[CRITIQUE] : Après la Nuit

[CRITIQUE] : Après la Nuit

Réalisateur : Marius Olteanu
Avec : Judith State, Cristian Popa, Alexandru Potocean,...
Distributeur : Norte Distribution
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Roumain.
Durée : 1h50min.
Synopsis :
Dana et Arthur, la quarantaine, sont mariés depuis près de dix ans. Mais quelque chose s’est fissuré, à cause de leurs besoins, de leurs croyances, de ce que la vie leur offre, de leurs démons intimes. Un jour, ils devront décider si laisser partir l’autre n’est finalement pas la plus grande des preuves d’amour.



Critique :
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À une heure ou les fêtes de fin d'année débarquent à une vitesse folle et ou l'immense mastodonte Star Wars débarque avec la volonté vorace de prendre le plus de place possible, il est d'autant plus important de se laisser une chance d'aller mirer de belles péloches bien moins assourdissantes, voire même sensiblement plus intime.
Si The Lighthouse de Robert Eggers s'impose sans forcer comme l'alternative majeure aux aventures intergalactiques de Rey et Kylo Ren, il faudra également compté avec le très beau Après la Nuit du cinéaste roumain Marius Olteanu, drame conjugal - mais pas que - à la finesse envoûtante.

[CRITIQUE] : Après la Nuit
Scindé en trois parties bien distinctes, le film démarre avec une femme, Dana, quittant tranquillement la gare avant de prendre un taxi duquel elle se refuse à sortir une fois arrivée à destination, comme si elle avait peur de rentrer chez elle, peur de devoir affronter une chose, une personne, une vérité qui la rebute.
Tellement qu'elle ne répond plus au téléphone et paye même le chauffeur pour qu'il rallonge plus que raison, sa course.
Pendant qu'elle se refuse à se confronter à l'inéluctable, dans une sorte de prison salvatrice à quatre roues, on retrouve son mari, Arthur, blotti dans les bras d'un autre homme (coup d'un soir qu'il a connu grâce à une appli de rencontre) et dont la facilité à mentir et fuir la réalité est au moins égale à celle de sa femme.
Dès lors une vérité douloureuse éclate à la face du spectateur et servira de moteur puissant au dernier tiers du métrage : Dana et Arthur sont engoncés dans un mariage aussi insatisfaisant qu'irréel, n'existant plus que pour sauver les apparences d'une vie qui n'existe plus ou qui, plus cruel encore, n'a jamais réellement exister en dix ans d'union.
Dans une société roumaine encore incapable de pleinement accepter les différences ou encore tous ceux qui n'acceptent pas de gentiment rentrer dans le rang, Olteanu s'attache à conter la frustration intime de deux âmes ne pouvant être ce qu'elles sont, ou un amour commun s'est peu à peu transformer en une affection certes sincère, mais insuffisante pour cimenter une union au quotidien.

[CRITIQUE] : Après la Nuit
Traitant de thèmes importants (la bisexualité, la question de la solitude dans la vie de couple, le refus d'être parent face à la pression sociale, le souci de conformité dans une société encore marqué par son passé communiste,...) avec une habileté remarquable, Après la Nuit incarne autant une passionnante introspection dans le quotidien d'un couple en crise (sublime Judith State et Cristian Popa), qu'un regard lucide et grinçant sur son propre pays.
Un excellent et prometteur premier essai.
Jonathan Chevrier

[CRITIQUE] : Après la Nuit