La Voie de la Justice (2020) de Destin Daniel Cretton

Troisième long métrage de Destin Daniel Cretton, qui retrouve son co-scénariste Andrew Lanham pour cette adaptation du livre autobiographique "A Story of Justice and Redemption" (2014) de Bryan Stevenson (Tout savoir ICI !). Mais si cet auteur avocat écrit là ses mémoires en tant que défenseur des personnes condamnées à mort, le film lui se focalise avant tout sur une seule de ses affaires, à savoir celle de Walter McMillian (Tout savoir ICI !)... Début des années 1990, diplômé de Harvard, le jeune avocat Bryan Stevenson chosit d'aider une association de défense des condamnés à mort plutôt que de choisir une carrière plus lucrative au sein d'un cabinet. Il commence à étudier plusieurs dossiers mais il va décider de particulièrement se pencher sur l'affaire Walter McMillian dans le couloir de la mort depuis 1988 alors que le dossier d'accusation est vide. Cette affaire va démontrer que l'état de l'Alabama est bel et bien un état raciste et arbitraire...

La Voie de la Justice (2020) de Destin Daniel Cretton

Tout d'abord, après "States of Grace" (2012) et "Le Château de Verre" (2017) le réalisateur-scénariste retrouve sa fidèle actrice Brie Larson célèvre Captain Marvel vu récemment dans après "Avengers : Endgame" (2019) des frères Russo. L'actrice retrouve également à l'affiche Tim Blake Nelson après "Hoot" (2007) de Will Shriner et ce dernier retrouve après "Les 4 Fantastiques" (2015) de Josh Trank l'acteur Michael B. Jordan (également co-producteur) qui joue l'avocat vu dans "Black Panther" (2018) de Ryan Coogler. Le condamné à mort Walter McMillian est incarné par Jamie Foxx qu'on avait pas vu depuis "Robin des Bois" (2018) de Otto Bathurst et qui avait déjà interprété un condamné à mort dans "Redemption" (2004) de Vondie Curtis-Hall. A leurs côtés, citons deux enfants de la balle, dans le rôle du procureur Rafe Spall (fils de Timothy) vu dans "Men In Black : International" (2019) de F. Gary Gray, et dans le rôle d'un autre condamné à mort O'Shea Jackson Jr. (fils de Ice Cube) vu dans "Séduis-moi si tu Peux" (2019) de Jonathan Levine et "Godzilla - Roi des Monstres" (2019) de Michael Dougherty... L'affiche met la barre très haute en comparant le film au sublime "La Ligne Verte" (1999) de Frank Darabont, mais on pourrait en citer bien d'autre comme "La Dernière Marche" (1995) de Tim Robbins ou "La Vie de David Gale" (2003) de Alan Parker... Le film débute bizarrement, sans lien direct avec l'avocat et sans soucis de chronologie ce qui s'éclaircira plus tard. Ensuite le film prend trop son temps et s'attarde sur un départ dont on se fout royalement. On attend que l'affaire débute impatiemment. On constate que sir les deux scénaristes, Destin Daniel Cretton et Andrew Lanham, ont souhaité se focalisé sur l'affaire McMillian ils n'ont pas réussi à couper le cordon avec le biopic Stevenson d'où un scénario qui s'éparpille parfois un peu trop.

La Voie de la Justice (2020) de Destin Daniel Cretton

Le soucis est que ça manque de rythme à force de s'arrêter sur des passages hors sujet ou inintéressants (le départ de la maison) alors même que d'autres auraient mérité un traitement plus appuyé (la collègue blanche justement jouée par Brie Larson pourtant). Le film tant a démontré que l'Alabama est sans doute un des états les plus racistes des Etats-Unis, à tel point qu'"on est mieux traité si on est coupable, mais riche, que si on est innocent et pauvre", surtout dans un état où la pauvreté est souvent en rapport avec sa communauté. Le plaidoyer est fort, nécessaire sans doute, mais il est un poil trop manichéen tant il occulte toute nuance et unilatéral à tout point de vue. Ce n'est pas un regard compatissant d'un bourreau ou une collègue blanche qui donne le change, c'est juste un alibi en témoigne la seconde du premier et les quelques minutes pour la seconde. Le récit est si orienté qu'on a la sensation d'être manipulé alors même qu'il s'agit pourtant d'une histoire vraie et authentique ! La faute à une mise en scène peu inspiré, voire poussive qui force tous les effets, du pathos et du sensationnel que Destin Daniel Cretton force tant qu'il arase toutes les émotions, à l'exception notable d'une exécution. Niveau acting, si Jamie Foxx est impeccable, on en dira pas autant, malheureusement, de Michel B. Jordan dont le jeu se résume à se forcer à faire le gars qui va pleurer mais qui lutte si fort pour ne pas le faire. Evidemment, vu les faits historiques le film reste une énième démonstration des défaillances d'une perverse et expéditive aux Etats-Unis mais on a jamais la force émotionnelle sincère et la subtilité dont un tel film a besoin. Sur un sujet mainte fois abordé au cinéma, le réalisateur signe un film trop académique et trop sage, on aura vu tellement mieux avant lui. Salutaire et intéressant sur le fond mais passable et oubliable sur la forme.

Note :

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