[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker

[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker

Réalisateur : J.J. Abrams
Acteurs : Daisy Ridley, Adam Driver, John Boyega, Oscar Isaac, Mark Hamill, Carrie Fisher, Billy Dee Williams, Keri Russell, Ian MacDiarmid, Anthony Daniels,,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h22min.
Synopsis :
La conclusion de la saga Skywalker. De nouvelles légendes vont naître dans cette bataille épique pour la liberté.



Critique :

Fresque d'aventure SF d'un classicisme et d'une familiarité assumés, faisant constamment fît de ses raccourcis abracadabrantesques,#LAscensiondeSkywalker incarne une vraie fin (oui) pour la saga Skywalker, s'avérant suffisamment émouvant et spectaculaire pour séduire la majorité. pic.twitter.com/aXuKeRqT6j— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 18, 2019

Aussi frustrant que cela puisse paraître, le rachat de LucasFilms par Disney, tout comme celui de Pixar quelques années plus tôt, n'a fondamentalement rien apporté d'un point de vue créatif à la saga, qui s'était elle-même tirée dans la jambe une décennie plus tôt avec une prélogie dont on ne retient que l'ultime opus, La Revanche des Siths, le seul arrivant un tant soit peu à la cheville de l'Empire Contre-Attaque.

[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker
Passé un septième film attachant mais louchant bien trop dans le rétroviseur de la trilogie mère (tellement que l'on est pas loin du remake jamais vraiment assumé d'Un Nouvel Espoir), pour avoir sa propre personnalité, et un huitième dont on a justement - et injustement - fustigé l'audace et les partis pris (la désacralisation de la force et le sort de Luke en tête), le neuvième et dernier film de l'ère Skywalker, au titre VF méchamment accrocheur (non) L'Ascension de Skywalker, rentre sensiblement dans le rang avec, à nouveau, le vaillant soldat J.J. Abrams à la barre, qui reprend peu ou prou la même méthode qu'il avait usé pour Le Réveil de la Force : un penchant louable mais irritant pour le fan service et les regards appuyés sur le triptyque d'origine, tout en important sa patte si reconnaissable dans une dramaturgie encore plus fine qu'auparavant - film de conclusion oblige -, et une caractérisation des personnages subtile et profonde.
Et l'émotion est vraiment là, jamais forcé tant cet adieu (... jusqu'au prochain ?) transpire la sincérité et l'intégrité du devoir calculé à la réplique près, soucieux - voire même effrayé - de ne plus avoir à subir les foudres d'une horde de fans n'acceptant pas totalement la redite mais surtout pas le changement radical (contradictoire ? Juste un peu).

[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker
Abrams, bien conscient de la tâche qui lui incombe, brosse l'amoureux de la saga dans le sens de son poil de Wookie - ou d'Ewoks, qui viennent faire un petit coucou -, tout en rompant une malédiction qui semblait hanter sa carrière depuis des lustres : son impossibilité à pleinement conclure ses histoires, que ce soit celles produites et chapeautées de loin (les conclusions bancales et/ou insatisfaisantes de Lost et Alias), ou celles qui lui ont été douloureusement enlevées (Star Trek, dont le dernier - et manqué - opus a été tourné par Justin Lin).
Bonne nouvelle, même s'il trébuche souvent et que son montage frénétique sauve majoritairement la baraque, son Rise of Skywalker peut se voir autant comme une bonne conclusion à la trilogie qu'il a initiée, qu'à celle démarrée il y a quarante-deux ans par papy Lucas, mais aussi comme une grosse déception pour tout ceux ayant l'espoir utopique, d'un brin d'audace narrative.
Se répondant à lui-même (allant même jusqu'à s'autociter à plusieurs reprises) plus qu'il ne répond aux pistes et choix fait par Johnson (on ressent même un dédain assez crasseux pour Les Derniers Jedi, perceptible dès les dernières heures d'une campagne promotionnelle presque à charge), réparant le moule miroir de la " presque-redite " sans forcément boucher les trous des incohérences béantes de la ligne directrice des trois derniers longs (et les rebondissements qu'il narre en rajoute une bonne couche), Abrams prend surtout le risque pas forcément payant de faire revenir tardivement l'antagoniste majeur de TOUTE la saga - l'empereur Palpatine, dont le retour est plus ou moins cohérent -, pour épouser les contours d'un Retour du Jedi 2.0 (avec une pointe " Indy-esque avec la quête d’un artefact sacré) au final tout aussi prévisible (voire Harry Potter-esque, les fans de La Coupe de Feu comprendront), et aux valeurs ajoutées jamais vraiment impactantes (que ce soit un songe de " passage du côté obscur " totalement indispensable, ou des liens de parentés difficilement crédibles).

