Killerman (2019) de Malik Bader

Après avoir signé quelques films, "Street Thief" (2006), "Crush" (2013) et surtout "Cash Only" (2016) le cinéaste Malik Bader revient avec un casting un chouïa plus prestigieux tout en restant dans le genre thriller/action. Son projet est produit par des co-producteurs spécialisés surtout dans les séries B et dont le plus gros titre est "Machine Gun" (2011) de Marc Forster. Sur ce film Malik Bader est réalisateur-scénariste et semble s'être inspiré d'un fait réel ; on dit bien semble, on y reviendra... Moe Diamond et son ami Skunk sont en passe de devenir les blanchisseurs officiels d'un gang dirigé par Perico oncle de Skunk. Mais alors que Perico laisse en suspend une livraison les deux amis décident de dealer une fois avec l'argent du gang entre temps mais tout se passe mal et les deux amis se retrouvent pourchasser par des flics ripoux. Lors d'une poursuite ils ont accident de voiture et Moe devient amnésique. Skunk va devoir tenter de lui faire comprendre les enjeux tout en gérant les ripoux et son oncle...

Killerman (2019) de Malik Bader

Les deux amis blanchisseurs en herbe sont incarnés par Liam Hemsworth pas vu depuis le très oubliable "Isn't It Romantic" (2019) de Todd Strauss-Schulson mais révélé dans la saga "Hunger Games" (2012-2015) dont il a bien du mal à sortir d'autant plus quand on est dans l'ombre d'un frère ayant incarné Thor chez Marvel, puis Emory Cohen qu'on a pu voir dans les meilleurs (2016) de John Crowley et (2017) de Christopher Smith. L'oncle est joué par l'imposant Zlatko Buric cultissime dans la trilogie "Pusher" (1996-2004-2005) de Nicolas Winding Refn et son remake éponyme (2012) de Luis Prieto. Dans le cercle premier des amis il y a Diane Guerrero surtout connue pour ses rôles récurrents dans les séries TV "Orange is the New Black" (2013-2019) et "Jane the Virgin" (2014-2019), puis Suraj Sharma révélation de "L'Odyssée de Pi" (2012) de Ang Lee. Les seconds couteaux joués par Nickola Shreli et Stivi Paskoski retrouve le cinéaste après "Cash Only", Malik Bader interpétant lui-même le personnage de Martinez... La première chose qui frappe est le style donné par Malik Bader à son film, avec un grain appuyé à la mode seventies, mais qui rappelle aussi et surtout les polars noirs et fatalistes genre "Pusher" nommé plus haut. Outre ce grain, il faut saluer à la fois la cohérence et l'audace avec la bande originale. La musique est en effet emprunt de sonorité seventies mais avec un son électro résolument moderne qui donne un semblant de rythme à un récit qui ne manque parfois. Musique signée de Julian DeMarre et Heiko Maile, le premier a signé la BO de "Cash Only", le second a déjà signé les BO de quelques films dont "La Vague" (2008) et "Le Quatrième Pouvoir" (2012) tous deux de Dennis Gansel. La caméra à l'épaule ajoute à ce côté nerveux et imprévisible mais le réalisateur ne trouve jamais le moyen de mettre un vrai rythme et à transcender son sujet. En vérité on s'ennuie un peu au début tant on a l'impression d'avoir déjà vu ça mille fois dans des téléfilms d'après-midi. Le film connaît ensuite quelques rebondissements qui mettent un coup de fouet mais tout en créant des incohérences et/ou des maladresses.

Killerman (2019) de Malik Bader

Le premier de tous ces paramètres reste l'amnésie qui est traité n'importe comment, soit en l'exploitant pas à fond soit en omettant carrément les conséquences logiques d'un tel trouble. Le film devient dès lors bancal. Ainsi comment croire que Moe semble touché par le sort de Lola alors que 30 secondes avant il ne se rappelait pas d'elle ?! Comment expliquer ensuite qu'il est pris d'une rage vengeresse pour une femme dont il ne se souvient pas ?! La dernière partie ne tient plus la route, mais surnage grâce à des gueules de cinéma qui font le job en premier lieu duquel le caïd libidineux joué par Zlatko Buric. Un final violent digne d'une descente aux enfers version express live arrive et fait son effet, mais elle reste la conséquence illogique issue d'une amnésie qui n'est finalement qu'un prétexte à une explosion de violence ainsi légitimée. Quand arrive le twist, facile mais efficace, et qu'ensuite le film se termine par un encart, on se pose alors inévitablement une question primordiale : histoire vraie ou pas ?! Pour la petite parenthèse, sans doute pas car comment savoir pour l'amnésie, et ensuite aucune recherche ne permet d'en savoir éventuellement plus. En tous cas outre ce gros bémol autour de l'amnésie, le récit est également semé d'autres soucis comme une fusillade que bizarrement aucun des gorilles dans les locaux à côté n'entendent ou comment ne pas s'étonner que les supérieurs de l'agent infiltré ne semblent exister ?! En conclusion un polar de série B loin d'être déplaisant mais au scénario en gruyère qui gâche forcément les bonnes intentions.

Note :

Killerman (2019) Malik Bader