Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Entre "Lord Jim" (1965) et "De Sang Froid" (1967), le grand Richard Brooks adapte le roman "A Mule for the Marquesa" (1964) de Frank O'Rourke pour ce qui reste l'unique western de sa carrière si on excepte "La Chevauchée Fantastique" (1975). Le romancier a déjà connu une adaptation ciné avec le très bon "Los Bravados" (1958) de ... 1917, un magnat du pétrole texan engage des mercenaires pour retrouver son épouse qui aurait été enlever par le révolutionnaire mexicain Jesus Raza, une connaissance justement des mercenaires...

Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Le film est doté d'un casting solide et prestigieux. Richard Brooks retrouve le monstre sacré Burt Lancaster après "Elmer Gantry, le Charlatan" (1960) qui a valu à la star l'Oscar du meilleur acteur. Lancaster est entouré de gueules bien connues du cinéma d'action avec , Jack Palance, Robert Ryan et Woody Strode. Marvin et Palance se retrouvent après "La Peur au Ventre" (1955) de Stuart Heisler et "Attaque !" (1956) de Robert Aldrich, Marvin et Ryan se retrouvent après "Un Homme est Passé" (1955) de John Sturges puis se retrouveront dans "Les 12 Salopards" (1967) de John Sturges, puis enfin Strode retrouve Marvin après le chef d'oeuvre "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de . L'atout charme au centre de la mission est dévolue à la sublimissime Claudia Cardinale qui retrouve pour l'occasion Burt Lancaster après le monument "Le Guépard" (1963) de Luchino Visconti et elle retrouve Jack Palance qui était aussi à l'affiche du film français "Austerlitz" (1960) de Abel Gance... On peut d'ores et déjà placer ce film comme un mixte entre "Vera Cruz" (1954) de Robert Aldrich et "La Horde Sauvage" (1969) de Sam Peckinpah, Lancaster ayant jouer dans le premier et Ryan jouera dans le second, et on peut préciser que les deux acteurs se retrouveront pour le western "L'Homme de la Loi" (1971) de Michael Winner.

Les Professionnels (1966) de Richard Brooks

Le film n'est pas un pur western, la conquête de l'ouest est finie depuis longtemps et ces mercenaires ne sont que des reliques de ce passé. Des hommes qui n'ont plus de réels buts de vie, qui ont perdu tout idéal, ils errent dans un monde qui évolue trop vite pour eux. La Révolution mexicaine est elle-même une chimère comme le dit Raza/Palance : "au départ la Révolution semble être une déesse, mais elle n'est qu'une putain ! (...) ni mauvaise, ni parfaite."... Le scénario est efficace même si le "twist" est décevant, en effet, le personnage Bill Dollworth/Lancaster émet de tels doutes que le doute n'est justement plus permis (vous suivez ?!). Mais finalement l'intérêt est ailleurs, où comment des hommes désabusés vont avoir un sursaut d'honneur. Outre l'histoire on apprécie des dialogues qui font mouches et des personnages bien croqués avec son lot de courage, d'humour, d'action et d'émotion. Richard Brooks signe un western idéalement placé entre classicisme de l'Âge d'Or et le renouveau crépusculaire de Leone et Peckinpah. Et en prime, a-t-on déjà vu un Jack Palance aussi romanesque ?! Un western magnifique qui sera nommé aux Oscars pour la réalisation, le scénario et la photographie.

Note :

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