Les boucaniers

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les boucaniers » de Anthony Quinn.

Les_boucaniers

« Quand tu es voleur sur l’océan tu es un boucanier. Quand tu es voleur sur terre, tu es un filou ! »

1812. La guerre fait rage entre les indépendantistes américains et la puissance impérialiste britannique qui réunit une armée considérable pour définitivement étouffer la rébellion. Avec seulement 1.200 hommes, le général Andrew Jackson doit tenir La Nouvelle Orléans contre 60 navires et 16.000 soldats ennemis. Son seul espoir : que le boucanier français Jean Laffitte se rallie à sa cause…

« Vous m’imaginiez sans doute avec une jambe de bois et un bandeau sur l’œil ! »

Les_boucaniers_Charlton_Heston

Dans le jargon populaire, les « boucaniers » ce sont les pirates qui opéraient dans la Mer des Caraïbes. A la différence des corsaires et des flibustiers, ils agissaient pour leur propre compte et non pour le compte d’un état. Outre le célèbre Barbe-Noire, l’un des boucaniers les plus célèbres fut sans doute Jean Lafitte qui, avec son frère Pierre, prospéra dans le Golfe du Mexique durant tout le début du dix-neuvième siècle. Mais il restera aussi célèbre pour son ambivalence, acceptant de combattre avec ses hommes (en échange d’une amnistie pour leurs crimes) au côté des américains contre les anglais lors de la Bataille de La Nouvelle-Orléans. Ce qui inspira le roman « Lafitte le pirate » de Lyle Saxon, qui lui-même inspira à Cecil B. DeMille le film « Les flibustiers » en 1938. Le cinéaste prévoyait d’ailleurs de réaliser un remake de son propre film. Mais, épuisé par le tournage des « Dix commandements » (1956), il renonça à mener le projet à bien lui-même. Avant de le refiler par défi à son gendre, l’acteur Anthony Quinn, qui apparaissait déjà dans le film original et dont ce sera l’unique expérience de réalisateur.

« Quand les hommes comme nous sont chassés du monde, il leur restera toujours l’océan »

Les_boucaniers_Charles_Boyer

En cette décennie des années 50, le genre du film de cape et d’épée - et par ricochet son sous-genre le film de pirates - connaissent un inattendu retour en grâce sous l’effet de quelques réalisateurs : George Sidney (« Scaramouche »), Henry King (« Capitaine de Castille », « Échec à Borgia »), Richard  Thorpe (« Ivanhoé », « Le prisonnier de Zenda », « Les chevaliers de la table ronde »). Anthony Quinn en profite donc pour diriger une grande fresque d’aventures centrée sur le personnage de Jean Laffitte. Un personnage ambivalent néanmoins présenté sous son meilleur jour, tel une sorte de Robin des bois des bayous (qui refuse de faire couler le sang des innocents et de massacrer les équipages des bateaux qu’il attaque) ou de chevalier romantique (prêt à se ranger dans la légalité pour les beaux yeux de la fille du gouverneur), propulsé héros pour avoir aider la jeune nation américaine contre les anglais. Un portait clairement hagiographique, tant le vrai Jean Laffitte fut beaucoup plus nuancé, s’adonnant notamment au lucratif trafic d’esclaves. Mais au-delà même de cette approche romanesque très éloignée de la véracité historique, on reprochera surtout à ces « Boucaniers » son académisme formel et sa mise en scène un peu boursoufflée, comme si Anthony Quinn s’évertuait à reproduire quinze ans après les fresques un peu lourdingues et surannées de son beau-père. Il en résulte un film qui manque un peu de souffle et qui peine à prendre pleinement son envol, qui plus est un peu plombé par le jeu cabotin d’un Yul Brynner en totale roue libre. On se consolera avec les interprétations autrement plus convaincantes de Charles Boyer et de Charlton Heston. Une expérience courageuse mais peu concluante donc pour Anthony Quinn, dont on préfère de loin les talents de comédien.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Patrick Brion (9 min.) et Bertrand Tavernier (37 min.), du documentaire « Yul Brynner, l’homme qui devint roi » (1995, 58 min.) et de la Bande-annonce par Cecil B. DeMille (10 min.).

Édité par Sidonis Calysta, « Les boucaniers » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 décembre 2019.

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