Aladdin (2019) de Guy Ritchie

Poursuivant sa série de remakes Live de ses grands classiques d'animation comme les derniers nés (2019) de Tim Burton et "La Belle et le Clochard" (2020) de Charlie Bean, cette fois c'est au tour du film d'animation éponyme (1992) John Musker et Ron Clements d'avoir droit à son Live. Rappelons tout de même qu'il s'agit à l'origine d'un conte issu du mythique "Mille et Une Nuits" traduit en français aux années 1704-1714 par Antoine Galland. Sur ce projet le scénario a été signé de John August scénariste ayant travaillé sur la plupart des derniers films de Tim Burton comme "Big Fish" (2003) et "Dark Shadows" (2012). Plus étonnant est le choix Guy Ritchie pour diriger le film, un réalisateur plus habitué aux films de gangster auquel on doit quelques magnifiques moments comme "Snatch" (2000) et "Sherlock Holmes" (2009)...

Aladdin (2019) de Guy Ritchie

Un garçon des rues et voleurs à l'occasion croise par hasard une jeune femme qui dit être servante au Palais royal mais qui s'avère être la princesse Jasmine. Pour la séduire il accepte volontiers la promesse de fortune du vizir Jaffar s'il accepte une mission où il doit rapporter une lampe mystérieuse. Un incident amenant à une maladresse (ou l'inverse !) voilà que Aladdin devient le propriétaire de la lampe d'où sort un génie particulièrement volubile. Aladdin a alors droit à trois voeux... Le rôle titre est incarné par un inconnu, Mena Massoud acteur canadien aperçu dans quelques séries TV et qui trouve là son premier grand rôle. Jasmine est incarnée par la jolie Naomi Scott actrice américaine révélée dans le navet "Power Rangers" (2017) de Dean Israelite et vue depuis dans "Charlie's Angels" (2019) de Elizabeth Banks. Jaffar est joué par Marwan Kenzari acteur néerlandais d'origine tunisienne vu dans des films comme "Seven Sisters" (2017) de Tommy Wirkola et dans son premier rôle principal dans "L'Ange du Mossad" (2018) de Ariel Vromen. Et enfin, le Génie est incarné par la star Will Smith en roue libre sur la pente du has been depuis un moment en témoigne encore l'échec de (2019) de Ang Lee ou la soupe bourrine "Bad Boys for Life" (2020) de Adil El Arbi et Bilall Fallah... Rien de bien neuf sous le soleil d'orient, le scénario est quasi identique à l'exception notable d'une chose : Jasmine devient soudain une féministe avant l'heure ! Période #MeToo et Cie oblige, logique opportuniste et contemporaine mais peu réaliste au vu du contexte de l'histoire et, surtout, amené de façon bien peu subtile dans le récit (cloîtrée depuis des années, milieu d'homme etc... et elle arrive brusquement pour tenter de s'imposer...). Evidemment, le réflexe premier est de comparer avec le long métrage animé original. Niveau scénario on a l'impression d'avoir déjà vu le film ; pas faux !

Aladdin (2019) de Guy Ritchie

On passera sur les débats stériles autour des origines des acteurs. Naomi Scott est une Jasmine crédible et jolie, Mena Massoud est parfait en Aladdin même s'il manque un peu de malice, pour le Génie Will Smith s'en sort plutôt bien même si on aurait aimé qu'il s'impose beaucoup moins sur d'autres paramètres (on va y revenir !), par contre Jaffar est joué par un acteur bien trop jeune et qui caricature trop son personnage qui n'en demandait pas tant : d'où l'importance de comprendre les nuances entre animation et Live. Pour en revenir à Will Smith, il est clair qu'il a imposé un style hip hop qui n'a pas toujours sa place dans les moments musicaux. D'ailleurs le film aurait sans doute se passer du style musical, les chansons sont mièvres, mais surtout c'est un véritable calvaire en VF ! Surtout à ne pas voir en Version Française ! Visuellement c'est plutôt bien fait, les costumes sont sublimes, les décors mêlant réalisme et magie, le Génie est idéal mais sur le fond il y a deux gros défauts. Le premier est que Guy Ritchie se repose sur ses lauriers, il est au minimum syndical tant il n'impose jamais son style pourtant si singulier dans ses oeuvres persos. Le second est que le film manque cruellement d'émotion, pas d'étincelles dans le couple Jasmine-Aladdin, pas de relation touchante père-fille, et même l'humour reste trop calibré d'où une absence totale de la moindre émotion positive. D'ailleurs le film a dû être un mauvais passage pour le réalisateur qui va vite se reprendre avec un très beau retour aux sources avec "The Gentlemen" (2020). En conclusion un remake insipide, beau visuellement mais inepte sur le fond.

Note :

Aladdin (2019) Ritchie