Une Sirène à Paris (2020) de Mathias Malzieu

Second film pour Mathias Malzieu, connu d'abord comme leader du groupe de rock Dyonisos, qui a déjà co-réalisé et écrit l'excellent film d'animation "Jack et la Mécanique du Coeur" (2014) adapté de son roman "La Mécanique du Coeur" (2007). Si ce nouveau projet est cette fois un film à prise de vue réelle il adapte pourtant une nouvelle fois un autre de ses romans éponyme (2019) avec en place central l'amour et, d'une certaine façon, une autre évocation de la "mécanique du coeur". Il co-signe son scénario avec Stephane Landowski qui n'avait écrit que ces courts métrages jusqu'ici, dont son propre film "A ses Enfants, la Patrie reconnaissante" (2015) ainsi que le court "Le Distributeur d'Aurores Boréales" (2016) de Mathias Malzieu...

Une Sirène à Paris (2020) de Mathias Malzieu

L'histoire se situe à Paris, où un crooner qui travaille avec son père propriétaire d'une péniche-cabaret ne croit plus en l'amour. Il trouve une sirène inanimée sur les bords des quais de Seine et prend soin d'elle malgré qu'elle l'avertisse qu'il va mourir en tombant amoureux d'elle... Gaspard le crooner est interprété par Nicolas Duvauchelle vu dans "Les Envoûtés" (2019) de Pascal Bonitzer, la sirène est incarnée par Marylin Lima remarquée dans (2017) de Eva Husson. Le papa du crooner est joué par Tchéky Karyo qui se fait de plus en plus rare mais vu dans "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis, la voisine est interprétée par l'inénarrable Rossy De Palma dont le dernier film français est "A Cause des Filles...?" (2019) de Pascal Thomas. Un couple joué par Alexis Michalik qui était présent dans deux des meilleurs films français l'année dernière, en tant que réalisateur avec (2019) et en tant qu'acteur dans "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry, amoureux de Romane Bohringer qu'on n'avait pas vu depuis "L'Amour Flou" (2018) de et avec Philippe Rebbot. On peut citer un petit rôle pour Lola Bessis aperçue dans "Monsieur et Madame Adelman" (2017) de et avec Nicolas Bedos et qui retrouve les auteurs après "Le Distributeur d'Aurores Boréales"... Ce qui frappe d'abord c'est l'immersion dans une fable romantique dans la droite lignée du magnifique "La Forme de l'Eau" (2018) qui a assurément inspiré Malzieu sur quelques passages, on pense aussi et surtout à l'univers de Jean-Pierre Jeunet pour l'esthétique.

Une Sirène à Paris (2020) de Mathias Malzieu

Mais c'est bel et bien l'univers de mister Dyonisos qui prédomine tant la "mécanique du coeur" est omniprésente. Un conte moderne aux ingrédients parfois un peu kitsh, mais toujours saupoudré de poésie et de mélancolie. Ce qui compte c'est l'amour, et Mathias Malzieu n'a de cesse de le montrer, de le démontrer sous toutes les formes. Mais le scénario est parfois bancal, comme l'échange des patins à roulette avec le tuk tuk (du troc ?!), le passé "résistant" (inutile), ou encore qu'il est annoncé que la sirène doit rentrer dans l'océan avant le lever du jour alors qu'ensuite tout va bien. La première partie est un peu longue et il faut attendre un certain temps avant que l'amour agisse franchement et que la sirène quitte sa position de "handicap". Duvauchelle et Maryline Zima forme un très joli couple, mais on notera que Rossy de Palma est un atout non négligeable magnifiquement et judicieusement filmée, on en dira pas autant pour Romane Bohringer qui ne trouve jamais le ton juste, parfois en surjeu parfois pas assez en adéquation avec le fabuleux du récit. On a envie d'aimer ce film tant il est riche de sincérité, de poésie et de magie avec quelques scènes magnifiques mais il y a trop de maladresses et/ou de séquences superflues perdant de temps en temps le fil qui intéresse avant tout : la sirène. Un joli film donc, magique mais pas encore assez et beaucoup moins abouti sur et comparé à "La Mécanique du Coeur".

Note :

Sirène Paris (2020) Mathias MalzieuSirène Paris (2020) Mathias Malzieu