De Gaulle (2020) de Gabriel Le Bomin

Premier film sur le général Charles De Gaulle (Tout savoir ICI !), enfin ! Premier long métrage de cinéma sur l'un des personnages historiques les plus fameux de notre Histoire national alors qu'en comparaison les américains ou les britanniques en ont déjà produit plusieurs sur leurs plus grands hommes ! IOn peut d'ailleurs citer "Les Heures Sombres" (2017) de Joe Wright pouur un parfait parallèle avec un certain Winston Churchill. Concernant De Gaulle, il faut bien l'avouer, il était temps ! Finalement il est assez logique que ce projet soit signé Gabriel Le Bomin qui a déjà signé quelques documentaires notamment sur la Résistance. Il a également déjà réalisé plusieurs films dont certains sur les guerres mondiales avec "Les Fragments d'Antonin" (2006) et "Nos Patriotes" (2017). Le réalisateur explique : "... quand nous avons commencé à réfléchir à un sujet de film sur ce personnage historique avec Valérie Ranson-Enguiale ma co-scénariste, nous sommes vite tombés d'accord sur le fait que nous ne pouvions pas raconter toute sa vie car il y a plusieurs De Gaulle en un. Alors, par où l'aborder ? Ce qui nous a intéressé c'est le De Gaulle "illégitime" : l'homme de juin 1940, celui qui dit "non". c'est sans doute le moment de sa vie où il est le plus fragile, le plus inétressant donc le plus humain... Car sous tendu à ce projet, il y avait l'ambition d'accéder à l'intime."...

De Gaulle (2020) de Gabriel Le Bomin

Le film retrace donc les quelques semaines du mois de juin 1940 qui vont changer le destin d'un simple colonel en héros national, mais qui vont changer aussi et surtout le destin de la France... De Gaulle est incarné par l'acteur Lambert Wilson vu récemment dans "Les Traducteurs" (2020) de Régis Roinsard, acteur qui a incarné a de rares occasions des personnages historiques avec l'Abbé Pierre dans "Hiver 54" (1989) de Denis Amar, La Fayette dans "Jefferson à Paris" (1995) de James Ivory et Philippe V dans "L'Echange des Princesses" (2017) de Marc Dugain. Son épouse Yvonne De Gaulle est jouée par l'actrice Isabelle Carré vue récemment dans "L'Esprit de Famille" (2020) de Eric Besnard et qui, ainsi teinte en brune, n'est pas sans rappeler une autre actrice, Anne Consigny. Le président du conseil Paul Reynaud est interprété par le toujours excellent Olivier Gourmet qui explore ainsi une autre facette du patriotisme après "Qu'un Sang Impur..." (2020) de Abdel Raouf Dafri. Sinon, on peut citer une belle brochette d'acteurs dans les seconds rôles avec pêle-mêle Sophie Quinton, Gilles Cohen, Laurent Stoker, Catherine Mouchet, Philippe Laudenbach, Philippine Leroy-Beaulieu... Alors effectivement, un long métrage sur De Gaulle obliuge à choisir une période spécifique. Effectivement, le choix du juin 1940 est un choix judicieux puisque c'est bien la période à l'origine de l'Homme, les prémices qui vont façonner le mythe, et effectivement on ne peut qu'acquiescer à ce que cette période soit sans doute la période où De gaulle fût sans doute le plus vulnérable. Et quelle période d'Histoire ! L'homme intime en ce mois de juin 1940 est donc forcément intéressant. L'équipe a une source de documentation phénoménale, en plus du soutien de la famille. On dit que derrière chaque grand homme il y a une femme, pour Charles De Gaulle c'est donc Yvonne... C'est sur ce point surtout que le film tombe un peu à côté de son sujet. En effet, le scénario scinde l'histoire en deux parallèles, De Gaulle qui lutte pour poursuivre la guerre, Yvonne qui emmène sa famille sur l'exode.

De Gaulle (2020) de Gabriel Le Bomin

Mais la force de l'épouse qui soutient son époux est très effleurée voir même sous-exploitée, Gabriel Le Bomin se focalise surtout sur la petite Anne, la petite dernière trisomique. Si on n'a rien contre cette petite évidemment, et si le rapport entre elle et ses parents est forcément touchant, ça reste secondaire historiquement parlant et on constate que Anne est presque le personnage central de ce récit. Clairement la petite Anne apporte la dose d'émotion pour toucher au coeur le spectateur français. Un moyen malhonnête et facile pour émouvoir mais aussi pour obtenir toute l'empathie possible pour Charles De Gaulle (qui en avait pas franchement besoin ?!!!). Outre que ça pousse le film dans la dimension du film hommage unilatérale sans la moindre remise en question, c'est aussi un peu hors sujet car les coulisses du 18 juin 1940 passent presque au second plan ; sur 1h50 la partie politico-historique ne compte que pour 50%. On n'est plus sur un mini biopic genre drame familial plutôt que du biopic historique mêlant destin d'un homme et l'Histoire. Sur ce dernier point, précisons qu'il n'existe aucun enregistrement de l'appel du 18 juin 1940, et que donc, souvent, il est confondu avec celui du 22 juin, ou de l'appel filmé pour les actualités cinématographiques du 2 juillet, ou encore avec la célèbre affiche placardée à partir du 5 août 1940... L'appel du film est donc juste une évocation fidèle mais pas précise. Niveau jeu, Lambert Wilson en impose et incarne de belle manière De Gaulle même si parfois on a bien du mal à distinguer le général derrière la star Wilson. On peut saluer la performance de l'acteur anglais Tim Hudson alias Winston Churchill. La reconsitution est soignée, la mise en scène est élégante mais le film reste un joli écrin qui caresse dans le sens du poil la famille De Gaulle, les fans de Charles, les amateurs de bons et beaux sentiments, qui n'essaie jamais de gratter sous le vernis. Non pas qu'il faille forcément trouver ce qui n'existe pas, mais les choix narratifs et les évènements centraux de cette période sont si peu traités sur le fond qu'il y a évidemment une certaine frustration à ne pas avoir appris grand chose. Charles De Gaulle n'a pas encore droit à son grand film...

Note :

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