur Photo a dû laisser sa place et c'est le chef Décorateur Ken Adam qui a demandé l'aide de... Stanley Kubrick !!! Ce dernier a accepté à condition de rester anonyme ! Kubrick a donc supervisé toute la partie intérieure du supertanker ! Une contribution spéciale à voir dans le making-of... En conclusion, s'il n'est pas exempt de maladresses (attention à l'humour parfois trop "facile"), et que la musique est un gros bémol, il s'agit clairement d'un des meilleurs Roger Moore notamment grâce à un joli face à face 007/Triple X et à un Requin désormais culte. Un bon moment.

Note :

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