[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker
Des choix difficilement défendables (mais sans doute loin d'être aussi regrettable que la mort indigne de Luke dans The Last Jedi, on est d'accord) et qui plomberait totalement tous les efforts accomplis jusqu'ici (même si, aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune vision d'ensemble ne semble avoir été réellement établie sur cette trilogie), si Abrams ne laissait pas transparaître un amour sincère pour la majorité des personnages qu'il a lui-même mis sur le devant de la scène, Rey et Kylo Ren/Ben Solo en tête (Rose ne sert plus à grand chose, Finn a quelques miettes à se mettre sous la dent, les nouveaux s'insérent vraiment mal à l'histoire,...), dont la dualité palpable de la relation est définitivement le coeur vibrant de la nouvelle trilogie.
Quand L'Ascension de Skywalker leur fait la part belle, qu'ils soient séparés ou ensemble (Daisy Ridley et Adam Driver sont impressionnant), le film en sort littéralement grandit, surtout quand il rapproche le destin torturé de Ren, à celui de son illustre grand-père Anakin (et dont la trajectoire aurait été sans doute tout aussi passionnante, s'il n'avait pas basculé du côté obscur de la force), que ce soit des deux côtés de la force, offrant dès lors une unification des trois trilogies bien plus habiles que celle du retour racoleur de Palpatine et des Siths.
Entre excitation conviviale d'ultimes retrouvailles et la suscitation habile de frissons et d'émotions quant à leurs destinées, c'est définitivement par ses personnages et non par ce que le film raconte (ou montre, puisque l'on a pas forcément de scènes vraiment marquantes, hors empoignades à coups de sabres lasers), que ce troisième film de la postologie en impose le plus, et s'avère sincèrement efficace, faisant de ses héros tout comme Leia, Luke et Han à l'époque, non plus les espoirs mais bien les acteurs majeurs du sauvetage de la galaxie.

[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker
Film d'aventure SF un brin bordélique, d'un classicisme et d'une familiarité totalement assumés - c'est fin comme du gros sel - mais donnant du coup, pleinement ce que la majorité a envie de voir (la rédemption tant désiré mais facile et prévisible, de Ben Solo, des adieux plein de douceur à Leia/Carrie Fisher, des combats homériques et spectaculaires, un happy-ending un brin maladroit mais nécessaire,...), pas toujours habile dans son humour - trop insouciant voire " Marvelien " - et faisant constamment fît de ses raccourcis abracadabrantesques, Star Wars : L'Ascension de Skywalker incarne une vraie fin (enfin, même si elle est étrangement précipitée) pour la saga Skywalker, abordant des thèmes importants (la résilience, l'acceptation de soi,...) et s'avérant suffisamment policé (il est cohérent dans sa vision de la mythologie, même si elle n'est pas partagée par tous) et spectaculaire (Abrams soigne ses plans) pour convaincre la majorité... mais pas nous.
L'équilibre est donc plus ou moins rétabli au coeur de la force, jusqu'à ce que la firme aux grandes oreilles vienne à nouveau le perturber ce qui, ne soyons pas naïf, n'est qu'une simple question de temps...
Jonathan Chevrier

[CRITIQUE] : Star Wars : L’Ascension de Skywalker